En 2013, la Turquie était la sixième destination mondiale en termes de visiteurs. Cinq ans plus tard, le tableau est beaucoup plus sombre : le pays n'est pas parvenu à enrayer la chute du taux d'occupation, due en particulier aux péripéties politiques dans lesquelles Erdogan a lancé l'Etat turc. Le secteur hôtelier parvient cependant à relever légèrement la tête en 2017, ce qui pourrait inaugurer un léger mieux.
Chiffres clés

39,2 millions
Nombre d'entrées en 2013

-9 pts
Différence de taux d'occupation entre 2015 et 2016
Le secteur du tourisme turc, naguère fleurissant, paye le prix fort la politique intérieure musclée et les remous internationaux de l'Etat. La guerre en Syrie, l'état d'urgence et les divers attentats ont largement émaillé l'attrait international du pays, qui a vu ses performances touristiques diminuer drastiquement.
En 2010 pourtant, et jusqu'en 2011, avec un RevPAR de plus de 100 euros, le pays voyait se dessiner un avenir touristique prometteur. C'était compter sans la crise entamée à Taksim en 2012 : le pouvoir en place a subi coup sur coup la contestation, les attentats et la guerre civile, avec le retour de la question kurde sur les devants de la scène. Cette accumulation de points négatifs a joué sur les arrivées internationales : le nombre d'arrivées internationales, en 2010 encore de 17 415 364, est en 2016 retombé à 14 269 381 (chiffres du ministère du tourisme turc) !
La clientèle intérieure parvient pour le moment à rattraper cette baisse, qui fait que le nombre total de visiteurs sur la même période a cru de 30 à 36 millions environ. Cependant le développement très fort de l'offre a été la source d'une très forte baisse des taux d'occupation (presque -9 pts sur la période).
Du côté de l'hôtellerie de chaîne, plus que 2011 et la contestation populaire, c'est 2015 et son cortège d'attentats, parallèle à ce qui a pu être observé en France et en Europe, qui a le plus touché les résultats hôteliers. A Istanbul et dans les autres villes du pays, les prix continuent encore de baisser, alors que la confiance dans le pays semble profondément touchée.
En 2017 cependant, une légère remontée du taux d'occupation pourrait être vue comme une lueur d'espoir. La clientèle européenne a peut-être été (pour longtemps) écartée, mais la Turquie a amorcé son basculement vers l'Est. Les Russes, Chinois ou encore Arabes peuvent constituer des réservoirs touristiques qui ont jusqu'ici été exploités, certes, mais qui peuvent encore croître. Alors que le renversement des alliances géopolitiques écarte la Turquie du bloc de l'Ouest et de l'OTAN, il est frappant de constater qu'encore une fois le secteur touristique embrasse les contours des évolutions plus globales au sein desquelles il est immergé.