Entretien avec Alain Tayar, Directeur Général Adjoint, Bouygues Bâtiment Ile-de-France Rénovation Privée.
Quel est l’ADN de Bouygues Bâtiment Ile-deFrance Rénovation Privée, sa force ?
Entreprise solide du groupe Bouygues, au rayonnement mondial et à la connaissance parfaite des produits, Bouygues Bâtiment Ile-de-France Rénovation Privée a organisé une direction, que j’anime, spécialisée en hôtellerie.
La première de nos forces, c’est notre esprit pionnier. Nous avons été parmi les premiers sur le marché de l’hôtellerie : nous avons débuté cette histoire dès 1999 avec Le Four Seasons George V pour les palaces parisiens. Les références qui suivent parlent d’elles-mêmes : l’Hôtel de Crillon, Le Ritz Paris, Le Shangri La, Le Prince de Galles et j’en passe. Aujourd’hui, nous sommes pionniers de trois nouveaux types de rénovation : la montée en gamme, la rénovation et les nouvelles implantations. En effet nous avons été les premiers à nous intéresser aux nouveaux cycles de marché hôteliers : les rénovations du Hyatt Regency Porte Maillot, du Martinez de Cannes et de l’Intercontinental Paris Le Grand ont pour point commun d’être menées en site occupé. Nous sommes dans un état d’esprit permanent d’améliorer notre technicité et notre productivité. Je citerais l’exploit du Hyatt Regency Paris Etoile : 1 000 chambres et 20 000 m² de zones publiques totalement rénovés en 24 mois, le tout en maintenant l’établissement ouvert.
Autre trait de notre ADN : une culture de l’accompagnement global. Cela nous assure une maîtrise de la qualité, des délais et des coûts pour offrir à nos clients la garantie d’un parcours maîtrisé. Nous avons ainsi créé une centrale d’achats FF&E avec un éventail de produits sur lesquels nous ne margeons pas, un service que nous tenons à la disposition de nos clients pour maîtriser les coûts et les délais. Nous avons également créé il y a 5 ans un cabinet d’architecture d’intérieur, Studio Iéna, capable de créer un univers sur mesure pour nos clients ou d’accompagner les plus grands designers dans le développement de leur projet. Enfin nous disposons d’une plateforme logistique déportée qui nous permet de livrer « des chambres » directement sur les chantiers : un gain énorme en productivité mais aussi en déchets. Sur la Tour Paris-Lyon, un projet mené avec AXA, Pitch Promotion et Studios Architecture, nous avons transformé cet immeuble IGH tertiaire en un hôtel Courtyard by Marriott de 248 chambres et levé 100 % des réserves, le tout en 21 mois, notamment grâce à la réalisation des salles de bain préfabriquées hors site. Nous travaillons beaucoup sur l’économie circulaire, le réemploi, les constructions bas carbone, en visant le zéro déchet sur nos chantiers. Sur nos quatre dernières opérations, nous avons d’ores et déjà réduit la production de déchets de 60 %.
Nos forces, ce sont donc avant tout notre savoir-faire, notre expertise, nos références, mais également notre savoir-être. Le client se tourne vers nous car il sait qu’il va être au centre de nos préoccupations. Notre leitmotiv, c’est d’être plus qu’une entreprise de référence : une entreprise de préférence.
Mais sans conteste, notre principale richesse ce sont nos hommes, nos aventures humaines. Nos équipes sont imprégnées de valeurs fortes de passion, d’audace, de respect, d’excellence et d’humilité vis-à-vis du bâti avec lequel nous devons composer. Je travaille avec des gens passionnés qui ont une culture du patrimoine, de la réussite et du client. Nous sommes une grande entreprise attachée à l’artisanat, à l’excellence et la pérennité des métiers d’art. Nous travaillons au contact d’artistes et de créateurs. Une de mes souvenirs les plus émouvants est aujourd’hui d’avoir réalisé les grands appartements de l’Hôtel de Crillon dessinés par Karl LAGERFELD.
Je conclurais par la conviction que la rénovation ne s’écrit pas dans les livres et ne s’improvise pas. C’est un mélange de savoirfaire, d’expérience, d’innovation, d’audace et d’engagement. Lorsque vous frappez à notre porte, vous êtes face à des hommes et des femmes qui peuvent tout faire.
