
Le magazine Challenges publie son dernier classement des plus grandes fortunes professionnelles, première photographie des grands patrimoines de l’après Covid. Les entrepreneurs issus de l’hôtellerie sont frappés de plein fouet par la crise sanitaire.
Le patrimoine des 500 plus grandes fortunes de France a continué de progresser, de 3 % entre juin 2019 et juin 2020, pour atteindre un niveau record de 730 milliards d’euros et ce malgré la pandémie et la récession du premier semestre 2020. Pour comparer avec 2009 et la crise des subprimes, à l’époque, la fortune totale des 500 fortunes professionnelles avait reculé de 27 % et le nombre des milliardaires était tombé à 33, contre 95 aujourd’hui.
Comme l’an dernier le luxe domine le classement. Indétrônable, Bernard Arnaud est toujours à la 1ère place. Le patron de LVMH atteint pour la première fois la barre des 100 milliards d'euros (+13% par rapport à l'édition 2019). La famille Hermès se classe à la deuxième place loin derrière, avec 55,5 milliards (+29%).
Le coronavirus a accéléré la redistribution des cartes. Ce palmarès identifie comme secteurs "Covid-résistants" le numérique, l'agro-alimentaire, l'énergie verte, les biens de consommation primaire ou encore le secteur de la santé.
L'hôtellerie, secteur hautement dépendant de la conjoncture, a particulièrement été frappée par le confinement et les conséquences de la crise sanitaire. La plupart des établissements ont été fermés pendant le confinement, mais contrairement aux restaurants, ils n’y étaient pas obligés par les pouvoirs publics. Ils ont fermé faute de clients. Du coup, la prise en charge du manque à gagner par les assurances est à exclure. Dans ce contexte, les « hôteliers patrimoniaux », (Ladreit de Lacharrière 14ème place, Reybier 53ème place, Courbit 74ème place) qui ont aussi une autre activité, s’en sont sortis beaucoup mieux que les autres. La fortune de la famille Desseigne-Barrière par exemple, du groupe d'hôtels et casinos Lucien Barrière, a été amputée d'environ un tiers, retombant à 610 millions d'euros et à la 142ème place, contre la 103ème l'an dernier.
Georges Panayotis, président fondateur du groupe MKG, compare la conjoncture de ces derniers mois à un rasoir à trois lames : « La première, c’était la crise des “gilets jaunes”, qui a entraîné une baisse d’activité de 15 à 20 %. La deuxième, le confinement, où l’on est tombé à zéro activité. La troisième lame, c’est la récession, qui va durer bien au-delà de l’année 2021. »
Selon ce dernier, l’industrie hôtelière connaît des cycles de cinquante ans et un nouveau cycle va débuter, cinquante ans après la création du groupe Accor par Paul Dubrule et Gérard Pélisson. La crise aurait juste accéléré des mutations destructrices : « Les opérateurs n’ont pas assez investi depuis les années 1980, ils vont le regretter. »
