• L’hôtellerie française joue aux montagnes russes. Après un été correct, puis un mois d'octobre catastrophique avec une baisse du RevPAR à deux chiffres toutes catégories confondues, le mois de novembre s'est terminé sur une performance moins décevante. • Le recul du RevPAR s'est limité à -6,3%, soit un recul moins prononcé qu’en 2008 (-7,1% l'an dernier). Fait marquant, le prix moyen est en positif (+0,4%), ce qui n'était plus arrivé depuis le premier mois de l'année 2009.
La progression des prix est assez sensible pour le 2* (+3,1%), même si celle-ci est contrebalancée par une baisse de la fréquentation (-5,4 pts). Comme toujours depuis le début de la crise, le prix moyen de l'hôtellerie Budget se montre imperméable aux fluctuations de la fréquentation. Ce qui n'est bien évidemment pas le cas de la catégorie 4*.Méthodologie : la Base de données de MKG Hospitality effectue chaque mois le traitement statistique des parts de marché de plus de 3 500 hôtels : analyse personnalisée des taux d’occupation, prix moyens et RevPAR face au marché concurrentiel, en fournissant des indices de performances et des indices de pénétration des marchés, avec plus de 20 ans d’historique. Les traitements respectent les règles de déontologie, de confidentialité et de maintien de la concurrence édictées par les autorités de l’Union européenne.La différence de performances entre Paris et la Province, défavorable à la capitale française plus sensible à la conjoncture internationale, a été circonscrite en novembre. Paris a profité de l’effet bénéfique du salon biennal Batimat. Ainsi, par rapport à de nombreux mois de l’année où elle figurait en queue de peloton, la région Ile de France se situe dans la moyenne française, en dessous de régions comme le Midi-Pyrénées ou la Haute-Normandie, mais au dessus de Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur ou Nord-Pas de Calais. C’est l’Alsace qui fait figure de grand perdant du mois. Strasbourg avait bénéficié en 2008 d’une très forte activité du parlement européen, liée à la présidence française de l’Union Européenne. La fréquentation, en particulier celle de son hôtellerie haut de gamme, a nettement souffert de la comparaison. Lyon n’a pas non plus bénéficié d’un calendrier MICE porteur.ZOOM SUR LE “TOP” DU MOIS : Le Havre, boosté par la Transat • Novembre a souri au deuxième port français. Car si le TO n’est en hausse que de seulement un point par rapport à 2008, le prix moyen global sur le mois affiche une évolution de +12,3%. _ • La raison tient au départ pendant les vacances de la Toussaint de la Transat Jacques Vabre qui aura permis aux hôteliers de finir en beauté une année en dents de scie. _ • Le Havre s’en sort néanmoins bien mieux que la plupart des grandes agglomérations françaises et aborde l’année 2010 sur les chapeaux de roue. Au menu : un calendrier évènementiel plutôt soutenu et, surtout, l’arrivée tant attendu sur la destination des croisières " têtes de ligne ". Danièle & Patrick Pourquoy, directeurs du Campanile Le Havre, à Montivilliers _ “Nous sommes situés en périphérie du Havre, sur une zone commerciale située à environ 10 kilomètres du Nord de la ville. Cette localisation explique que nous travaillons majoritairement avec le segment affaires (70% de la fréquentation annuelle). Le mois de novembre fut plutôt bon. Nous avons eu quelques retombées indirectes de la Transat Jacques Fabre, grâce au report de la clientèle des commerciaux habitués à se loger en centre-ville et qui, faute de place, ont préféré venir séjourner chez nous. Néanmoins, il semblerait que cette année la crise ait eu raison de la fréquentation touristique liée à cet évènement. En 2007, lors de la précédente édition du Transat, nous avions en effet fait de bien meilleurs résultats. Ainsi, si novembre fut un bon mois, ce fut surtout grâce aux retombées générées par les compétitions sportives durant les week-ends : compétitions de badminton, open de tennis et même rencontres équestres. L'arbre ne doit pourtant pas cacher la forêt, car si cette