
Le tourisme sur Troyes traverse une période favorable. Alors que les nuages noirs de la crise ont bouché le panorama hôtelier de nombreuses métropoles françaises, le soleil est resté au zénith dans l’Aube en 2009. Une exposition de sculpture exceptionnelle a attiré une clientèle touristique très profitable aux hôtels de la ville, soutenant la fréquentation et autorisant le maintien à la hausse des prix moyens. Ces touristes culturels se sont ajoutés au volume habituel de visiteurs venus admirer les maisons à pans de bois du centre ville historique ou faire du shopping dans les villages de marques.Nous avons un parc qui a fait un effort important pour monter en gamme ces dernières années. La plupart des établissements est déjà adaptée aux prochaines réglementations. Quelques points noirs ont été éradiqués avec la fermeture administrative de deux établissements qui présentaient des soucis de qualité. Revers de la médaille : cela fait 130 chambres en moins sur un parc de 1500 chambres. Ce qui n’est pas facile à gérer quand nous avons un fort afflux de clientèle. Mais un nouvel établissement All Seasons va ouvrir en centre ville. Ce qui est un soulagement. Ce nouvel établissement nous ouvre également de nouveaux horizons pour l’accueil de congrès. Aujourd’hui nous avons un parc qui peut accueillir des événements comme le Championnat de France d’échecs pour jeunes car les attentes de cette clientèle sont très variées, allant de l’hébergement collectif jusqu’au haut de gamme. La clientèle d’affaires a des besoins plus précis. Auparavant, nous ne pouvions pas répondre à certaines demandes et l’ouverture du All Seasons va nous aider en cela. Et à plus long terme, je ne perds pas espoir que les deux établissements qui ont été fermés - un 2* et un 3* - soient repris et rénovés.Le premier trimestre 2010 a poursuivi sur cette lancée positive. Et avril est à l’unisson. Pour ce seul mois, l’hôtellerie troyenne enregistre une progression du RevPAR de près de 20%, grâce à l’impulsion conjointe de la fréquentation et des prix moyens. En plus d’une activité toujours soutenue, la ville champenoise a profité de la tenue des Championnats de France d’échecs des jeunes. Pendant 8 jours, 4 000 personnes, les jeunes joueurs et leurs accompagnants, ont rempli le parc à 50 kilomètres à la ronde. Ce rassemblement est d’autant plus profitable pour l’hôtellerie locale qu’il s’est tenu en pleine période de vacances scolaires. Après ce bon mois d’avril, les impressions recueillies pour le mois de mai sont tout aussi réjouissantes. Le mois a été animé par une clientèle loisirs pendant les ponts en plus d’un championnat de natation qui a drainé 600 personnes pendant 4 jours. La compétition a profité directement à l’hôtellerie Budget et, par effet de report, aux autres catégories.Mais l’été s’approche. Alors que Troyes est un point de passage important pour les clientèles étrangères qui migrent vers les Alpes ou le Sud de la France, la baisse de ce marché l’an dernier avait été compensée par la tenue de l’exposition. Qu’en sera-t-il cette année ? Une certaine inquiétude est palpable et les ambitions limitées par rapport à mois de juillet 2009 record. Mais la ville regarde déjà plus loin. Troyes entend développer son activité congrès et l’ouverture prochaine d’un All Seasons va lui permettre de répondre, grâce à ce parc plus étoffé, à des appels d’offre auparavant inaccessibles.David Deroussis, propriétaire du Best Western Hôtel de la Poste, des hôtels Ibis et Mercure Troyes Centre et du futur All Seasons“J’ai pris le pari de développer au fil des années un complexe hôtelier sur une ancienne friche industrielle à 500 mètres du quartier piéton. Après un Mercure en 2001, puis un Ibis en 2004, je construis à côté de ceux-ci un All Seasons, un bâtiment HQE qui ouvrira le 15 septembre prochain. Les résultats des deux établissements existants sont excellents à l’heure actuelle. Et Troyes a besoin de chambres supplémentaires dans le cadre de sa stratégie de développement du tourisme de congrès. La gestion du parc des expositions, en local auparavant, a été confiée à GL Events. Ce qui amène de nouvelles manifestations et ce qui crée en parallèle de nouveaux besoins. Dans le même esprit, la ville et le conseil général ont pour projet de développer un nouvel amphithéâtre de 800 places. Or la clientèle de congrès recherche des chambres sur un même site. Avec le All Seasons, j’aurai 220 chambres qui me permettront de répondre à des appels d’offre auxquels je ne pouvais pas être candidat. Evidemment, je m’attends à perdre des points de TO les premiers mois. Les clients habitués de l’Ibis ou du Mercure vont avoir la curiosité d’aller découvrir le nouvel établissement. Mais avec la force de communication du groupe Accor, la venue de nouveaux clients dans la ville et le bouche-à-oreille, cette ouverture devrait être absorbée rapidement, d’autant plus que je refuse régulièrement des clients en milieu de semaine. Les Ibis et All Seasons ne sont pas concurrents, mais complémentaires avec une typologie de chambres différente. Le futur établissement comprendra en effet 10 chambres