
Lors de la 19e édition du Global Lodging Forum, les dirigeants des groupes Accor, B&B Hôtels, Louvre Hotels Group, Mövenpick et NH Hotel Group ont échangé sur l'avenir de l'industrie hôtelière, face à une évolution rapide des technologies, des comportements et des acteurs au sein de l'industrie hôtelière.
En ce qui concerne la Chine, nous avons pris une décision importante et irréversible en nouant un partenariat avec Huazhu. Nous reconnaissons ainsi que les segments économique et moyen de gamme sur le marché chinois sont aux mains d'acteurs locaux, qui développerons mieux nos marques que nous pourrions le faire. Je pense qu'il y aura une véritable consolidation entre les quatre acteurs locaux en Chine au cours des prochaines années. Parmi les cinq priorités du groupe Accor pour les cinq prochaines années, nous prévoyons un changement de culture managériale. Il faut prendre conscience que 90% des sociétés créées dans le monde digital on été fondées par des personnes de la génération Y. Elles ont une capacité d'agréger l'information et d'anticiper dix fois supérieure aux personnes de notre génération. Il y a un décalage gigantesque entre ces deux générations qui sont néanmoins condamnées à s'entendre.La clientèle dans nos hôtels vieillit. C'est une préoccupation qui a été révélée dans une enquête récente sur les marques Novotel et Mercure. Il faut réfléchir à la reconquête des nouvelles générations.A l'avenir, les groupes hôteliers vont avoir de plus en plus de concepts et de marques. Il n'est cependant pas possible de développer 15 marques dans tous les pays car cela coûterait trop cher. Il faut alors se concentrer sur certaines destinations pour certaines marques.L'industrie hôtelière est menacée par tous les intermédiaires qui cherchent comment ils peuvent venir puiser dans les activités les plus rentables en nous dépouillant progressivement de nos marges. C'est là un véritable défi pour l'avenir.Jean-Gabriel Pérès, President and CEO, Mövenpick Hotels & Resorts : Il est très difficile pour un hôtelier d'avoir une vision sur cinq ans ou plus, car les événements qui affectent notre activité arrivent tous les jours. Il faut donc être réactif. On peut parler de croissance que lorsqu'un groupe développe entre 10 et 15 hôtels par an. Et il s'agit alors de faire de la bonne croissance, pas seulement cosmétique, mais qui créé de la valeur. Il faut revaloriser le métier de directeur d'hôtel, à qui nous demandons beaucoup plus. Nous devons pouvoir leur faire passer des messages totalement clairs car ils sont au cœur du séjour client. Ils peuvent nos permettre de gagner la bataille contre les OTA. Il est également important de recruter des personnes qui ont le même langage que celui de nos interlocuteurs, des personne en mesure d'apporter de la valeur que nous n'abandonnerons pas à d'autres.Je pense que dans quelques années, il n'y aura plus d'étoiles, mais uniquement des concepts. Il faut être très ouvert et très pragmatique et laisser un peu faire les choses. Les investisseurs et acteurs chinois, par exemple, sont à la recherche de concepts forts et de personnes qui savent les faire. Pierre Frédéric Roulot, Président & CEO, Louvre Hotels Group : Notre métier change, notamment avec l'arrivée des acteurs chinois dans les affaires. Ils sont déjà présents dans nos hôtels et la tendance va s'intensifier au cours des prochaines années, suivant l'évolution du monde. Selon les prévisions, 10% de la population chinoise va voyager, soit 150 millions de visiteur. Le groupe hôtelier de demain sera ainsi très asiatique, car c'est dans cette partie du monde que se font les affaires aujourd'hui. La concentration des groupes hôteliers est réelle dans toutes les géographies et on peut dire qu'il y aura d'ici cinq ans cinq grands groupes puissants. Très peu seront en revanche présents sur tous les segments. La puissance fait la différence sur la scène mondiale, facilitant les négociations et permettant de résister aux évolutions, comme le digital, et d'attirer des consommateurs. De plus, nous avons en face de nous des clients internationaux, et non plus domestiques dans la zone de chalandise. Pour toutes ces raisons, une concentration est déjà en cours et elle sera spectaculaire et brutale. Georges Sampeur, Président du Directoire, B&B Hotels : Il est très difficile de se projeter dans un monde qui évolue très vite et change rapidement. Bien que notre métier soit, d'une certaine manière, protégé (on ne peut pas délocaliser des hôtels et il y aura toujours des personnes qui auront envie de se déplacer), son environnement évolue en permanence. Il faut rester vigilant quant à ces changements et essayer des les anticiper. Aujourd'hui, la valeur des marques est souvent remise en question. On avait l'habitude de dire qu'il fallait 15 ou 20 ans pour créer une marque et on s'aperçoit aujourd'hui que plusieurs grandes marques actuelles étaient encore inconnues il y a cinq ans. La plupart des acteurs de l'hôtellerie souhaite évoluer au niveau international, car l'économie, comme le monde dans lequel nous vivons, est mondiale. Aujourd'hui, il est difficile de garder des spécifiés locales. Au sein du groupe B&B Hôtels, nous sommes mono marque et nous souhaitons le rester. Je pense que c'est une manière efficace de créer de la fidélité à la marque. Nous souhaitons être le Ikea de l'hôtellerie économique. Federico Gonzalez Tereja, Chief Executive Officer, NH Hotel Group : Il est important de bien connaître les clients qui se rendent dans nos hôtels et de rester fidèle à ce que l'on veut faire. Cela permet de mieux maîtriser ses coûts, notamment en s'assurant que l'on ne dépense pas d'argent pour des choses qui n'en valent pas la peine. Chez NH Hotel Group, nous essayons de faire en sorte que tous nos employés passent un peu plus de temps en dehors des hôtels, car c'est là que les chosent arrivent. Pour pouvoir innover, il est nécessaire d'aller voir ce qu'il se passe dehors et de côtoyer des fonds d'investissement. Nous sommes en train de vivre une transformation de l'hôtellerie avec une plus grande attention portée au Marketing, qui n'existait pas avant. Il est donc très important de rester cohérent avec son produit.
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