fin d'année fut plus souriante, en revanche, 2009 restera une année difficile. On a observé des changements de comportements de la clientèle, notamment des VRP qui réduisent la durée de leur séjour ou cherchent à rogner sur leur budget repas. Aussi, pour 2010, nous préférons rester prudents tout en nous montrant vigilants. Il faut lancer des initiatives locales, intégrer toutes les bonnes volontés, c'est d'ailleurs tout l'objet des réunions de travail des membres du club hôtelier réalisées en collaboration avec l'office de tourisme. Le Havre est une ville qui bouge et cela ne peut que nous ramener de la clientèle. Nous comptons d'ailleurs beaucoup sur la dynamique économique générée par la création d'évènements ou la mise en place d'équipements structurants, comme ce fut le cas pour les Docks Vauban avec le logement des ouvriers et techniciens du site”.Vincent Radigois, directeur de l'hôtel ibis Centre Le Havre _ “A la fin du mois de novembre, Le Havre a accueilli l'embarquement des véhicules du Paris-Dakar, mais cet événement n'a pas généré beaucoup de nuitées. En revanche, la Transat Jacques Vabre a été beaucoup plus conséquente en termes de retombées économiques, de la fin octobre jusqu'au jour du départ le 8 novembre. Sur cette période, le tarif semaine a été appliqué pendant le week-end. Nous avons hébergé des membres de l'organisation et des spectateurs. Cependant, pour cette manifestation, l'apport a été moins conséquent qu'en 2007. Le segment loisirs est touchée au portefeuille, ce qui se ressent également en décembre. Et, tout au long de l'année, ce sont les promotions Internet qui ont stimulé cette clientèle. Mais Le Havre est avant tout une ville d'affaires. Sur ce segment, nous avons été peut-être moins touchés que d'autres, compte tenu de notre localisation en centre ville et de l'image de la Marque Ibis. Bien sûr, Le Havre a été touchée par la crise, un phénomène accru par l'ouverture de plusieurs hôtels ou résidences hôtelières . Et je n'ai pas un bon ressenti pour le début 2010 même si on nous annonce un début de reprise pour le deuxième semestre. Je constate seulement une demande un peu plus forte pour des séminaires restauration organisés par des sociétés qui avaient limité leurs dépenses en 2009”.Philippe Rouzel, hôtelier Best Western Art Hôtel Le Havre _ Tous les deux ans, les hôteliers havrais font un bon mois de novembre grâce au départ de la Transat Jacques Vabre. Cette année fut particulièrement bonne car l'événement a eu lieu durant la première semaine du mois, contrairement aux éditions précédentes où il était à cheval sur octobre et novembre. Nous avons également pu bénéficier des retombées du congrès sur l'éolien, organisé conjointement à la Transat et qui nous a permis durant cette semaine de vacances de la Toussaint de pallier la baisse de la fréquentation affaires en période de congés scolaires. Le bilan mensuel est donc excellent avec une activité 15 % supérieure à la fréquentation moyenne de la période et une augmentation toute sauf négligeable de notre prix moyen. Cette année, le positionnement renforcée de la ville sur le marché des congrès, la concrétisation ça et là de projets structurants ont permis de soutenir notre activité affaires dans un contexte économique pourtant frappé par le ralentissement de deux activités phares du bassin havrais : l'automobile et la chimie. Nous avons essayé d'accompagner ces développements par une politique tarifaire dynamique associant qualité optimum et prix juste. Le Havre est également une ville qui s'ouvre très fortement au tourisme de fin de semaine. Même si elle n'est pas encore considérée comme une destination touristique de premier choix, elle met de plus en plus en avant ses atouts culturels. Nous fondons par ailleurs beaucoup d'espoir sur l'arrivée en mars de croisières têtes de ligne. Même si nous n'avons encore pas d'historique, le Havre - porte d'entrée facile vers Paris - est une destination naturelle pour ce marché. La commission tourisme de la CCI est en pleine réflexion sur