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Triangle d'Or de Paris, la riposte des "historiques"

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Publié le 25/01/11 - Mis à jour le 17/03/22

Dans l’univers du luxe, la concurrence ne se joue pas sur les prix mais sur les prestations. Il va donc falloir proposer toujours mieux”, résume Bertand Lecourt, président de l'Umih 75. Et les palaces historiques le savent bien. Alors pour ne pas voir leur clientèle s’échapper chez leurs nouveaux concurrents, ils ont lancé des grands travaux.“Les très bons résultats réalisés par le haut de gamme laissent penser qu’il y a de la place pour les nouveaux arrivants. Et il faut relativiser. Le Royal Monceau est plus en concurrence avec l’hôtel Coste ou le Hyatt Paris Vendôme qu’avec nous. Le Shangri-La ne compte que 40 chambres ouvertes et ne dépassera pas les 80 dans un futur immédiat. De plus, il attirera une nouvelle clientèle asiatique à Paris. Enfin, le Mandarin Oriental, qui lui est en concurrence directe avec nous, ne propose que 130 chambres. Ce qui ne devrait donc pas bouleverser le marché ! Et puis ces ouvertures devraient permettre à la clientèle asiatique de se sentir plus à l’aise à Paris. Aujourd’hui, ce marché représente moins de 10% de notre clientèle. Il reste donc un fort potentiel de développement… Face aux palaces historiques comme aux nouveaux arrivants, nous avons une carte à jouer : nous sommes le seul à appartenir à une famille européenne. Nous n’avons eu que deux propriétaires en 90 ans et n’avons jamais fermé. Nous bénéficions donc à la fois d’une vraie continuité, d’une histoire familiale et d’un fort patrimoine européen. C’est ce qui nous permet aujourd’hui d’être les seuls à accueillir principalement des clients européens. Et nous ne manqueront pas de mettre ces éléments en avant. ”Au Meurice, un plan d’embellissement a été lancé dès 2007. .Nous avons rénové tout le rezdechaussée et les chambres, étages par étage. Nous finissons actuellement le dernier niveau. Dans trois à quatre mois, l’hôtel sera donc entièrement refait à neuf”, explique François Delahaye, Chief Operating Officer pour de Dorchester Collection.Au Plaza Athénée, l’autre palace parisien du groupe, les chambres et les salles de bains ont été refaites. Et trois immeubles mitoyens ont été achetés. Ils sont intégrés par étape et permettront d’ajouter 25 chambres et des salles de réunion.Au Bristol, Didier Le Calvez annonce la création d’une Suite Lune de Miel avec une vue incroyable, aussi bien sur la Tour Eiffel que sur le Sacré Cœur, et une Suite Royale, qui surplombe le jardin intérieur. Nous rénovons aussi une quarantaine de chambres, achevant ainsi un grand plan de lancé en septembre 2009”. La superficie du spa sera aussi doublée cette année. .Des salles de soins à la lumière naturelle vont être créées, ainsi qu’un espace où nos clients pourront faire garder leurs enfants, un salon de coiffure et une salle de gym”. Le restaurant d’été est actuellement en rénovation, avec l’aide de PierreYves Rochon et de Madame Oetker. Il réouvrira fin mai.Le Fouquet’s Barrière fermera son restaurant gastronomique quelques semaines, ainsi que son bar, et ce dès mars pour une rénovation complète. L’éclairage de l’entrée et du jardin s’apprêtent à être repensé et un programme continu d’embellissement et de redécoration des chambres est entamé.Dix ans après sa réouverture, le Four Seasons George V va lui consacrer 20 millions d’euros sur trois ans à la rénovation de ses chambres et suites avec Pierre Yves Rochon, opération qui a débuté à l’automne 2010 et qui s’étalera sur deux ans.Au service communication du Ritz en revanche, on déclare simplement que .plusieurs projets sont en train d'être examinés et qu’un permis de construire a été délivré”. Mais aucun détail supplémentaire n’est divulgué.Quant au Crillon, où des travaux sont attendus depuis bien longtemps déjà, les choses s’accélèrent. Après la vente de l’hôtel par Starwood Capital à un membre de la famille royale d’Arabie saoudite en décembre, 60 à 100 millions d’euros devaient être investis. Les façades, qui s’effritaient, seront les premières à être réhabilitées, au cours des 12 prochains mois (sans fermer l'hôtel). Restera ensuite à palier d’autres faiblesses, comme les salles de bain un brun vétustes, ou encore l’absence de spa. Mais rien n’est encore annoncé de ce côté là.Paul Roll, directeur de l’Office du tourisme et de congrès de Paris Le Triangle