
Quels que soient notre nationalité, notre religion, nos croyances, notre métier, aujourd’hui nous sommes tous proches des victimes de l’attaque sauvage et intolérable contre la rédaction de Charlie Hebdo. Le respect me porte d’abord à m’associer à la douleur de toutes les familles touchées par le drame et à leur témoigner de ma profonde sympathie, au sens littéral du terme, en partageant leur émotion.
La révolte me porte aussi à m’associer au courage de cette rédaction qui s’est faite le porte-parole de la liberté d’expression en acceptant un risque assumé. L’expression des idées est le fondement même de la démocratie, d’une société libre où la pensée unique, l’oppression des opinions, le rejet de la discussion doivent être condamnés. Les journalistes de Charlie Hebdo sont les dernières victimes d’une intolérance fanatique qui nous conduit droit dans le mur. Comment peut-on encore mourir pour des idées au XXIème siècle, après plus de 6 000 ans de «progrès» de nos différentes civilisations ? C’est à désespérer de la nature humaine qui n’a fait qu’un bien petit pas pour s’éloigner de la barbarie préhistorique. La planète n’est pas si grande qu’on puisse la partager entre des communautés qui se combattent inlassablement en s’inventant de nouveaux prétextes, de nouvelles excuses, de nouvelles haines. Comme s’il n’était pas assez difficile de cohabiter avec la nature qui se déchaîne elle-aussi, l’humanité s’engage dans un processus d’autodestruction.Combattre la violence mais à quel prix ? Continuer de vivre dans une insouciance aveugle ? Dialoguer avec ceux qui ne veulent rien entendre ? Les réponses sont difficiles à trouver et le prochain Prix Nobel de la Paix sera bien mérité pour celui qui trouvera un début de piste efficace. En attendant, il faudra bien continuer de vivre avec de la pitié, de la colère, des doutes, des craintes. Un nouveau seuil a été franchi aujourd’hui, quoi qu’on en pense, et les conséquences vont se faire sentir dans la vie quotidienne, dans la vie des affaires, dans l’image de la France à l’extérieur. Une forme d’Union sacrée, de solidarité intelligente peuvent naître de cette agression sauvage. Ce serait la meilleure réponse à ceux qui cherchent à faire trembler les bases de notre société civilisée. Georges PanayotisRédacteur en Chef