Recettes touristiques internationales 2023, la France ambitionne de rattraper l’Espagne

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Publié le 22/03/24 - Mis à jour le 22/03/24

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Éternelles rivales, la France et l’Espagne proclament chacune leur leadership en nombre de visiteurs internationaux pour la première, en recettes globales pour la seconde. En augmentant la valeur ajoutée des séjours, la France voudrait arriver à plier le jeu.

Face aux règles officielles de calcul Eurostat, à la révision des instruments de mesure par les instituts habilités à proclamer les résultats, les chiffres sur le bilan touristique 2023 restent un peu flous dans un contexte concurrence acharnée entre les deux grandes puissances touristiques européennes : la France et l’Espagne.

D’un côté, TurEspaña s’appuie sur des organismes qui ne semblent pas avoir dévié de méthodes depuis des années. L’enquête annuelle Frontur sert de base à l’Instituto Nacional Estadistica (l’INSEE espagnol) pour afficher 85,1 millions d’entrées touristiques internationales en 2023 (+18,7% par rapport à 2022 et 2% par rapport à 2019).

Et selon Egatur, l’enquête sur les dépenses des touristes étrangers pilotée par la Banque d’Espagne, les recettes provenant des touristes non-résidents en Espagne au cours de l'année 2023 ont été de 108,7 milliards d'euros, soit une augmentation de 24,7% par rapport à 2022 et de 18,2% sur 2019.

L'INSEE ajuste sa méthode de calcul et annonce 93 millions de visiteurs en 2022

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Du côté français, les chiffres sont plus évolutifs. Aussi bien l’INSEE que la Banque de France revoient leurs méthodes de calcul et réactualisent les résultats, en général en découvrant des visiteurs ou des recettes oubliées dans une case de la feuille Excel.

Du côté des entrées touristiques internationales, qu’on associe rapidement au nombre de touristes étrangers, Caroline Leboucher, directrice générale d’Atout France, a reçu une note de l’INSEE, qui a révisé sa méthode de calcul sur l’année 2022. Il a finalement identifié 93 millions d’arrivées internationales, contre 85 initialement…

En projetant un taux de croissance raisonné, en raison des grands événements de l’an passé, on devrait tangenter les 100 millions d’arrivées touristiques internationales en 2023. « Nous attendons la confirmation officielle de l’Institut auprès d’Eurostat pour pouvoir communiquer officiellement », annonce prudemment la directrice générale.

Cela n’empêche pas, en attendant, de justifier un discours conquérant et de réclamer la première place du podium mondial, même si Caroline Leboucher reconnaît : « Nous bénéficions de la définition mondiale du concept de touriste (une nuitée au moins sur le territoire), tout en sachant qu’environ 20% des entrées internationales correspondent à un transit sur notre territoire pour aller vers d’autres destinations ».

En termes de motivation de séjour, on serait donc en deçà des 80 millions réels de touristes internationaux en France.

63,5 milliards d’euros de recettes, soit une hausse de 12% sur 2022

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Du côté des recettes, la Banque de France est plus affirmative. En 2023, elles se montent à 63,5 milliards d’euros, soit une hausse de 12% sur 2022, avec un solde positif de 18 milliards d’euros (compte-tenu des dépenses des Français à l’étranger). « C’est un nouveau record, dont il faut féliciter l’ensemble des professionnels du secteur Tourisme », se réjouit Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge du secteur. « Cela confirme la place essentielle du Tourisme dans notre économie et son rôle majeur pour contribuer à l’équilibre de la balance des paiements ».

Nos voisins européens sont les premiers contributeurs de ces recettes internationales : Benelux, Royaume-Uni, Suisse. Les visiteurs américains se hissent à la 4e place des dépenses avec plus de 6,2 milliards d’euros. Malgré une reprise progressive, les clients asiatiques font encore défaut, entre 66% et 70% de baisse de recettes par rapports aux belles années d’avant Covid.

Quand l’Espagne se targue de 108,7 milliards de recettes, la France ne lui en accorde que 84,9 : « Ils intègrent des dépenses que nous ne prenons pas en compte », explique Caroline Leboucher. Dès lors le gap n’est plus si considérable. La ministre caresse le secret espoir qu’avec une amélioration de la valeur ajoutée des séjours consommés en France, un travail sur la qualité et la montée en gamme de nos prestations, la France pourrait aller contester son titre européen à l’Espagne sur les recettes.

Pour mémoire, en 2018, la Banque de France a revu son modèle de calcul. « Nous ne mesurions pas avec une précision suffisante les dépenses des pays émergents, en premier lieu la Chine », justifiait en son temps le directeur général des statistiques. Et les recettes internationales ont gagné un petit coup de pouce pré-Covid de 10 milliards d’euros. Si les Chinois reviennent en force, tout devient possible.

 

 

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