les actions à mener pour en tirer le meilleur profit, avec un focus sur l'accueil et l'ouverture des commerces le dimanche, jour d'embarquement.Entretien avec Guy Valembois Directeur de l’Office du tourisme et des congrès du HavreEn novembre, l'activité hôtelière havraise affichait un taux d'occupation global de 64,3%. Un bon chiffre étant donné le climat économique actuel. Comme pouvezvous l'expliquer? _ En novembre, comme tous les deux ans, nous avons accueilli le départ de la Transat Jacques Vabre, un évènement majeur du calendrier havrais qui a eu lieu comme chaque année pendant les vacances scolaires de la Toussaint. Concurrents, sponsors et journalistes ont permis de booster pendant près de deux semaines la fréquentation hôtelière de l'agglomération. L'autre constat favorable aux nuitées hôtelières reste le redémarrage économique des grandes entreprises de la zone (EDF, Total…) et de l'activité portuaire en général. On a également accueilli plusieurs séminaires sur les thèmes de l'éolien en mer, l'attractivité du territoire havrais en matière de professions médicales, la convention d'affaires China Europa.Quels sont pour 2010 vos gros chantiers touristiques? _ Nous voulons capitaliser sur l'ouverture en octobre dernier des Docks Vauban. Cette nouvelle infrastructure à dominante loisirs et culture (cinéma, boutiques de prêt à porter, librairie…) a généré d'importants flux de visiteurs, au delà même des estimations de l'investisseur Unibail. Le succès est tel qu'en 2010, de nouvelles grandes enseignes vont rejoindre l'offre actuelle parmi lesquelles Baobab, Zara... La fin 2011 verra également la création d'un Village des marques, à l'image de ceux développés dans le Nord de la France, à Roubaix mais aussi à Troyes et en région parisienne. Cette nouvelle offre commerciale doit s'installer dans les Docks Café( requalifiés) et finalisera l'aménagement de l'interface ville port. 2010 sera également une grande année pour l'évènementiel : d'importantes manifestations sont attendues comme le Festival de l'impressionnisme, la mise en lumière de la digue nord, ou encore le départ fin juillet de la course nautique du Figaro. Autre secteur en fort développement, la croisière va passer à la dimension supérieure avec, à partir de mars 2010, l'arrivée des croisières tête de ligne. Désormais, le Havre disposera d'un équipement lui permettant de gérer l'embarquement et le débarquement de 300 à 500 croisiéristes par escale. 70 escales dont plusieurs « tête de ligne » sont annoncées pour la saison 2010. Ce nouveau positionnement devrait profiter à l'hôtellerie havraise par l'accompagnement de produits spécifiques à développer.Ville de croisière, le Havre se veut aussi ville d'affaires. Quels sont vos objectifs pour cette année ? _ Nous sommes en train de finaliser une étude de faisabilité pour la création d'un centre de congrès. Le Havre a la particularité d'être une grande agglomération sans centre d'affaires dédié. Or, aujourd'hui, un tel équipement est devenu incontournable si nous voulons nous positionner sur ce marché. Jusqu'à maintenant, nous organisions les manifestations dans les docks cafés, des espaces d'accueil ne correspondant pas à ce que l'on attend d'un équipement de congrès. De plus, ceux-ci vont être bientôt monopolisés par le nouveau projet du Village des marques. La réflexion porte sur la création d'un équipement de 800 places, comprenant les services de restauration, d'accueil et d'expositions. La décision finale devrait être arrêtée au premier trimestre 2010 avec l'objectif d'une ouverture le 2ème trimestre 2012. La création d'une telle infrastructure concomittante avec les grands projets structurants en cours( Tramway, Odyssey 21, Grand Stade…) devra s'accompagner d'un élargissement du parc d'hébergement. L'étude en cours l'a démontré et un diagnostic réalisé précédemment avait également mis en exergue l'insuffisance du parc existant. Pour accueillir les congrès de façon permanente avec un équipement dédié, il faut un parc plus homogène. Une montée en