L’hôtellerie européenne misait sur la montée en puissance de la vaccination et, comme l’été dernier, sur la levée progressive des restrictions sanitaires et les départs en vacances pour regagner en activité. Pari gagné : l’été 2021 a été bien meilleur que celui de 2020 (+66,7% de RevPAR sur juillet-août d’après les premières estimations), même s’il reste encore très en dessous des niveaux pré-COVID (-37,6%par rapport à l’été 2019). Tous les pays progressent, mais cette dynamique n’efface pas les très fortes disparités entre pays et zones.
Cet été, la vaccination des populations et les passeports sanitaires européens ont pu permettre aux hôtels du continent de retrouver au moins en partie leur clientèle domestique et européenne. Par rapport à l’été 2020, les performances de 2021 signent ainsi de solides hausses dans tous les pays d’Europe, que ce soit en termes de Taux d’occupation, de Prix Moyen ou de RevPAR. Le Taux d’Occupation a rebondi de 16,8 points, franchissant de nouveau le seuil symbolique des 50% (52.4%). Et le RevPAR de l’hôtellerie européenne s’est élevé à 53,0€, soit une augmentation de 66,7% par rapport à 2020.
Mais malgré ce rebond, les performances restent encore nettement en-deçà des niveaux pré-Covid : sur l’été, le revenu par chambre de l’hôtellerie européenne reste inférieur de -37,6% à celui de l’été 2019.
Une reprise à plusieurs vitesses
Eté 2021 : Evolution du RevPar, évolution en % par rapport à 2019
Source : MKG_destination
Tous les pays européens ne se sont pas relevés de la même façon, avec des écarts de RevPAR allant de -22,8% (par rapport à l’été 2019) pour la France à -70,5% pour la Hongrie. Cela s’explique par plusieurs facteurs :
- Les différents calendriers de levée des restrictions : par exemple, tandis que la mobilité était déjà largement normalisée dès le début de l’été en Grèce ou en France, le Royaume-Uni n’a bénéficié d’allègements concernant les quarantaines à l’arrivée sur son territoire qu’à partir du 28 juillet, tandis qu’au Portugal la dernière étape d’assouplissement des mesures sanitaires n’a débuté qu’au 1er août.
- L’importance des clientèles loisirs, car en ces mois estivaux ce sont les vacanciers qui ont tiré la demande, soutenant plus particulièrement l’activité dans les pays méditerranéens (Espagne, Grèce, Italie, France – puis Portugal à partir d’août) ; c’est une dynamique que l’on retrouve aux échelles nationales comme locales.
- L’importance de la clientèle domestique sur le marché hôtelier local : elle est prépondérante notamment en France, en Allemagne et en Pologne, tandis qu’à l’inverse elle est très limitée en Hongrie, Tchéquie ou au Benelux.
- Et enfin les calendriers locaux de vacances. Ce facteur affecte notamment l’Italie, où les vacances durent jusqu’à la mi-septembre : son hôtellerie a ainsi encore beaucoup reculé en juillet (RevPAR -50,5%) mais a ensuite signé la meilleure d’Europe en août (seulement -20,1% par rapport à 2019).
Le littoral a le vent en poupe, poussé par la clientèle domestique
Les disparités en termes de performances hôtelières ne sont pas qu’au niveau national, mais aussi au niveau des types de territoires. Sur l’ensemble des pays européens étudiés, le RevPAR des zones littorales cet été s’est élevé à 96,0 €HT, soit 70,7% de plus qu’en 2020 et seulement -12,8% de moins qu’en 2019. Sur la même période, le RevPAR des zones non littorales était de 45,7€HT, encore -38,2% en-deçà des standards de 2019. La crise sanitaire affecte aujourd’hui plus fortement les zones intérieures qui dépendent plus du tourisme d’affaires, tandis que le littoral peut s’appuyer sur une clientèle loisirs qui a envie de voyager et du pouvoir d’achat pour le faire.
