
• Entre Nantes et Paris, la capitale de l’Anjou a su développer un tourisme d’affaires et industriel particulièrement compétitif dans la région Grand Ouest. Un projet ambitieux de centre de congrès est prévu à l’horizon 2015. • Le tourisme d’agrément a lui aussi sa carte à jouer avec les châteaux et la Loire en vélo ainsi que le nouveau parc à thème Terra Botanica, en adéquation avec la spécificité de la ville en matière horticole. • Non contente de se spécialiser dans le développement durable, Angers se veut une ville modèle en matière d’accessibilité touristique des personnes handicapées.
"En 2010, le tourisme d’affaires a représenté 67% de l’hébergement hôtelier à Angers. Cette dominante affaires s’estompe très légèrement du fait de la crise qui a eu un impact sur les comportements économiques des entreprises. Nous restons malgré tout confiants car le plus dur de la crise semble derrière nous. S’agissant du tourisme d’agrément, l’année 2010 a été identique à 2009 : la baisse initiée dès 2008 a donc été enrayée", déclare Olivier Bouchereau, directeur marketing et commercial de l’Office de tourisme d'Angers Loire Métropole.“L’hôtel est affilié à Citotel depuis 12 ans, date de création de la chaîne indépendante (200 hôtels). Janvier et février 2011 ont été un peu moins bons qu’en 2010, mais les mois suivants montrent un rétablissement. 85% de notre clientèle est issue des professionnels. Le tourisme d’agrément, malheureusement, n’est pas assez développé à Angers. Il serait utile de développer notre communication à cet égard. Notre patrimoine est très riche. Néanmoins, le loisir connaît un regain depuis la mise en route du parc Terra Botanica dont nous commençons à ressentir les effets. En revanche, la ville a beaucoup investi sur l’organisation des congrès et des séminaires. Je remarque qu’en la matière, les salons sont de plus en plus serrés, car les budgets de plus en plus restreints. A Angers, les taux d’occupation sont très faibles sur les weekends, les vacances scolaires et les mois d’été. Pour autant, il ne faut pas brader les nuits. Enfin, on ne sait plus prévoir notre activité à l 'avance du fait des réservations de dernière minute sur Internet”.L’agglomération angevine, située au carrefour des voies de communication entre l'arc Atlantique et Paris, a été classée par le magazine L'Entreprise deuxième agglomération la plus attractive de France et première ville en France pour sa qualité de vie par l’hebdomadaire L’Express, début 2010. Au coeur du Val de Loire, inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco, Angers jouit effectivement d’un cadre de vie exceptionnel. La ville surprend par la richesse de son patrimoine : "Angers, qui est considérée comme faisant partie des châteaux de la Loire, souffre d’une certaine déperdition des touristes du fait de sa position excentrée. Néanmoins, nous essayons de capter une partie de ce flux. La région offre également la possibilité de suivre la boucle angevine de la Loire en vélo. L’accent mis sur le développement durable et notre spécialisation dans le végétal nous différencie avantageusement des autres villes", souligne Olivier Bouchereau. Une spécialisation qui a conduit à la création d’un parc dédié au végétal, Terra Botanica. Ce parc a pour mission d’être la locomotive touristique d'Angers et de son agglomération. Initié par la Conseil général de Maine-et-Loire, il propose 40 animations et attractions sur près de 11 hectares. Entièrement consacré au végétal sous toutes ses formes, il se veut la vitrine de la filière horticole angevine. "Terra Botanica est ouvert 7 mois par an depuis 2010. Il représente un argument supplémentaire pour allonger la durée moyenne de séjour. D’autant qu’à partir du 25 juin, le nouveau tramway passera à proximité du parc. Les premiers échos sont très favorables. Ce parc n’a pas vu le jour par hasard à Angers, ville portée par la filière horticole". L’Office communautaire européen de variété végétale possède d’ailleurs son siège dans la capitale de l’Anjou, première région horticole française. "Nous intégrons d’ailleurs cet atout dans notre communication. Angers est une ville verte. Sur le développement durable, nous essayons d’être exemplaires, tout comme certains de nos hébergeurs, détenteurs de l’écolabel européen", précise Olivier Bouchereau.Angers, à la pointe du développement durable, se distingue aussi par son souci des personnes handicapées. La capitale angevine est à la pointe de l’accueil des personnes souffrant de handicaps. Olivier Bouchereau: "Près de deux ans après l'incendie qui a frappé le château d'Angers et plus particulièrement le logis royal, les travaux de rénovation viennent de commencer. La restauration, qui devrait s'achever fin 2012, permettra d'améliorer les conditions d'accueil. De gros efforts ont été faits sur l’accessibilité. Un sujet qui nous est cher à l’office de tourisme. A cet effet, nous avons créé un circuit confort. Angers est territoire pilote dans un nouveau projet facilitant l’accessibilité des lieux (gare, tramway, hébergement). Il s’agit du label «Destination pour tous». Nous sommes en attente d’être labellisés à la fin de la période de test". La ville compte désormais jouer pleinement la carte du tourisme d’agrément, sans oublier les étrangers : "A l’office de tourisme, nous recevons 75% de français et 25% d’étrangers, majoritairement britanniques, allemands, espagnols, italiens, hollandais. La moyenne des séjours des visiteurs étrangers est supérieure à celle des français. 