Luc Chatel, député de Haute-Marne, ancien responsable gouvernemental en charge des portefeuilles du Commerce et du Tourisme, puis de l'Industrie, et enfin de l'Education nationale, est intervenu le 19 Septembre à 10h lors du 1er TourInvest Forum sur le thème : «L’investissement touristique, une priorité à trois dimensions». Il a également derrière lui un passé de cadre d'entreprise, responsable des Ressources humaines dans le groupe L'Oréal. Ces différentes expériences cumulées lui ont fait prendre conscience de l'importance du secteur Tourisme et notamment de la diversité de ses dimensions, sur lesquelles il veut insister. Secteur moteur de notre économie, le Tourisme doit atteindre le rang de priorité nationale avec le soutien des responsables politiques, sans esprit partisan. Cela implique une véritable démarche en matière de fiscalité, de partage des responsabilités et de soutien à l'investissement.
"Ce premier forum de l'investissement touristique en France, Tourinvest, intervient au lendemain d'une saison touristique mitigée pour les professionnels du tourisme comme de l'hôtellerie-restauration. Si la demande internationale a été bonne, ceci n'est pas le cas de la demande française. L'augmentation à venir du taux de TVA dans l'hôtellerie-restauration créé des difficultés aux professionnels de l'ensemble de l'industrie. La relation compliquée et conflictuelle entre les hôteliers et les sites Internet de distribution en ligne est un vrai sujet sur lequel nous devons nous pencher rapidement. L'avenir du groupe Accor est également une préoccupation importante, après les turbulences qu'il a connu dans le domaine managérial. La question qui se pose alors aujourd'hui est de savoir quels sont les détonateurs pour relancer la dynamique du secteur ? Trois dimensions sont à prendre en compte :
- La fiscalité : Au delà des niveaux de prélèvements obligatoires, l'instabilité fiscale est un problème presque plus important. Il faut que les gouvernements successifs cessent de modifier en permanence les réglementations.
- La compétitivité : Il faut travailler ensemble pour la compétitivité du secteur, notamment sur la question de la formation de nos jeunes. Les cursus qui existent actuellement ne sont pas à la hauteur et ne sont pas adaptés aux besoins des entreprises et aux exigences du secteur. La France manque notamment de formations dans le domaine privé. Nous n'avons par exemple pas de grand pôle privé pour former les grands de la gastronomie alors que nous sommes le pays de l'excellence culinaire.
- Le rôle de la sphère publique : Il est primordial aujourd'hui de redéfinir le rôle que la sphère publique doit jouer dans le secteur du tourisme et de l'hôtellerie. Je m'étonne de voir comment, en France, nous sommes capables d'ignorer cette pépite qu'est l'industrie touristique. Nous n'avons pas assez réfléchi depuis 20/25 ans à la place qu'elle doit tenir aujourd'hui vis à vis de cette industrie profitable. Le public doit avoir un rôle facilitateur et d'accompagnateur, alors que nous avons le don en France de mettre une succession de contraintes dans des tas de domaines juridiques très divers et variés. Il est certain que la sphère publique n'a plus les moyens d'investir, mais elle peut quand même accompagner et aider les investisseurs et les porteurs de projets.
En France, il y a un réel écart entre la place du tourisme dans l'économie et la part de l'investissement touristique dans l'investissement global. Cet écart montre bien que nous avons, au fil des années, créé des barrières et des freins à l'investissement, et c'est pour cette raison que nous décrochons aujourd'hui par rapport à la concurrence internationale. Désormais, il est de notre devoir de tout faire pour que notre pays redevienne une terre d'investissements."
