Alors que la crise du Coronavirus sévie en Asie, la rupture des échanges avec la Chine, foyer de l'épidémie, pose la question des conséquences sur le tourisme en France, tout particulièrement sur le secteur hôtelier. Hospitality ON dresse un premier bilan de la situation en janvier et en ce début de février.
Alors que les vols vers la Chine des compagnies Air France-KLM, Lufthansa, IAG, Turkish Airlines ou encore Finnair ont été annulés jusqu’au mois de mars, la clientèle chinoise déserte la destination France, en particulier la capitale. Cela fait déjà deux semaines que les connexions aériennes opérées entre la France et la Chine ont été rompues. La question est donc de reprendre la liaison de/vers Shanghai et Pékin progressivement dès la mi-mars ou vers Wuhan vers la fin mars, en ce qui concerne le groupe Air France-KLM.
D’ici là, les annulations des touristes chinois pleuvent sur le secteur hôtelier français. Mais en réalité, comme l’explique notre partenaire, Vanguelis Panayotis, président du groupe MKG, sur la chaîne de télévision BFM TV (vidéo ci-dessous), l’impact est toutefois relatif, circonscrit à certains hôtels de la capitale où les touristes chinois représentent une grande partie de leur clientèle. A l’échelle du marché en Île-de-France, les séjours des ressortissants chinois ne représentent que 4,4% du marché, ou bien 5,0% de nuitées pour 101,9 millions de nuitées enregistrées en 2018.
Les rares hôtels impactés par la baisse des arrivées de touristes chinois sont les établissements haut-de-gamme parisiens. En réalité, l'impact ne se fait ressentir que sur le début du mois de février. Comme l'indique les résultats quotidiens ci-dessous, le reste du mois de janvier est plutôt épargné. Les résultats démontrent au contraire une belle progression du marché par rapport au mois de janvier 2019, qui avait été fortement impacté par la crise des Gilets Jaunes.
Le taux d’occupation (TO) des hôtels haut-de-gamme parisien a gagné +6,18 points sur la période du 1er janvier au 12 février 2020, par rapport aux mêmes dates l’an dernier. Le TO était donc de 69,51% en moyenne sur la période de 43 jours, face à 63,06% en 2019. Les derniers jours de la période laissent néanmoins entrevoir une période de baisse, puisque depuis le 6 février, un recul de l’activité a été observé, avec un record de baisse à -13,02 points d’occupation le mercredi 12 février (TO de 63,87%).
Depuis le début du mois de février, les échanges de touristes entre les deux pays ont en effet bien ralenti. Le 4 février, le SETO (Syndicat des Entreprises du Tour Operating) s’est réuni avec les principaux tour-opérateurs positionné sur la destination Chine, à l’issu de quoi il a été recommandé à tous les acteurs de suspendre et reporter tous les départs pour la Chine jusqu’au mardi 31 mars 2020 inclus.
Du côté de la France, un encadrement des personnes en provenance de la Chine ou de Hong Kong est assuré aux aéroports de Paris Charles de Gaulle et de Saint-Denis de la Réunion depuis le 25 janvier. Il s’agit d’un dispositif « assuré par des personnels d’associations agréées de sécurité civile en lien avec le service médical de l’aéroport renforcé de professionnels de santé médicaux et paramédicaux issus de la réserve sanitaire du ministère de la Santé ».
Un peu plus tard, le 8 février a été marqué par l’apparition d’un « cluster » (qui désigne dans le cas présent « un regroupement de plusieurs cas autour d’un cas initial ») identifié en Haute-Savoie, dans la commune de Contamines-Montjoi. Il se composerait de cinq touristes britanniques en séjour dans un chalet, qui auraient été infectés par le Coronavirus (COVID-19), dont quatre adultes et un enfant, par l’intermédiaire d’un des membres du groupe qui revenait d’un séjour à Singapour. Une sixième personne aurait également déclaré les symptômes de la maladie récemment, qui a été placée « en isolement strict à l’hôpital depuis ce moment-là ».
Bien que plutôt épargné jusqu’à présent, la question de l’impact du Coronavirus sur le tourisme se pose maintenant à travers l’incident en Haute-Savoie sur la saison touristique du ski dans les Alpes, ou à plus large échelle, sur le tourisme en France à moyen terme.