
La loi des séries veut que des affaires plus ou moins nauséabondes se succèdent en ayant pour cadre l’hôtellerie. Entre les frasques sexuelles tarifées dans les hôtels de New York, Lille ou Paris et les escroqueries manifestes au détriment d’une chaîne volontaire de luxe, l’actualité tourne son projecteur du mauvais côté. Les soupçons de complaisance des directeurs ou d’anciens dirigeants hôteliers à l’égard d’hommes politiques ne sont pas plus reluisants. Ces comportements condamnables sont le fruit de vieilles habitudes, quand les arrangements «entre amis» pouvaient passer inaperçus. Il est tout à fait affligeant, voire scandaleux, qu’un dirigeant comme Dominique de Villepin utilise son poids politique pour interférer dans la procédure et tenter de minimiser les conséquences des actes de Régis Bulot. Le déballage qui s’amplifie montre que la transparence finit toujours par s’imposer, même des années après. Qui nous dit que de telles pratiques ne se sont pas produites en d'autres occasions ? Dans ce cas, les auteurs de dénonciations calomnieuses et tripatouillages en tout genre, dans le cercle rapproché de l’ex-président des Relais & Châteaux, doivent se sentir très embarrassés.La morale y gagnera un peu. Ce n’est pas anecdotique, ces «incidents» ont conduit à une révision importante des procédures de sécurité dans les hôtels. Les clients et le personnel en sont les premiers bénéficiaires. Mais l’essentiel est ailleurs, c’est d’abord que l’industrie hôtelière est un acteur dynamique et résistant de l’économie française en période d’interrogation sur l’avenir et de chômage en hausse. Sa mutation est bien engagée même si elle ne va pas encore assez vite. La nouvelle classification est une bonne chose qui a obligé chaque enseigne, chaque groupement et chaque hôtelier à réfléchir sur la qualité de son offre. Il faut aujourd’hui que les retardataires soient convaincus de l’intérêt qu’ils ont à s’engager dans les nécessaires travaux de mise au niveau.Il ne sert à rien de se lamenter sous couvert de défendre la petite hôtellerie. La modernisation des hôtels sans avenir n’a jamais réussi à améliorer l’activité, et il est encore plus facile de condamner de façon démagogique tout ce qui a été entrepris depuis des années. Plus grave, sans doute, est le rétrécissement continu de l’offre française, faute d’incitation à l’investissement et au manque d’accès au financement. Le vrai cri à pousser est d’alerter sur le faible renouvellement du parc hôtelier. Il n’est pourtant pas très compliqué d’analyser les données du marché, pour peu qu’on s’en donne la peine et que l’on regarde les bons chiffres. L’hôtellerie est une activité porteuse. L’hôtellerie modernisée l’est encore davantage et stimule à la fois la fréquentation de la clientèle étrangère et l’amélioration du chiffre d’affaires. Ces évidences devraient pousser les responsables économiques à se pencher davantage sur le dossier Tourisme, non pas comme un élément du folklore français mais comme une chance de rebond, dans un contexte difficile.Le prochain Global Lodging Forum des 12 et 13 mars prochains va notamment s’intéresser à la réussite des nouveaux modèles économiques qui ont permis à notre industrie d’être l’une des premières à surfer sur le début de la reprise en 2010 et sans doute l’une de celles qui résistera le mieux aux nouvelles turbulences.Georges Panayotis Directeur de la Publication