Qu’est-ce qui différencie la construction/ rénovation d’un produit hôtelier par rapport à d’autres profils de biens comme le bureau ou encore le retail ?
Le retail, le logement et l’hôtellerie sont des produits relativement proches, car BtoC. Nous devons rechercher l’excellence pour le client final. Le produit hôtelier est totalement orienté usage et client final, il est en proie aux évolutions sociétales, c’est un produit mondialisé. Quand on rentre chez Marriott on rentre chez Marriott : même si l’on trouve des touches d’influence locale, il y a un trait-d’union international. Le produit doit avoir une âme et suivre les tendances. En entrant dans une chambre d’hôtel, vous devez vous sentir chez vous, alors même que vous êtes chez tout le monde et qu’il y a une grande différence entre les typologies de clients.
Le monde de l’immobilier de bureau commence à s’y mettre. On y voit l’arrivée du digital, la prise en compte des usages, alors que jusqu’à maintenant, le respect des contraintes règlementaires et l’exigence de retour sur investissement primaient. Dans les produits hôteliers, il faut créer du good-will, de la valeur pour la destination, on se soucie aussi du bien-être, de l’acoustique. On doit faire entrer la destination dans l’hôtel, apporter du service, notamment aux familles, et offrir de plus en plus de sécurité.
Notons que nous assistons à un changement de cycle. Nous rénovons par exemple Le Fouquet’s actuellement, que nous avions rénové il y a 12 ans. Cette rénovation n’est pas due à une usure des matériaux mais à un besoin dans le cycle de vie du produit.
Quels sont, pour vous, les ingrédients d’un partenariat réussi pour la création d’un établissement hôtelier ?
Avant tout la confiance. Le premier axe de notre politique d’entreprise, c’est l’expérience client car n’oublions pas qu’il n’y a pas d’entreprise sans clients. Maîtriser ses engagements, tenir ses délais est primordial. La confiance, l’envie de travailler c’est un gage de réussite. Quand on crée un hôtel, nous nous battons aux côtés de nos clients pour un projet commun. Tout cela fonctionne grâce à la magie, l’émotion, le plaisir de travailler ensemble, la qualité des gens qui travaillent sur le projet. Nous respectons l’économie des projets mais ne travaillons pas à l’économie.
Quelles sont, selon-vous, les grandes tendances des produits hôteliers qui sont en train de se dessiner ?
La principale, c’est la modularité. Notre société, les besoins des clients évoluent de plus en vite. Nous sommes face à des fréquences de plus en plus courtes avec des cycles anarchiques. La mode, les tendances, les besoins, les envies changent…. Dans les restaurants par exemple, on change aussi le mobilier en fonction des saisons. On propose des espaces de réunion dans des suites, des bar éphémères, des boîtes de nuit éphémères…
Les établissements doivent également s’ouvrir aux villes. Avant, il ne me serait pas venu à l’esprit d’aller dîner dans un hôtel, maintenant je peux y penser. Les Bains Douches, le Bar des Ambassadeurs, au Shangri-La, le bar éphémère SONG, le Chalet Les Neiges Courchevel dans la cour du Fouquet’s, en sont des exemples type.
On se doit de proposer une offre plurielle et surprenante.
Comment voyez-vous les contraintes liées à la législation française dans la création de projets immobiliers ?
Nous sommes face à des contraintes liées au territoire, à la réglementation et aux normes, on ne le découvre pas, ce n’est donc pas de l’improvisation. C’est le terreau dans lequel nous devons agir mais ce n’est pas ce qui rend difficile le projet. Ce qui est compliqué ce sont les bâtiments qui ont traversé les âges. Il faut donc s’adapter à l’existant. Qu’est ce qui se cache derrière un mur sous une moquette, ça nous ne le découvrons qu’une fois la phase de travaux entamée et c’est là que réside le vrai défi.
Notre garantie, c’est que quoi qu’il en soit, nous parviendrons à mener à bien le projet. C’est un point clé du métier de bâtisseur dans la rénovation.
La France est réputée pour son savoir-faire mondial. Les plus grands architectes sont des français, c’est en France qu’ont été bâties les premières cathédrales, c’est en France que le béton armé a été inventé, le BFUP également. Nous avons cette capacité à inventer, à innover et à s’adapter.