L’arrivée de la cinquième vague et les nouvelles restrictions sanitaires gèlent à nouveau la reprise de l’activité hôtelière. A la suite des annonces gouvernementales, les professionnels sont préoccupés par l’impact du renforcement des protocoles sanitaires sur leur activité à l’approche de la période de fin d’année. Fréquentation, prises de réservation : où en est le marché hôtelier français, et quelles sont ses perspectives à court terme ?
Au lendemain des annonces du Conseil de défense sanitaire qui s’est tenu ce lundi 6 décembre 2021, les professionnels du secteur hôtelier s’inquiètent à nouveau d’un volume important d’annulations. En effet, la cinquième vague qui s’abat sur la France depuis quelques semaines ne rassure pas les professionnels du secteur. Et pour cause : en 2020, le mois de novembre marqué par le second confinement avait été marqué par un recul de -82% du chiffre d’affaires de l’hôtellerie par rapport aux normales.
Mais après une saison estivale correcte (-20,4% sur juillet-août relativement à l’été 2019), ce premier automne déconfiné en 2021 affichait jusqu’ici des résultats plutôt encourageants pour l’hôtellerie française : en octobre et novembre 2021, les performances d’activité n’ont été inférieures « que » de -16% aux standards d’avant-crise. Le début de l’automne a été marqué par un retour progressif de la clientèle d’affaire qui avait commencé à reprendre ses habitudes, et les vacances scolaires de la Toussaint ont également pu profiter aux hôteliers.
Néanmoins, les annonces d’hier (dont l’incitation au télétravail et la limitation des regroupements dans la sphère professionnelle et privée) pourraient retarder une nouvelle fois la reprise du secteur. Et les hôteliers n’ont pas tort de s’en préoccuper. En effet, dès le 24 novembre, la conférence de presse du ministre de la Santé Olivier Veran annonçant un resserrement du dispositif sanitaire s’est traduite par un recul des prises de réservations.
UN NOUVEAU TASSEMENT DE LA FRÉQUENTATION
L’activité était repartie en novembre avec des taux d’occupation ayant atteint un plus-haut automnal avec 61,1% sur la semaine du 15 au 21 novembre au niveau national et, fait nouveau, 70,6% à Paris. La capitale avait pourtant jusqu’alors davantage souffert de la crise sanitaire que le reste du pays du fait d’une dépendance plus forte à la clientèle d’affaire et internationale. Mais depuis la rentrée, grâce à la généralisation du passe sanitaire notamment, le secteur de l’évènementiel d’affaires avait retrouvé des couleurs, permettant à l’activité hôtelière francilienne de se redéployer.
Si la première semaine de décembre marque un léger tassement de la fréquentation à la suite des nouvelles annonces, les taux d’occupation sont encore bons malgré la recrudescence de l’épidémie (57,3% au niveau national et 65,3% à Paris la semaine du 29 au 5 décembre). Il est d’ailleurs habituel que cette période affiche des taux de fréquentation inférieurs aux semaines précédentes en raison d’une clientèle d’affaire moins nombreuse.
Toutefois, les annonces de ces dernières semaines ont enclenché un recul des prises de réservation, phénomène qui est en train de s’accélérer. Même si les réservations de dernière minute sont encore importantes et compensent les annulations qui se multiplient, les réservations sur les 30 prochains jours ont enclenché une dynamique de recul :
LE VOLUME D’ANNULATIONS COMPENSÉ PAR LES RÉSERVATIONS DE FIN D’ANNÉE
Réservations hôtelières pour les 30 prochains jours (J+1 à J+30), à date du 6 décembre + comparaison avec les 4 lundis précédents
Évolution hebdomadaire depuis la mi-novembre des réservations* hôtelières pour la période du 13 au 31 décembre
* réservations nettes = prises de réservations - annulations
Si le taux d’occupation observé n’a pas encore beaucoup diminué dernièrement, depuis les dernières annonces, les réservations nettes sur la dernière semaine quant à elles signent donc un net repli, porté par un nombre important d’annulations. En effet, les prises de réservations hebdomadaires sont passées de +14% sur la semaine du 15 au 21 novembre à +9% sur la semaine du 29 au 5 décembre.
Comme à son habitude, l’Ile-de-France enregistre des taux de réservation plus élevés que la province à l’approche des fêtes de fin d’année (42,3% au 6 décembre). Mais la région n’est pas épargnée par le tassement des réservations, particulièrement marqué pour la deuxième quinzaine de décembre. Si le taux d’occupation est resté à des niveaux corrects ces dernières semaines, grâce à des réservations prises il y a quelques temps déjà, la reprise complète de l’hôtellerie francilienne tardera un peu plus à venir.
Il en va de même pour Strasbourg, dont les perspectives étaient, depuis plusieurs semaines déjà, excellentes pour le mois de décembre grâce notamment aux marchés de Noël et au calendrier parlementaire, mais qui a été depuis deux semaines particulièrement concernée par l’attentisme des clients en matière de prises de réservation.
La province, qui enregistre des taux moins élevés de réservation en fin d’année que l’Ile-de-France a vu ses réservations reculer progressivement chaque semaine, au fil de la hausse des cas de contaminations et des nouvelles restrictions.
Lyon, qui accueille la célèbre Fête des Lumières le week-end du 11 décembre, avait enregistré de solides volumes de réservations pendant la semaine du 22 au 28 novembre, avant là aussi d’enregistrer un fort attentisme pour la deuxième quinzaine du mois.
Globalement, l’effet de ralentissement de l’activité hôtelière française ne devrait donc se faire plus fortement ressentir qu’à partir de la semaine du 12 décembre. Mais si un tassement est bel et bien observé, il ne s’agit nullement d’un effondrement comparable à la situation de l’automne 2020, où les annulations dépassaient les réservations et où l’activité s’était effondrée à moins d’1/5e de ses standards. La tendance actuelle est plutôt à un tassement, marquant une pause dans la dynamique de ces dernières semaines.
Vanguelis Panayotis, CEO MKG Consulting, dresse les perspectives du secteur :
Les dernières annonces et les nouveaux enjeux sanitaires vont à nouveau différer la reprise de l’hôtellerie française à la fin du premier trimestre 2022. Pour autant, la situation sous-jacente est bien meilleure en termes de reprise et les contraintes ne devraient pas être aussi fortes que l’an dernier. Ainsi, en fin d’année et au premier trimestre, l’hôtellerie française fera face à un ralentissement, mais, si les contraintes sanitaires en restent là, il ne s’agira en aucun cas d’une nouvelle hibernation.
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