Effectif depuis le début de l’année 2020, le Brexit a entraîné des conséquences variées sur de nombreux secteurs d’activités, à commencer par le tourisme. Les touristes britanniques comme les touristes souhaitant se rendre au Royaume-Uni sont tous autant impactés, avec entre autres le renforcement des contrôles douaniers. Trois ans après son instauration, quel bilan en tirer ?
Le Royaume-Uni a toujours figuré dans les destinations européennes attractives avec pas moins de 40,9 millions de visiteurs en 2019. L’année suivante était toutefois marquée par deux grands évènements, l’instauration du Brexit à la fin du mois de janvier ainsi que l’arrivée du Covid quelques semaines après.
Une suite d’évènements qui auront eu pour conséquence une chute conséquente du nombre de touristes, passant ainsi à 11,1 millions. Mais comme le reste du monde, les années suivantes ont permis au secteur touristique britannique de se remettre quelque peu d’aplomb avec un ralentissement de la crise sanitaire couplé à un allégement des restrictions y étant liées.
Toutefois, les données de l'association professionnelle UKHospitality, en association avec l'agence de recherche CGA, ont révélé que malgré des ventes en 2022 dépassant les niveaux pré-Covid, 32% des entreprises d'accueil risquent de faire faillite l'année prochaine. Si le Brexit a sa part à jouer là-dedans, il faut également prendre en compte l’impact de l’inflation actuelle, la pénurie de main-d'œuvre et l'endettement dû au Covid-19.
Ces chiffres montrent la position difficile dans laquelle se trouve le secteur. La demande du public est clairement là, avec des revenus dépassant les niveaux d'avant la crise, mais il n'y a aucun moyen pour les établissements de tirer profit de cette demande alors qu'ils se noient dans des hausses de prix successives. Si nous n'agissons pas, nous pouvons voir à quel point l'année à venir pourrait être difficile, un tiers des entreprises risquant de faire faillite. Les établissements sont tout simplement incapables de répercuter les prix sur le consommateur au même rythme qu'ils voient leurs propres coûts augmenter.
Kate Nicholls, directrice générale, UKHospitality
Et la situation pourrait empirer l’année prochaine avec la mise en place d’une autorisation de voyage pour pénétrer le territoire. L’ETIAS (European Travel Information and Authorisation System) britannique devrait bientôt voir le jour, prenant exemple sur celui d’ores et déjà en vigueur aux Etats-Unis. Un document qui concernera tous les voyageurs étrangers, même ceux provenant de pays exemptés de visa, c’est-à-dire les voyageurs européens qui jusqu’ici n’avaient besoin que de leur passeport.
Cette autorisation de voyage se matérialise sous la forme d’un formulaire en ligne à remplir plusieurs jours avant un départ. Cette formalité s’accompagnera également d’une taxe, dont le montant n’est pas encore connu pour le moment. À titre informatif, l'autorisation de voyage nécessaire pour fouler le sol américain, l'ESTA, est de 21 dollars.
L’ETIAS devait rentrer en vigueur à la fin de l’année 2023, toutefois l’Union européenne a une nouvelle fois reporté la mise en application de cette dernière. En effet, le site web de la Commission consacré à la migration et aux affaires intérieures a modifié la date de mise en œuvre d'ETIAS pour la fixer à 2024. En outre, cette démarche s’inscrit dans la volonté du gouvernement britannique d'avoir intégralement numérisé le passage de la frontière d'ici à 2025.
Une démarche qui ne fait pas que des heureux puisqu’il sera ainsi plus compliqué de se rendre au Royaume-Uni. Exit les séjours sur un coup de tête car une demande d’autorisation de voyage est traitée dans un délai de 48 à 72 heures. De plus, certaines personnes pourraient être réticentes quant à l’idée de payer pour pouvoir séjourner quelques jours dans le pays.
L’ESTIA devrait ainsi encore plus impacter un écosystème touristique britannique fragilisé depuis maintenant près de 3 ans. Les professionnels du secteur ne se sont pour l’instant pas encore exprimés sur ce sujet mais cela ne devrait à coup sûr pas arranger leurs affaires, eux qui doivent déjà faire face à une augmentation du coût de l’énergie et des matières premières sans précédent. Reste à voir si les touristes resteront fidèles à la destination ou s’ils se tourneront vers d’autres territoires plus simples d’accès.