Eté 2021 : Taux d'occupation, par pays
Evolution du RevPar, évolution en % par rapport à 2019, du 1er juillet au 21 août
Source : MKG_destination
Dans certains pays le taux d’occupation des hôtels de bord de mer a quasiment regagné le niveau d’avant crise (-3,1 points en France, -4,4 en Allemagne et -4,8 au Royaume-Uni) et franchi les 80%. Et en termes de RevPAR, en cet été 2021 les zones littorales de certains marchés ont même dépassé leur niveau pré-COVID, avec +13,8% en Allemagne, +12% au Royaume-Uni, +7,2% en France ou encore +10% en Pologne.
De nombreux clients des traditionnels marchés émetteurs du Nord de l’Europe ont donc choisi les bords de mer de leur propre pays pour passer l’été, même si beaucoup ont aussi repris leurs habitudes de départ au soleil dans les pays méditerranéens. Cette forte demande a tiré à la hausse les prix moyens dans ces zones où l’offre est contrainte.
Les régions urbaines, les plus pénalisées par la crise
Plus dépendantes des clientèles internationales et d’affaires, toujours pas revenues à leurs niveaux d’avant-crise, les grandes métropoles sont toujours les plus touchées par la crise sanitaire. C’est une dynamique qui affecte beaucoup les tendances régionales : en Allemagne, la Hesse s’en est moins bien sortie, avec un recul de RevPAR supérieur à -50%. Il en est de même pour l’Espagne avec Madrid et Barcelone et en France avec la région de Paris très loin derrière les autres.
D’autres régions, bénéficiant d’un tourisme de loisirs plus affirmé, ont signé des RevPAR plus élevés qu’en 2019. C’est le cas de régions littorales, comme en France les régions des Pays de la Loire et de la Bretagne, en Espagne la Galice et les Asturies, ou en Allemagne la région du littoral de la Mer Baltique (Schleswig-Holstein). Mais c’est aussi le cas de régions de l’intérieur peu exposées à la clientèle internationale, comme l’Estrémadure, la Castille-et-Léon et l’Aragon en Espagne.
Evolution du RevPar en France par région. Evolution en % par rapport à 2019
Source : MKG_destination
Evolution du RevPar en Allemagne par région. Evolution en % par rapport à 2019
Source : MKG_destination
Evolution du RevPar en Espagne par région. Evolution en % par rapport à 2019
Source : MKG_destination
Quel bilan ?
Partout en Europe, l’été 2021 a donc marqué une amélioration notable de l’activité hôtelière, après un début d’année encore très difficile. Au cumul du 1er janvier au 31 août 2021 (été inclus), les revenus d’activité des hôtels ont reculé d’entre -54,8% et -86,3% selon les pays.
Portés par leur belle saison estivale et le poids relativement plus important de cette période dans leur chiffre d’affaires annuel, ce sont l’Espagne, la Grèce et la France qui signent pour le moment les meilleurs résultats en Europe. A contrario, Tchéquie, les Pays-Bas, la Hongrie, la Belgique et le Portugal enregistrent encore des baisses supérieures à -75%, c’est-à-dire que leur chiffre d’affaires a été divisé par 4 en 2021 relativement à l’avant-crise.
Evolution du RevPar par pays en %, 2021 par rapport à 2020
Source : MKG_destination
Mais partout la situation s’améliore, avec des baisses d’activité généralement contenues en-deçà des -70% sur l’été. Et l’accélération est encore plus marquée dans certains pays comme l’Italie, qui a perdu 54,8% de son chiffre d’affaires depuis le début d’année mais a vu ses pertes se compresser à -22,8% sur l’été et à -13,9% au mois d’Août.
Ainsi, à l’échelle européenne depuis le début de l’épidémie jamais la performance des hôtels n’était revenue aussi proche de ses standards pré-COVID :
Taux d'occupation en Europe (UE + Royaume-Uni), avant et après COVID
Source : MKG_destination
Vanguélis Panayotis, CEO de MKG Consulting, commente :
« Grâce aux vacanciers européens, l’été a apporté un rayon de soleil bienvenu aux hôtels du continent, notamment ceux de bord de mer. Mais l’année reste difficile et la rentrée va être une nouvelle heure de vérité, car 10 mois sur 12 l’hôtellerie reste en premier lieu dépendante des clientèles d’affaires et de l’évènementiel, deux segments qui jusqu’ici avaient eu du mal à retrouver leurs niveaux d’activité pré-COVID ».
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