La mairie de Paris poursuit le renforcement de sa réglementation vis-à-vis des meublés de tourisme type Airbnb et annonce ainsi deux nouvelles mesures visant à protéger les petits commerces de la ville.
En février 2021, la Cour de cassation avait déjà validé la mesure demandée par la Ville de Paris qui consiste à contraindre les propriétaires souhaitant mettre en location une résidence secondaire dans la capitale à obtenir une autorisation de changement d’usage avec compensation. Cette compensation leur impose notamment de transformer des surfaces commerciales en logements pour compenser mètre carré pour mètre carré, voire au double pour certaines zones, la perte de surface d’habitation.
Cette première mesure ne suffit pas à endiguer la problématique des quartiers accueillant un nombre important de locations de meublés touristiques tels que le Marais, Montmartre, le Quartier latin, les Champs-Elysées et la Tour Eiffel. Ces zones vont ainsi devenir des « secteurs de compensation très renforcée » avec une compensation au triple permettant de « dissuader les propriétaires de transformer des logements en Airbnb dans ces quartiers » selon les propos de Ian Brossat, adjoint au logement de la ville.
La mairie souhaite également soumettre à autorisation les transformations de commerce en rez-de-chaussée en meublés touristiques alors que jusqu’à présent, les propriétaires n’étaient soumis qu’à une déclaration.
Une commission va voir le jour pour étudier les demandes, la transformation de ces lieux ne sera pas autorisée dans les zones à forte pression touristique, dans les rues ou le commercé est protégé par le Plan local d’urbanise et aussi en cas de risque de nuisances. Ian Brossat explique que ces mesures visent à « protéger le petit commerce et l’âme de nos quartiers ».
Cette nouvelle réglementation a été présentée lors de l’instauration « d’un observatoire de la location meublée touristique à Paris » et fera l’objet d’un vote au Conseil de Paris de décembre pour une possible application dès l’année 2022.
La marie de Paris ne s’arrêt pas là et envisage d’étendre cette réglementation aux bureaux et d’instaurer des quotas par zones grâce au futur Plan local d’urbanisme qui est actuellement en cours d’élaboration. Grâce aux diverses condamnations des propriétaires ainsi que des plateformes qui avaient dépassé la limite de 120 nuitées ou ne s’étaient pas soumis au changement d’usage et au mécanisme de compensation, la Ville estime avoir récupéré plus de 11 millions d’euros d’amende.
Malgré ces nombreuses mesures contraignantes dans une des villes les plus touristiques au monde, l’activité de la plateforme Airbnb n’est pas en berne, bien au contraire. En effet, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars au troisième trimestre, soit une augmentation 36% comparé à la même période en 2019.
Le troisième trimestre a été le meilleur trimestre d’Airbnb à ce jour. […] La pandémie a entraîné une révolution dans notre façon de vivre, de travailler et de voyager et nous innovons constamment pour répondre à cette nouvelle façon de voyager et de vivre.
Brian Chesky, le cofondateur et PDG d’Airbnb
En ce qui concerne la nature des nuits brutes réservées, 40% d’entre elles ont été effectuées à moins de 500km du domicile contre 32% au troisième trimestre de 2019. Également, les nuitées brutes réservées vers des destinations rurales ont augmenté de plus de 40% sur deux ans. Toutefois les séjours dans les destinations urbaines reprennent progressivement mais souvent en dehors des villes les plus emblématiques.