
Même s’il n’est pas le plus actif de l’année, le 1er trimestre 2009 traduit une nouvelle dégradation en raison d’une forte baisse de la fréquentation : -7 points de TO sur le seul mois de mars et encore davantage à Paris (-11 points). La bonne nouvelle vient de la résistance des prix moyens dans l’hôtellerie économique (+7% en 0-1-2*) et plus généralement d’une résistance similaire en province (+6,6%). Cet effet d’amortisseur permet à l’hôtellerie française d’offrir un meilleur visage que celles des pays voisins. A ce titre, la baisse générale du RevPAR (-8,7% en mars et -8,3% sur le 1er trimestre) est un moindre mal, quand d’autres nations affichent régulièrement des reculs à deux chiffres. Le socle de l’hôtellerie économique française est aujourd’hui le meilleur garant d’une traversée de crise moins tumultueuse qu’ailleurs. Les résultats sont globalement affectés par la forte chute de la clientèle internationale qui plombe le luxe en général et l’activité parisienne en particulier. Au niveau national, le segment haut de gamme accumule les pertes, tant sur le mois de mars que sur l’ensemble du trimestre (plus de 18% de baisse de RevPAR). Il est le premier à ressentir la baisse de fréquentation de la clientèle étrangère et les économies des entreprises sur leurs budgets déplacements. L’explication vaut aussi pour Paris, qui prend de plein fouet les conséquences de la crise. Toutes catégories confondues le T.O. est passé largement sous la barre des 70 % pour le 1er trimestre, situation assez inhabituelle. Du coup les prix décrochent dans le haut de gamme et poussent les catégories inférieures à réagir également dans un début de spirale à la baisse. Heureusement que l’hôtellerie de province modère encore le mouvement.
_ Si l’on reste sur le même schéma qui prévaut immédiatement après le G20 de Londres, le marché pourrait être aussi lourdement touché que lors de la précédente crise comparable de 1993. Pour rappel, le PIB de la France avait subi un recul de l’ordre de 1 %, alors que les dernières prévisions de l’OCDE tablent sur 3,3% de recul du PIB tricolore en 2009. Tout porte à croire que le prochain trimestre devrait confirmer la tendance du début d’année. Les interrogations portent sur la capacité de l’hôtellerie économique à maintenir une progression de son prix moyen (+6,9% en 0*/1* ; +5,6% en 2* au premier trimestre 2009). Il en est de même concernant la province, dont les performances sont généralement décalées par rapport à Paris. Ces chiffres confirment les prévisions établies par MKG entre -9% et -15% de RevPAR selon les catégories sur l’année. Rappelons néanmoins que les baisses sont beaucoup plus importantes dans les pays anglo-saxons et dans les pays d’Europe centrale. Compte tenu de la forte incertitude qui pèse sur les évolutions de la conjoncture et de l’impact des décisions politiques récentes, il est important d’ajuster régulièrement ces prévisions. A Paris, l’Airshow du mois de juin apportera une bouffée d’oxygène salutaire. La rentrée de septembre sera, de ce point de vue, importante. C'est elle qui donnera la tendance sur la nature du scénario de reprise ou au contraire d’enlisement de la crise en 2010. Comment interprétez-vous la baisse des indicateurs d'activité depuis le début de l'année ? _ En période de retournement de cycle, les mois historiquement creux, tels que les premiers mois de l'année, ont tendance à accentuer les évolutions. Pour autant, sur le seul mois de mars, on observe une forme de stabilisation dans les performances hôtelières au niveau national. Le comportement de l'hôtellerie française n'est pas uniforme et on peut observer des effets d'amortisseur. Plus en détail, on voit bien que l'hôtellerie de province, d'une part, et globalement l'hôtellerie économique, d'autre part, permettent de contenir les effets de la crise. Sur les catégories économiques, on enregistre même une légère augmentation du RevPAR due à la bonne tenue du prix moyen. C’est le signe que l’hôtellerie française est mieux préparée que d’autres à affronter cette crise sévère. En revanche, le marché parisien, beaucoup plus sensible à la clientèle internationale, confirme le mouvement de fort recul (-17,9% sur le premier trimestre 2009) observé depuis la fin d’année 2008.La situation de Paris est-elle particulièrement délicate ? _ Les constatations faites sur de longues périodes, et particulièrement pendant les périodes de ralentissement économique, montrent que, dès que le taux d'occupation sur Paris passe sous la barre des 70 %, les répercussions sont quasi immédiates sur le prix moyen des hôtels. Les politiques tarifaires sont plus agressives entre les hôtels de la capitale. Seule l’hôtellerie économique doit sa résilience en partie au report de clientèle des catégories supérieures.