d’or parisien a-t-il beaucoup évolué ces dernières années ?Il s’est conforté dans son image de luxe. Sur les Champs-Elysées, certains moments clés, comme l’ouverture de la boutique Vuitton, ont joué dans ce sens. Mais parallèlement, des enseignes grand public comme H&M récemment, se sont installées. Et puis des terrasses se sont ouvertes un peu partout ainsi que des restaurants et des bars dans les rues transversales. Tout cela a rendu l’avenue plus vivante. La rue Saint-Honorée et les latérales sont aussi en plein développement commercial.Qui sont les touristes qui viennent séjourner dans le Triangle d’or parisien ?Contrairement à la rive gauche, qui attire principalement des marchés matures, plus sensibles à son charme (comme les Américains), la rive droite, avec son luxe et ses chambres plus spacieuses, draine une clientèle internationale très large. Sa provenance change en fonction des périodes. Autour de Noël et du jour de l’an, on trouve beaucoup de Russes. Alors qu’en été, c’est la clientèle moyenne-orientale qui domine. Quant à la clientèle asiatique, si elle pèse énormément dans les commerces, dans l’hébergement, elle est encore très modeste.Pensez-vous que les touristes asiatiques, et notamment chinois, pourraient être plus nombreux demain avec l’arrivée de groupes asiatiques ?Avec l’ouverture du Royal Monceau, du Shangri-La et celles à venir du Mandarin Oriental et du Peninsula, on parle beaucoup des palaces. Mais si les intérêts en termes de communication, de retombées économiques et d’emplois sont colossaux, il ne faut pas oublier qu’ils ne représentent que de petites capacités. Alors si les groupes asiatiques amènent avec eux leur clientèle, et même en imaginant qu’elle remplisse la totalité de leurs chambres, elle n’en sera pas moins invisible dans la masse de touristes. En revanche, économiquement, elle comptera, ce qui est déjà un point positif. Je pense qu’une réelle augmentation de cette part de marché n’aura lieu que lorsque les Chinois pourront obtenir des visas plus simplement, notamment pour voyager en individuel. D’ici 20202025, ils pourraient alors devenir la 2ème nationalité représentée parmi les touristes dans notre ville.Michel Jauslin, directeur général du Park Hyatt Paris Vendôme, et vice président régional“Les palaces historiques ont fait le choix de la tradition. Ils proposent de somptueux décors d’époque et si Napoléon revenait, il trouverait cela magnifique et inchangé ! Nous, nous misons sur les technologies. Nous offrons à notre clientèle, tout aussi luxueuse mais un peu plus jeune, d’être ici comme chez elle, avec les prestations auxquelles elle est habituée (iPad, musique, etc.) et les dernières innovations. Mais même si notre hôtel est plus récent et contemporain, nous nous positionnons sur le même segment qu’eux. D’ailleurs, fort de la reconnaissance de notre clientèle, et de notre travail quotidien pour proposer les meilleurs services, nous avons demandé le label palace. Et pour rester au plus haut niveau, notamment en vue de l’arrivée d’une nouvelle concurrence, nous n’hésitons pas à investir. Cette année plusieurs millions d’euros seront injectés dans des travaux. Nous allons réaliser 5 suites supplémentaires, de 250 m² en moyenne, intégrant un espace spa avec hammam, sauna, jacuzzi, table de massage, fauteuil de coiffure, équipements sportifs… Les clients pourront ainsi jouir de ces services exclusifs, disponible uniquement dans ces suites. ”Flavio Bucciarelli, responsable France Nord pour Starwood Hotels & Resorts “Pour notre groupe, 2011 sera l’année de tous les projets sur la rive droite parisienne. Le Prince de Galles va fermer le 15 février pour 12 mois de travaux. L’intégralité de l’hôtel va être refait à neuf, une nouvelle suite présidentielle de 160 m² environ avec une terrasse et une vue panoramique va être construite, ainsi qu’un nouvel espace fitness et bienêtre. Il restera un hôtel Luxury Collection, mais passera en 5 étoiles à sa réouverture. Nous souhaitons ainsi relancer ce joyau situé à 3 minutes des Champs Elysées, en conservant son esprit, emprunt d’histoire, mais avec une touche plus moderne. Rue de Rivoli, au Westin, c’est la direction qui a changé, avec l’arrivée de Sandro Bohrmann au poste de directeur général. Et nous avons installé des ruches sur le toit, pour récolter du miel pour notre restauration, mais aussi pour le spa, créé l’année dernière. Et enfin, nous ouvrirons à côté de l’Opéra Garnier le W Paris, designé