
Dans les années 90, les tour-opérateurs français, longtemps habitués à un schéma classique de répartition des compétences entre les producteurs et les distributeurs agences de voyages, ont eu à faire face à un défi de taille : l’irruption dans leur univers des acteurs de la grande distribution. Des structures comme Vacances Carrefour, Auchan Voyages ou Voyages Leclerc ont bousculé leurs habitudes. Pour les grandes surfaces, il s’agissait de devenir des lieux d’achat de services et non plus exclusivement de marchandises. Elles se sont constituées des catalogues, soit en créant elles-mêmes leurs produits, soit en rachetant des prestations à des T.O., préférant pactiser que s’opposer. On leur a reproché d’assumer sans état d’âme de lourdes pertes, au nom de la promotion d’une nouvelle image de la distribution, en achetant d’énormes stocks pour les revendre à des prix sacrifiés… D’autres objectent, au contraire, qu’elles ont élargit le marché, en créant une clientèle qui, sans elles, ne serait jamais venue aux voyages. En démocratisant la pratique, elles auraient fait profiter tout le secteur d’une nouvelle manne de touristes convertis.
Le tour-operating français est-il vraiment menacé ? Dans son ancienne forme : oui. La plupart des opérateurs ont désormais bien conscience des enjeux et ne seront pas pris de vitesse. L’activité entre dans une phase de profonde mutation. La combinaison brusque, simultanée, d’une crise économique et d’un changement durable des pratiques touristiques appelle d’énormes efforts d’adaptation, de nouvelles manières de penser le métier. En France, il y aura un créneau pour de grands groupes qui auront su développer une approche industrielle du secteur, et à l’opposé, pour de petites structures en pointe sur une niche originale. L’avenir des T.O. de taille intermédiaire est plus inquiétant, tant ce tableau ne laisse que peu de place à leur modèle économique… à moins que ces derniers ne procèdent à d’importants regroupements, le scénario le plus crédible. “Le métier de tour-opérateur va devenir de plus en plus exposé. Il va aussi exiger une grande flexibilité et des seuils de réflexion toujours plus hauts. Mais c'est un métier qui, assurément, a de l'avenir", conclut René-Marc Chikli.Dix ans plus tard, les tour-opérateurs français et la grande distribution collaborent plus qu’ils ne se concurrencent. Ce nouveau circuit de vente permet aux T.O. de négocier des stocks de façon industrielle, de garantir le remplissage de leurs avions. Par bien des aspects, le système s’inscrit logiquement dans les transformations du métier.Aujourd’hui, les principaux concurrents des tour-opérateurs français sont les sites Internet indépendants, dignes héritiers du service minitel Dégriftour du début des années quatrevingt dix. Surfant sur la double vague de la recherche de promotions et des décisions prises à la dernière minute, ils affichent des chiffres de croissance à l’opposé du marasme vécu chez les tour-opérateurs classiques. Nombreux à vendre leurs produits en direct sur le Net, les T.O. français n’ont pas eu la même puissance de communication que...
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