gamme est souhaitée, voire même nécessaire. Aujourd'hui, grâce au redémarrage économique et à la perspective de la création de projets structurants, l'agglomération du Havre est devenue un territoire de développement hôtelier.Hôtellerie de chaînes - tous segments confondus : Les tops et les flops des agglomérations Une situation pour le moins contrastée, c’est bien ce que révèle la lecture de la carte de France des performances hôtelières pour le mois de novembre dernier. Les plongées sont abyssales, rarement atteintes dans les années précédentes et s’expliquent la plupart du temps par la disparition brutale de la clientèle Affaires, individuelle mais surtout en séminaires et congrès, comme l’a vécu Calais. Il faut se rappeler que le mois de novembre 2008 n’était déjà pas brillant, ce qui montre le recul énorme par rapport aux bons scores de l’année 2007. L’amélioration des performances des villes de l’Ouest, en général, comme Saint-Brieuc, Cherbourg et Le Havre, se mesure avec la même précaution. Il suffit en général de quelques réunions d’affaires bien situées et un grand événement pour faire basculer le RevPAR en positif.Résultats cumulés - tous segments confondusLa plongée spectaculaire d’octobre dernier du RevPAR de toutes les catégories n’aura été, fort heureusement, qu’un épisode perturbant mais passager. Il faut presque se réjouir que la baisse du mois de novembre soit, à nouveau dans la moyenne des mois précédents, sous la barre des 8 % et même des 7%. Dès lors le résultat cumulé sur les 11 mois écoulés est à nouveau conforme avec la prévision annoncée en mars dernier au Global Lodging Forum, autour de 9% de baisse du RevPAR national. Il y a fort à parier que le mois de décembre s’inscrive dans la même lignée, avec un sursaut d’animation autour des fêtes de fin d’année dans les grandes métropoles. Les privations de l’année ont pesé sur le moral des Français, et même de certains étrangers, qui ont envie de se libérer un peu de la morosité en ne sacrifiant pas les vacances de Noël.La relative bonne tenue des prix moyens en début d’année a permis de mieux maîtriser le dérapage constaté après la période estivale. L’hôtellerie économique parvient même à maintenir une amélioration en pourcentage avec de faibles variations en valeur du prix. On ne peut évidemment pas en dire de même des catégories supérieures, touchées par l’absence de clients internationaux.BASE DE DONNÉES MKG HOSPITALITYEchantillon : les tendances fournies par la Base de données de MKG Hospitality sont fondées sur le traitement mensuel des indicateurs de performance de 3 500 hôtels, récoltés hôtel par hôtel, représentant 275 000 chambres. Cet échantillon, le plus large en France et en Europe, est en croissance régulière de 7 % l’an depuis 2004. Il inclut à ce jour la quasi totalité de l’offre des chaînes intégrées et un nombre de plus en plus important d’hôtels indépendants. Il représente 60 % du chiffre d’affaires réalisé par l’ensemble de l’hôtellerie française.Outils de suivi : au-delà des performances mensuelles, la Base de données de MKG Hospitality dispose d’un programme de suivi des performances quotidiennes - Hotelcompset Daily® - sur les principales places européennes. Il permet de suivre en temps réel l’évolution des places et des grands pays européens. La base de données conduit des missions d’analyse concurrentielle et d’information sectorielle pour le compte des investisseurs, des institutions financières, des organismes publics, ainsi que pour les chaînes internationales.Méthodologie : la Base de données de MKG Hospitality effectue chaque mois le traitement statistique des parts de marché de plus de 3 500 hôtels : analyse personnalisée des taux d’occupation, prix moyens et RevPAR face au marché concurrentiel, en fournissant des indices de performances et des indices de pénétration des marchés, avec plus de 20 ans d’historique. Les traitements respectent les règles de déontologie, de confidentialité et de maintien de la concurrence édictées par les autorités de l’Union européenne.
