Corse, Sicile, Baléares, Sardaigne, autant de destinations qui sont principalement connues et fréquentées pour leurs plages et leurs météos. Mais depuis quelques années, ces territoires ont décidé de changer leurs stratégies touristiques afin de remplacer le tourisme balnéaire, qui s'accompagne d'un phénomène de sur tourisme, par le tourisme durable.
Les îles, archipels et autres territoires qui bénéficient d’un accès à la mer Méditerranée ont toujours attiré des voyageurs friands du tourisme balnéaire grâce au climat ensoleillé et aux nombreuses plages "paradisiaques". La motivation principale de ces touristes est le farniente, ainsi une grande partie d’entre eux ne partent pas réellement à la découverte des richesses naturelles et patrimoniales de ces destinations. La fréquentation de ces lieux dans cet objectif s’est intensifiée au cours des années, résultant sur un tourisme de masse qui ne convient ni aux acteurs locaux du tourisme, ni aux habitants. Dés lors, plusieurs de ces territoires ont décidé de se tourner vers un tourisme plus durable afin de protéger leurs environnements tout en redistribuant de manière plus équitable les revenues économiques dues au tourisme.
Du côté français, la Corse s’est engagée dans une stratégie de développement durable avec l’élaboration d’un Plan de Développement Durable de la Corse (PADDUC) qui intègre au fur et à mesure les 17 Objectifs de Développement Durable définis par la Nations Unies. Le document a pour vocation de trouver un équilibre entre protection et développement d’ici 2040. Il a plus exactement comme rôle de définir « une stratégie de développement durable du territoire en fixant les objectifs de la préservation de l'environnement de l'île et de son développement économique, social, culturel et touristique, qui garantit l'équilibre territorial et respecte les principes énoncés à l'article L. 101-2 du Code de l'Urbanisme ». Le développement du tourisme durable est au cœur des objectifs promus par l’Agence du Tourisme de la Corse (ATC) afin de conserver en premier lieu l’écosystème unique que possède l’île. La crise sanitaire qui a éclaté en 2020 a renforcé d’avantage la volonté de l’île de beauté de s’engager sur la voie du développement durable. Les actions menées par les autorités de l’île dans ce sens, s’axent autour de 5 thèmes majeurs :
- Lutte contre le changement climatique et protection de l’atmosphère
- Préservation de la biodiversité, protection des milieux et des ressources
- Cohésion sociale et solidarité entre territoires et entre générations
- Épanouissement de tous les êtres humains
- Dynamiques de développement suivant des modes de production et de consommation responsables
L’Italie s’inscrit dans la même mouvance, en particulier deux de ses îles qui sont la Sardaigne et la Sicile. La Sardaigne est souvent considérée à tort comme la Corse italienne alors que l’île jouit d’un patrimoine bâti unique qui fait sa force. La destination a réussi à préserver sa nature luxuriante grâce à une réglementation de gestion de l’habitant plutôt stricte, ce qui a permis d’éviter un fort bétonnage du littoral. De plus, une grande partie de son littoral est classée parc national marin ce qui permet une encore plus grande protection du patrimoine naturel sarde. Sa flore protégée et la volonté de la majorité des acteurs touristiques et locaux de s’investir dans une démarche de développement durable, attirent depuis maintenant de années les touristes soucieux de voyager de manière éco-responsable. Le sud de la Sardaigne est d’ailleurs reconnu comme première destination méditerranéenne durable par le Conseil Mondial du Tourisme Durable, un organisme sans but lucratif rattaché à l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT). Le développement durable est tout aussi important pour la région de la Sicile qui l’associe au respect de ses activités comme la production agricole biologique et son côté authentique. Ainsi le tourisme durable en Sicile s’articule particulièrement autour du tourisme rural avec des visites et des séjours à la ferme pour découvrir le terroir et le savoir-faire de l’île. De ce fait, les dépenses touristiques bénéficient aux petits producteurs et aux acteurs locaux plutôt qu’aux géants du tourisme.
Le tourisme de « sol y playa » et le bétonnage ont été pendant des années la norme dans l’archipel des Baléares qui a ainsi donné naissance au terme « baléarisation » dans les années 70. Cette artificialisation avait pour but d’accueillir un tourisme de masse mais depuis peu l’archipel a décidé de prendre un virage à 90 degrés en misant sur le tourisme durable. Pour ce faire, la promotion d’activités de pleine nature comme la randonnée et le cyclotourisme ainsi que la désaisonnalisation ont été promues par les acteurs du tourisme des îles. Les autorités locales agissent également en ce sens, en 2016 une taxe touristique a été mise en place afin de compenser l’impact touristique par le financement de projets durables, comme des travaux de rénovation ou la création de parcs naturels. En 2019, le parlement des Baléares a également voté une loi qui a pour objectif la neutralité carbone d’ici 2050. Avec ses nouvelles stratégies et ses nombreuses actions mises en place, l’archipel souhaite se positionner en tant que « laboratoire du tourisme durable ».
Cependant la généralisation d’un tourisme durable et responsable sur de telles destinations reste encore compliquée. Il faut tout d’abord réussir à changer les mentalités en profondeur des visiteurs de ces îles qui n’ont pas toujours conscience de l’impact écologique de leur séjour, ces destinations doivent donc réfléchir à comment sensibiliser au mieux les touristes qui foulent leurs terres. Aussi, ces territoires doivent réussir à trouver le bon équilibre entre le maintien d’une activité touristique importante, la majorité étant fortement dépendante économiquement du tourisme, et le respect de leurs environnements. A cela s’ajoute le problème des moyens de transport permettant de rejoindre ces destinations, étant des territoires insulaires, les deux principales solutions pour s’y rendre sont l’avion et les bateaux. Ces deux types de transports sont connus pour être relativement polluants et l’avion ces dernières années est de plus en plus boycotté en raison de son empreinte carbone très élevée. Ces destinations sont en phase avec les nouvelles attentes des touristes mais doivent encore affiner leurs stratégies afin de s’affirmer comme destinations phares du tourisme durable.