
Comment inclure les projets touristiques dans le nouveau Paysage de l’Investissement en France : aménagement territorial et investissements structurants (liaisons, transports, parcs d’exposition, palais des congrès, parcs d’attractions...) ?
Le complexe mixed-use Europacity est un projet de rupture avec les modèles actuels. Nous sommes partis du secteur du commerce pour créer un resort urbain couplant équipements de commerces, équipements de loisirs et équipements hôteliers. Il s'agit d'un alliage inédit entre différentes fonctions relatives au commerce, aux loisirs, à la culture, aux séminaires et aux congrès, ainsi qu'à l'hôtellerie. Représentant un investissement de deux milliards de dollars, Europacity devrait accueillir 26 millions de visiteurs franciliens par ans, et 5 millions de visiteurs touristiques, soit 20% de la fréquentation totale pour 40% des recettes. Le projet est né en 2006, en partant du constat que la plupart des gens qui se rendaient dans les centres commerciaux Auchan considéraient que c'était une corvée. D'où l'idée d'un complexe mixed-use regroupant plusieurs infrastructures et offrant plusieurs possibilités aux clients. Nous travaillons depuis 2010 avec un comité de pilotage, qui réunit entre 40 et 50 personnes représentant les services de l'Etat et qui nous aident dans le développement de notre projet. Il faut être un groupe français motivé et qui a le temps pour développer ce genre de complexe. Didier Decoupigny, Directeur du Tourisme Région Nord-Pas-de-Calais Les collectivités ont un rôle important à jouer dans l'industrie du tourisme et notre métier est de créer des conditions favorables aux investissements. Ce n'est jamais dans les politiques publiques régionales que l'on trouve des budgets énormes. Le tourisme est une économie très porteuse dans le Nord-Pas-de-Calais et nous devons la réinventer et donner des directives. Il est important d'avoir une visibilité et une articulation autours des programmes que nous mettons en place. Nous travaillons par exemple avec les groupes hôteliers pour être en mesure d'environner au mieux notre activité affaires. Il est important que les différents acteurs se parlent entre eux pour avoir une cohérence territoriale. C'est l'objectif des contrats de rayonnement touristique : on demande au territoire un diagnostique, d'avoir une stratégie collective, ce qui oblige les différents acteurs à se parler entre eux, et après on contractualise pour financer du fonctionnement ou de l'investissement. Franck Recoing, Vice-Président CCI Marseille-Provence On a pu constater un véritable changement dans la région de Marseille. 2013 et le titre de Capitale Européenne de la Culture ont été un accélérateur phénoménal pour donner à Marseille une qualité de ville touristique, qu'elle n'avait pas auparavant. Avant l'organisation de la Coupe du Monde, nous étions sur une logique artisanale, et depuis l'accessibilité de la ville a été améliorée avec l'arrivée du TGV et des low-cost, comme des croisières. Organiser un grand évènement permet de développer le tourisme, et nous avons fait en sorte que ce ne soit pas la candidature d'une ville mais d'un territoire, comme son nom Marseille Provence 2013 l'indique. Au total, 660 millions d'euros ont été investis dans la rénovation et dans la création d'équipements, comme ce miracle qu'est pour nous le Mucem. Nous devons faire en sorte que les politiques prennent conscience qu'il y a des choses à faire dans le secteur du tourisme et des investissements à réaliser, notamment en ce qui concerne la qualité de l'accueil. Aujourd'hui, nous avons encore des progrès à faire, comme améliorer l'attractivité de certains territoires, le propreté, la sécurité et surtout l'image catastrophique de Marseille. Christophe des Roseaux, Responsable du Tourisme, des loisirs et de la Culture, Caisse des Dépôts La caisse des dépôts dans le tourisme est une puissance publique parmi d'autres. Elle est très présente dans l'accompagnement des politiques publiques, notamment en matière de tourisme social et de remise à flot des sites qui font partie du patrimoine, mais elle n'a pas vocation à être entièrement partie prenante. Nous avons un rôle d'amorceur pour les grands chantiers et nous donnons envie à des prêteurs et des investisseurs de travailler dans le tourisme, alors qu'ils avaient un peu délaissé cette activité. L'association du public et du privé dans l'investissement touristique est un mécanisme qui fonctionne bien. Il est vrai qu'il est difficile aujourd'hui de recruter des prêteurs, et ce n'est pas un problème spécifique à la Caisse des Dépôts. Les projets touristiques prenant du temps à être rentabilisés, les investisseurs se désintéressent du secteur. Tout le monde a conscience de l'importance du secteur pour notre économie, mais pas assez pour se mobiliser concrètement. Le tourisme est la première industrie française et c'est pour cela qu'il ne faut pas passer à côté.