Contestations sociales, l'image de la destination France une nouvelle fois écornée

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Publié le 28/03/23 - Mis à jour le 28/03/23

Grève France Hotels restaurants

La gestion politique de la réforme des retraites a poussé à bout une partie de la population française entrainant des milliers de personnes dans les rues et un processus de grèves reconductibles. Au-delà des manifestations, ou plutôt en leur sein, certains mouvements radicaux sèment le chaos et c'est ce que la presse retient, véhiculant une image catastrophiste de la destination France. En dehors d'une image abîmée, il y a également des conséquences concrètes avec un manque à gagner visible dans les données de performance des hôtels tirées de la base de données MKG Consulting au 27 mars 2023.

S’il s’agit d’un impact assez modéré et relatif, puisqu’en valeur absolue les différents territoires et gammes restent en hausse relativement à 2019 et 2022, la comparaison avec les jours sans grève montre bien cet impact. Les données font ressortir un manque à gagner sur le chiffre d’affaires de -14% à Paris (soit un RevPAR en hausse de +18% les jours de grève contre +32% hors jours de grève), -12% en IDF hors Paris (-11% vs +1%) et -8% en Régions (+3% vs +11%).

Le milieu de gamme (-14%) est un peu plus impacté, vraisemblablement car sa clientèle corporate est plus affectée par les restrictions de transports, tandis que les gammes budget/économiques sont traditionnellement plus résilientes et le haut de gamme/luxe est soutenu ces dernières semaines par la forte demande des clientèles internationales.

L’impact varie sensiblement au cas par cas selon les journées de mobilisation considérées, avec un pic les 7-8 mars aux alentours de moins un tiers d’activité à Paris et en Île de France et de -20% en Régions par rapport aux jours hors grèves. La journée du 23 mars a fortement affecté Paris (-28% par rapport aux journées hors grève), un peu moins les Régions (-13% par rapport aux journées hors grève).

Le GHR-IDF a partagé ce 27 mars en fin de journée, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation, un communiqué de presse dans lequel il « tire la sonnette d’alarme face à l’impact des mouvements sociaux sur l’activité des cafés, hôtels et restaurants de la capitale ». Ainsi, selon les données récoltées auprès des adhérents, 95% des professionnels du secteur ont constaté une baisse de fréquentation de leurs établissements.

Pour Pascal Mousset, président du GHR IDF : « Le risque est que cette baisse de la fréquentation vienne porter le coup de grâce à des établissements déjà en difficulté. Les établissements parisiens devaient déjà faire face à l’explosion du coût des matières premières, puis de l’énergie, aux évolutions erratiques de la réglementation parisienne sur leurs activités, le tout en continuant à rembourser les PGE suite à la crise du Covid. La baisse de fréquentation est donc particulièrement dangereuse dans ce contexte de forte tension. »

On n’observe, en revanche, pas d’impact à court terme de la grève des éboueurs à Paris ; les touristes internationaux notamment avaient déjà réservé depuis longtemps. Cet impact se manifeste cependant sur l’image de marque de la destination France dont des vidéos et photos d’affrontements et de poubelles émaillent les journaux télévisés et les réseaux sociaux en France et à l’étranger. Le report de la visite de Charles III a ainsi largement fait les unes des journaux britanniques, une clientèle que la France dispute à l’Espagne.

Le blocage du musée de Louvre ce lundi 27 mars envoie aussi un signal négatif aux touristes dont certains quitteront Paris sans avoir vu la Joconde.

Plus dommageable à long terme que le report de la visite du roi Charles III, la France est sous le feu des projecteurs avec l’arrivée prochaine de la Coupe du Monde de Rugby sur son territoire et celle des JOP 2024. Ces deux manifestations sont en pleine organisation dans une période loin d’être apaisée qui génère également des frottements en coulisse.

« L’image de la Capitale se dégrade de jour en jour, avec les conséquences que l’on peut craindre sur la saison touristique à venir. Il y a urgence : il faut à minima répondre aux enjeux de salubrité publique. Il est délirant que la santé des Parisiens et de tous les visiteurs de la capitale soient aujourd’hui l’otage de palabres politiques ! Le GHR IDF appelle les forces publiques à prendre leurs responsabilités : c’est un état d’urgence sanitaire et économique ! » Ajoute Pascal Mousset.

Aux accumulations de poubelles s’ajoutent les scènes de violence qui viennent se greffer à la contestation sociale. Ainsi l’office de tourisme de Lyon a dû temporairement relocaliser ses locaux suite aux dégradations subies par son accueil place Bellecour. Les témoignages d’hôteliers et restaurateurs présents sur les passages de cortèges se multiplient également sur les réseaux sociaux. Tous les professionnels ont en tête les dégradations du Mama Shelter de Rennes tout juste ouvert et certains restaurateurs parisiens partagent leur colère de voir leurs établissements saccagés mais confient également leur peur.

Frank Delvau, président de l’UMIH Paris Île-de-France résume : « Les conséquences sont multiples. Pour les jours de grèves, il y a des annulations qui peuvent atteindre 40%. Nous constatons de nouveau des annulations de séminaires et congrès voire le report de réunions en visioconférence du fait de la grève des transports.

Ces baisses de déplacements ont également des effets dans les restaurants car cela supprime les déjeuners ou dîners la veille.

Il commence également à y avoir un sentiment d’insécurité dû aux casseurs et les établissements de nuit sont impactés. Les consommateurs craignent de sortir et notamment à Paris où il y a des feux de poubelles tous les jours.

Les jours de grèves sont des journées noires pour les commerces. Ceux qui sont sur les parcours des manifestations font le choix de fermer.

Enfin ces débordements ont une incidence sur la fréquentation des touristes de proximité. Les européens qui planifiaient de venir passer un week-end à Paris changent de choix de destination. La fermeture du Musée du Louvre hier et de la Tour Eiffel la semaine dernière a également des effets négatifs. »

Au-delà des questions de fond sur la réforme des retraites sur lesquelles chacun peut se faire une opinion, l’ampleur du bras de fer engagé entre gouvernement et opposants à des conséquences directes sur une activité qui représente 8% du PIB français et dont les entrepreneurs passent de crises en crises depuis maintenant 2015. S’ils ont majoritairement fait preuve de résilience, le remboursement des PGE entamé en 2022 associé à l’inflation qui affecte les coûts énergétiques, les matières premières ainsi que les attentes salariales d’un personnel en désamour compliquent encore une équation qui regroupe de plus en plus d’inconnues.

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