Coup sur coup deux annonces de cessions d’actifs braquent à nouveau les projecteurs sur le marché immobilier hôtelier dans le secteur haut de gamme, signe du renforcement des fortunes du Moyen- Orient dans le club des propriétaires de palaces.
Quelques mois après la reprise du Crillon, place de la Concorde, cédé par le fonds Starwood Capital à un membre de la famille royale saoudienne pour une somme estimée à 250 M€, le groupe allemand Union Investment annonce la cession des murs de l’hôtel Marriott Champs Elysées (192 chambres, dont 18 suites) pour un montant annoncé de 215 M€ au fonds souverain d’Abu Dhabi, Adia. Union Investment avait acquis l’hôtel en juillet 2003, via son fonds spécialisé en actifs hôteliers, Deutsche Immobilien Fonds AG, Difa, auprès du fonds Strategic Hotel Capital France, filiale du groupe SHC de Chicago.Le Carlton, fleuron de la Croisette du groupe InterContinental, va enfin pouvoir compter sur son nouveau propriétaire pour mener à bien les travaux de rénovations et d’extension annoncés depuis plusieurs années et que Morgan Stanley ne pouvait pas financer. Les plans sont prêts depuis 2008 pour ajouter 80 chambres et atteindre 418 clés, un spa de quelque 1 000 m², un centre de conférence de 3 000 m² et une résidence hôtelière de 70 appartements, sans compter la rénovation des parties communes et des cuisines. Le montant des travaux est estimé à quelque 100 M€. Reste à savoir si la "bonne affaire" réalisée par le nouveau propriétaire, qui a fait fortune dans l’industrie pétrolière et les transports, va l’inciter à lancer ces travaux jugés urgents. L’année dernière, le fonds MSREF avait déjà revendu à Westmont Hospitality Group, un autre portefeuille de 10 hôtels Hilton, acheté 566 M€, au groupe hôtelier américain. Les positions contractées au sommet du boom immobilier et financées par l’argent facile sont en train de se dénouer.Après les opérations menées en France avec l’acquisition des murs du Royal Monceau et du futur Peninsula, avenue Kléber, par le fonds d’investissement Qatari Diar, représentant les intérêts de la famille régnante du Qatar, les deux nouvelles opérations récentes marquent le poids des fonds souverains du Moyen-Orient, très friands de "trophy assets" (actifs symboliques), dans les transactions immobilières. Les fonds immobiliers spécialisés sont plutôt en train de se défaire des actifs achetés avant la crise, parfois au prix fort, au profit des fortunes orientales qui diversifient leurs investissements.Une nouvelle opération d’envergure atteste de la reprise du marché, grâce à ces nouveaux acteurs qui n’ont pas besoin du soutien des banques. Le fonds immobilier spécialisé de la banque américain Morgan Stanley, MSREF, vient de céder un portefeuille de 7 établissements sous enseigne Inter Continental, situé à Amsterdam, Budapest, Francfort, Madrid, Rome, Vienne et à Cannes, pour un montant total de 450 M€ à un riche homme d’affaires libanais, résident monégasque, Toufic Aboukhater. Selon les indications de Property Weekly, ce même portefeuille avait été acquis pour 634 M€ en 2006, au sommet de la spéculation immobilière, alors que le groupe IHG cédait la plupart de ses fleurons hôteliers. MSREF avait dû emprunter la majeure partie de cette somme auprès d’un pool bancaire conduit par Barclays Capital. Il y a encore quelques de temps, la banque américaine, sauvée de justesse de la faillite fin 2008, espérait retirer 400 M€ de la seule vente du Carlton à Cannes. Mais pressée de rembourser les investisseurs de son fonds MSREF et les emprunts contractés, elle a du se résoudre à céder le portefeuille à perte. Des pertes déjà largement provisionnées.