autour du thème « Paris, ville lumière » par Rockwell, l’architecte du premier hôtel de l’enseigne, à New York. Notre cible : une clientèle jeune, très jet set, et internationale, issue du milieu des tendances, de la mode, de la musique et du spectacle… ”François Delahaye, Chief Operating Officer pour la Dorchester Collection“Le Triangle d’or demeure un quartier à part, synonyme de luxe. Et il est particulièrement attractif pour la clientèle étrangère, du fait de la multitude des spectacles qui y sont donnés, de ses boutiques et de la proximité des Champs-Elysées bien sûr… La localisation du Plaza Athénée comme du Meurice, au cœur de ce Triangle d’or, représente donc un atout de poids. D’ailleurs, l’un comme l’autre fonctionnent très bien. 2010 a clairement marqué la sortie de crise. Aujourd’hui, nous sommes les n°1 sur Paris et nous n’avons pas du tout l’intention de voir nos clients partir chez nos nouveaux concurrents ! Nous ne manquons d’ailleurs pas d’atouts pour que cela n’arrive pas. D’abord, les deux hôtels portent en eux un passé, une histoire importante : cet aspect historique est un réel atout pour la clientèle étrangère, qui recherche des lieux très parisiens, avec une âme. Et puis nous avons beaucoup investi pour redonner un nouveau souffle à nos établissements. Tout ceci nous permet d’espérer que la progression de nos résultats sera encore meilleure en 2011 qu’en 2010. ”Emmanuel Sauvage, directeur général du Burgundy“Avec nos 51 chambres et nos 8 suites, nous proposons une offre complémentaire à celles des palaces et autres hôtels haut de gamme de chaine. La qualité de service est identique, mais dans une ambiance plus intime, plus feutrée. Nos clients vont dans un palace pour l’un de leur séjour, et chez nous pour un autre… Mais ils logent toujours au cœur du Triangle d’or. La place de la Madeleine par exemple, aussi proche soit-elle, est considérée comme excentrée. Tout comme le boulevard Haussmann. Ils y vont pour faire leur shopping mais n’y séjournent pas. Ils logent ici, pour la présence de banques, d’avocats et de gros business parisiens, pour les adresses shopping, et la beauté du quartier. Nos clients sont principalement russes, moyen-orientaux, mais aussi européens et même français. Ils annulent très facilement. A la moindre grève, ou en cas de souci à l’aéroport… Ils ne prennent aucun risque. En revanche, même si nous ne sommes ouverts que depuis 6 mois, nous avons déjà constaté qu’ils étaient très fidèles. Certes, ils passent d’un hôtel à l’autre, mais ils reviennent. Certains Russes ont déjà séjourné chez nous trois fois ! Alors les différentes ouvertures de palaces ne m'inquiètent pas. Nous savons que nos clients iront aussi là-bas. Mais les leurs viendront également chez nous ! C’est vraiment un secteur où la clientèle tourne beaucoup. Il y a donc de la place pour tous ces produits, finalement très différents les uns des autres. A condition de toujours rester au top. C’est pourquoi nous sommes en perpétuelle amélioration de notre produit. Comme tous les établissements de ce standing qui se respectent. ”Didier Le Calvez, Pdg du Bristol“Les très bons résultats réalisés par le haut de gamme laissent penser qu’il y a de la place pour les nouveaux arrivants. Et il faut relativiser. Le Royal Monceau est plus en concurrence avec l’hôtel Coste ou le Hyatt Paris Vendôme qu’avec nous. Le Shangri-La ne compte que 40 chambres ouvertes et ne dépassera pas les 80 dans un futur immédiat. De plus, il attirera une nouvelle clientèle asiatique à Paris. Enfin, le Mandarin Oriental, qui lui est en concurrence directe avec nous, ne propose que 130 chambres. Ce qui ne devrait donc pas bouleverser le marché ! Et puis ces ouvertures devraient permettre à la clientèle asiatique de se sentir plus à l’aise à Paris. Aujourd’hui, ce marché représente moins de 10% de notre clientèle. Il reste donc un fort potentiel de développement… Face aux palaces historiques comme aux nouveaux arrivants, nous avons une carte à jouer : nous sommes le seul à appartenir à une famille européenne. Nous n’avons eu que deux propriétaires en 90 ans et n’avons jamais fermé. Nous bénéficions donc à la fois d’une vraie continuité, d’une histoire familiale et d’un fort patrimoine européen. C’est ce qui nous permet aujourd’hui d’être les seuls à accueillir principalement des clients européens. Et nous ne manqueront pas de mettre ces éléments en avant. ”

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