
Le dossier de la création d’une catégorie Premium chapeautant la 5e étoile et réunissant les palaces de l’Hexagone avance enfin. Annoncé en même temps que le lancement de la réforme de la classification hôtelière fin 2008, ce projet semblait passé au second plan, voire enterré.
Lors de sa conférence de rentrée consacrée au bilan de la saison estivale 2010, le secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, Hervé Novelli, est revenu sur le dossier de l’hôtellerie de luxe et notamment sur la distinction à apporter aux établissements les plus haut de gamme, considérés comme des palaces. Alors que le dossier traînait depuis des lustres, contre toute attente, il vient de lui donner un coup d’accélérateur. Le secrétaire d’Etat au Tourisme recevra ainsi le 9 septembre le rapport réalisé par François Delahaye, directeur des Opérations du groupe Dorchester et directeur général du Plaza Athénée, et Pierre Ferchaud, nouveau directeur du Fouquet’s Barrière qui a tenu durant 17 ans les rênes du Bristol. Avec plusieurs collègues de la place parisienne, ces deux professionnels ont travaillé tout l’été pour chercher à élaborer un état des lieux du secteur, évoquer sa perception à travers la presse et l’esprit du public, et proposer les critères fixant ce futur label. A ce jour, l’appellation "palace" ne fait l’objet d’aucune nomenclature particulière, encore moins officielle.(*) Il s’agit des hôtels Bristol, Crillon, Four Seasons George V, Fouquet’s Barrière, Meurice, Plaza Athénée et Ritz, qui représentent moins de 1 200 chambres, soit 1,5% des capacités hôtelières de la capitale.A Paris, Biarritz, Cannes ou Deauville, ces établissements de luxe ont en effet fondé leur appartenance à ce cercle très fermé sur divers éléments comme l’emplacement, la taille des chambres, le nombre de suites, la restauration gastronomique, le volume du personnel, l’abondance des services, l’histoire du lieu et surtout le niveau des prix moyens réalisés. “Mais une partie des critères sont immatériels”, souligne Christian Mantei, directeur général d’Atout France, l’agence touristique qui sera chargée de mettre en place la méthode de sélection et d’établir au final la liste des heureux élus. Avant d’en arriver là, Hervé Novelli a précisé que ce rapport serait rendu public, l’arrêté instituant le label devant être signé de sa main d’ici au 15 octobre. “Ce projet fait partie de ma volonté de donner plus de lisibilité à l’offre touristique française”, assure-t-il. La principale nouveauté de ce projet réside dans la disparition du terme Premium initialement prévu par le ministre mais qui était loin de faire l’unanimité dans la profession, les hôteliers restant attachés à leur appellation Palace jugée nettement plus "haut de gamme". Certains militaient même pour la création d’une 6e étoile. “Cette nouvelle catégorie serait fondée sur des critères reconnaissables et discriminants qui feront la différence dans la compétition internationale”, estimait encore cet été Eric Boonstoppel, peu avant l’annonce de son départ du Fouquet’s Barrière pour un autre établissement de luxe. La proposition ne semble pas avoir été retenue et finalement le label Palace viendra distinguer "le haut du panier" au sein de la nouvelle catégorie 5 étoiles, cette dernière comptant déjà 94 hôtels à travers la France.Atout France n’est pas encore en mesure d’évaluer le nombre d’établissements susceptibles d’arborer ce label. Sur Paris, ils pourraient à terme dépasser la dizaine. Aux sept établissements actuels (*), communément inclus dans ce club, doivent en effet venir s’ajouter les trois chantiers en cours : Raffles Royal Monceau, Shangri La Paris et Mandarin Oriental. En attendant le Peninsula prévu dans l’ancien Centre de conférences internationales de l’avenue Kléber en 2012. Plusieurs questions restent en suspens et il faudra attendre la présentation du rapport pour savoir si des propositions ont été faites par les professionnels : un "comité des sages" viendra t-il seconder Atout France pour valider l’entrée d’un palace sur la liste des heureux élus? Comment sera révisée cette liste et à quel rythme pour ne pas figer un état des lieux qui évolue en permanence? Le débat n’est pas clos.