destinées aux familles en plus d’un certain nombre de chambres twin, destinées au marché autocariste, pour répondre à des demandes que je ne pouvais pas satisfaire auparavant”. Thierry Galy, propriétaire de l’Hôtel de Troyes et président de l’UMIH Aube“Le championnat de France d’échecs pour jeunes en avril a rempli quasiment tous les hôtels de la ville pendant huit jours, ce qui est une durée rarissime pour un événement de ce type. Au départ, nous avions encore des chambres vides car cette clientèle famille s’est tournée en premier lieu vers les gîtes, mais les établissements se sont complétés au fur et à mesure. Le mois de mai a également été actif. Notre début d’année 2010 est bon dans son ensemble avec un taux d’occupation stable par rapport à une bonne année 2009 en comparaison d’autres villes et départements voisins, Reims en particulier. L’exposition Beau XVIème, un très bel événement, a drainé une clientèle court séjour nombreuse. Car il y a beaucoup de choses à faire autour de Troyes avec les magasins d’usine, les caves de Champagne, le lac de la forêt d’Orient.Mais Troyes est aussi une ville de passage. Pour les Anglais, la ville est à mi-chemin de leur trajet vers les Alpes en hiver et de la Côte d’Azur en été. En 2009, la fréquentation britannique a été toujours importante, mais inférieure à 2008. Pourtant, grâce à la clientèle de proximité, nous avons réussi le meilleur mois de juillet que je suis installé dans la ville. C’est même le meilleur mois tout court en 11 ans de présence. Il sera difficile de rééditer un tel mois cette année. Nous n’avons pas de visibilité sur l’été mais je pense que la fréquentation sera moins forte.Sur le segment Affaires, nous avons également enregistré une petite baisse des séminaires. La ville veut se développer sur les congrès. Avec l’espace Argence et le Cube, la capacité est suffisante pour des événements de 400 personnes mais pour aller plus loin il faut que le projet d’auditorium voit le jour. Alors nous pourrons prétendre jouer pleinement cette carte. Aujourd’hui c’est plus un problème de structure d’accueil car le parc hôtelier est suffisant avec 1 400 chambres et bientôt 1 480 avec le All Seasons. Il y a quelques années, Troyes avait vu arriver coup sur coup un Mercure et un Ibis. Au final, ces ouvertures ont été absorbées rapidement et n’ont pas entrainé de baisse majeure du TO. Maintenant, il faut attendre trois à quatre ans après l’ouverture de l’auditorium pour penser à ouvrir de nouveaux établissements”.Entretien avec Nicolas Villiers, directeur de l’Office de Tourisme de TroyesComment Troyes a-t-elle traversée une année 2009 difficile partout en France ?A l’inverse de villes voisines, l’hôtellerie troyenne a peu souffert. 2009 a été une excellente année grâce à une exposition sur la sculpture et le beau XVIème champenois, réunissant des oeuvres venant du monde entier, en provenance même du Metropolitan Museum de New York. La ville n’avait pas connu un événement de cette taille depuis des décennies. Cette exposition qui a couru d’avril à octobre a attiré 73 000 visiteurs à forte valeur ajoutée. Cette clientèle de proximité, parisienne en majorité, correspond à nos attentes et dispose de moyens importants. Ce qui a bénéficié à l’ensemble du secteur touristique de la ville et, en premier lieu, à l’hôtellerie. Je pense d’ailleurs que nous tirons encore aujourd’hui les bénéfices de cette exposition. Une clientèle nouvelle a découvert Troyes, une ville qui a beaucoup évolué ces dernières années avec la restructuration de son coeur historique. Cela a généré un bon bouche à oreille et de nouvelles arrivées.L’avenir se présente donc sous les meilleurs auspices ...Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. Troyes est une ville en devenir avec de fortes potentialités mais qui ne bénéficie pas d’une forte notoriété. Nous n’avons pas les moyens d’attaquer directement la clientèle individuelle. Aussi nous développons des produits de niche qui font parler d’eux. Par exemple, Troyes est la seule ville à proposer une visite audio guidée en extérieur pour les sourds et malentendants. Autre initiative, alors que nous avons constaté que de nombreux visiteurs étaient accompagnés de leur chien, nous avons lancé un «office du toutourisme» afin de rendre plus sympathique l’accueil des touristes accompagnés de leurs animaux de compagnie. Cette information a été reprise entre autre par Le Monde, la Tribune, le JT de TF1 et un reportage pour 30 millions d’amis. Aujourd’hui, nous développons le géocaching, des chasses aux trésors aidées de GPS, ou des visites en jogging de la ville. En juin, nous lancerons un produit touristique développement durable – dont le nom sera dans la même veine que celui de "l’office du toutourisme". Ce circuit de la ville permettra de découvrir la ville et ses jardins ainsi que des particularités propres à Troyes comme la tonte des quais de la Seine par des moutons ou le ramassage des poubelles tiré par des chevaux dans trois communes de l'agglomération troyenne.L’hôtellerie troyenne est-elle en adéquation avec votre stratégie de développement touristique?