Le forum international A World for Travel s’est tenu à Nîmes les 27 et 28 octobre dernier avec la présence de plusieurs experts de l’industrie. Si de nombreux sujets ont été abordé, la transition durable du secteur touristique, notamment grâce à l’utilisation de nouvelles technologie, était au cœur de tous les débats. Retour sur cette seconde édition riche en témoignages et enseignements.
Le secteur touristique se doit de devenir une industrie des plus vertueuses à l’heure où l’urgence climatique devient un sujet de premier ordre. Alors que l’Accord de Paris fixe un objectif global de limiter l’élévation de la température de la planète à moins de 2°C par rapport au niveau préindustriel, le secteur touristique a un rôle primordial a joué. En effet, le voyage représente aujourd’hui 5% de l’ensemble des émissions mondiales de CO2. Une empreinte qui par ailleurs devrait augmenter de 25% en 2030, versus 2016.
De nombreux acteurs se mobilisent d’ores et déjà en ce sens, comme les représentants des 193 Etats réunis pour l’assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU, qui ont fixé un objectif très ambitieux, supprimer les émissions de carbone d’ici à 2050.
Toutefois ce projet nécessite d’importants financements, en effet, la décarbonisation de l’aviation se chiffre en milliers de milliards de dollars. Les compagnies aériennes, fortement fragilisées par la pandémie, ne seront pas en capacité de réunir seules cette somme titanesque, les Etats se verront ainsi dans l’obligation de contribuer à la transition durable du secteur aérien.
La table-ronde « The Problem and the Solution for Carbon Offsetting & Carbon capture –Technology and AI Carbon impact measurements » a été notamment l’occasion de revenir sur le rôle de la technologie dans la réduction et la compensation carbone du secteur du tourisme et en particulier l’aérien.
Pour Kit Brennan, Fondateur de Thrust Carbon, la compensation carbone repose sur trois piliers. Le premier est l’additionnalité climatique, soit le fait qu’un projet doit générer un impact environnemental positif par rapport à une situation de référence. Le deuxième pilier est la vérification, en effet, chaque compensation carbone doit être contrôlée par un tiers. Enfin le troisième et dernier est l’action passée, par exemple, les arbres doivent être plantés bien avant l’action.
Selon Teodora Marinska, COO/Head of Public Affairs à la Commission européenne du tourisme, il y a encore un manque de confiance chez les consommateurs dû à un manque de transparence autour du concept de compensation carbone. Constat partagé par Hilary Matson, Fondatrice de Yugen Earthside, qui voit une certaine confusion chez les voyageurs concernant les certifications et la manière dont leur argent est réellement utilisé. Par ailleurs selon elle, la compensation carbone effectuée par des personnes individuelles n’est pas la clé du problème, il faut imaginer des solutions davantage collectives.
Néanmoins, le tourisme responsable ce n’est pas seulement une question de CO2 et de gaz à effet de serre. A l’issue de AWFT, cinq axes de travail à destination de tous les acteurs du secteur ont été identifiés :
- Développer des collaborations entre industries publiques et privées
- Réduire les gaz à effet de serre et absorber pour les émissions incompressibles
- Accroître l’engagement des personnes à limiter leur impact environnemental négatif sur l’environnement
- Améliorer l’impact social, dans les équipes ainsi qu’à destination
- Prioriser les investissements pour développer les voyages durables
Par ailleurs, le tourisme durable devient un pilier essentiel du secteur. Ainsi, les entreprises qui n’investissent pas suffisamment pour être plus vertueuses intéressent moins les investisseurs selon une table ronde réunissant notamment Henry Briance (fonds Certares) et Serge Mesguich (Bpifrance). De plus, les jeunes voyageurs se montrent de plus en plus sensibles aux questions environnementales et aux entreprises engagées.