2010 a marqué une hausse de cette clientèle qui se répercute dans les tendances hôtelières avec une hausse des nuitées étrangères, soit un retour à la situation d’avant la crise. Le tourisme d’agrément est essentiel pendant les weekends et au mois d’août, période à laquelle où le segment affaire est au plus bas".L’aire angevine présente un paysage économique diversifié. Son économie a été propice au développement des entreprises locales, notamment sur la scène internationale et à l’accueil de sièges sociaux. L’industrie de la santé est particulièrement développée à Angers: Novartis Seeds, Farméa, Zach System et Intervet Sa et R&D en sont les principaux fleurons. Un tissu économique encore dense, malgré les mutations économiques, qui génère une forte activité Affaires, fer de lance de l’économie touristique angevine. Avec 300 jours d’activités par an, le Parc des Expositions d’Angers a parmi les meilleurs taux d’activité en France après Paris et les grandes métropoles. Angers bénéficie d’un excellent positionnement géographique et d’une importante structure (28 000 m² d’espaces couverts d’un seul tenant), permettant d’accueillir d’importantes manifestations. Quatre grands salons rythment l’activité du parc : le salon Maison Bois en octobre et trois salons à thématique végétale, pôle d’excellence de l’agglomération angevine : le salon Végétal, le Sival et le salon des Vins de Loire qui ont lieu en janvier et février. Le Centre des congrès, qui chaque année accueille plus de 180 manifestations, a une activité plus traditionnelle même si l’on retrouve une forte présence de manifestations ayant trait au végétal spécialisé. Pour développer ses atouts, Angers a mis en place un bureau des congrès et évènements (BDCE), une plate-forme d’information, de promotion et de commercialisation. Instaurée par la ville d’Angers, Angers Loire Métropole, Angers Loire Tourisme, Angers Expo Congrès et la CCI Angers Loire Tourisme, la structure a pour mission de positionner le pays angevin sur le marché des rencontres et évènements d’affaires. Le BDCE est un guichet unique facilitateur d’organisation. Olivier Bouchereau : "Grâce à cet outil, nous nous consacrons à une double mission. Premièrement, promouvoir notre ville auprès des organisateurs de rencontres professionnelles - la concurrence est rude -, attirer des événements et jouer un rôle de facilitateur.Deuxièmement, un service réceptif est destiné aux organisateurs qui veulent des séjours clefs en main". Valérie Mathieu Fichot, directrice du Bureau des congrès et évènements, développe son propos : "Nous privilégions deux axes stratégiques de développement pour le tourisme d’affaires à Angers Loire Valley : les congrès de plus de 300 participants, d’une part et, les séminaires et incentives insolites, d’autre part. En proposant une nouvelle collection d’événements insolites pour chaque saison (lieux et activités), Le Bureau des congrès et événements agit sur la promotion du territoire et valorise l’offre des 85 membres de son Club Angers Mice qui réunit les plus grands équipements et professionnels des rencontres d’affaires du Maine et Loire. 76% des organisateurs recherchent des lieux originaux pour leurs séminaires. Concrètement, nous accueillons les 11èmes Rencontres Nationales des Cadres Territoriaux et nous organisons pour cette occasion une soirée de gala en coordination avec les Parcs et Jardins de la ville d’Angers. Le cocktail se tiendra dans le jardin des Plantes et la soirée se poursuivra dans le Centre de Congrès transformé pour l’occasion en jardin d’été. Dans un secteur fortement concurrentiel, les organisateurs recherchent la créativité et la réactivité, il est important pour nous d’apporter une haute valeur ajoutée à nos services".Portée par le segment Affaires, l’hôtellerie de la ville montre conséquemment un contraste entre les très bons taux d’occupation en semaine et ceux plus faibles des week-ends. Un projet d’hôtel et de bureaux autour de la Gare devrait sortir de terre dès le printemps 2012. Elle accueillera un hôtel trois étoiles d’une centaine de chambres et une résidence service d’une capacité d'environ 80 petits appartements. Les hôteliers pensent, eux, que l’offre hôtelière est suffisante mais un autre projet pourrait changer la donne dans les prochaines années: "L’offre du parc hôtelier est de 2 000 chambres. Une évolution assez stable en capacité. La capacité hôtelière constitue 60% de l’hébergement marchand", souligne le directeur marketing de l’OT, qui conclut : "En 2015, un projet de centre des congrès est en bonne voie, en face du château d’Angers, avec un hôtel à la clef de 150 chambres. Il aura vocation à faire monter Angers en puissance dans le domaine du tourisme d’affaires".Terra Botanica , nouvelle locomotive du tourisme angevinAvec près de 260 000 visiteurs accueillis en 2010, Terra Botanica a remporté son pari dès sa première saison en enregistrant une fréquentation supérieure aux prévisions. Un succès d’autant plus mérité que les visiteurs sont pour plus de 50 % venus d’autres départements que le Maine-et-Loire (20 % des quatre départements des Pays de la Loire et 30 % hors de la région). Le centre d’affaires a lui aussi connu un grand succès depuis sa mise en service fin avril : 150 événements se sont tenus dans le centre d’affaires ou même des lieux du parc, privatisés pour certaines occasions. Entre la découverte du parc et le centre d’affaires, le parc à thème est parvenu à développer une complémentarité entre la présence d’une clientèle familiale sur les vacances et week-ends et une clientèle groupes et d’affaires sur le printemps et l’automne notamment en semaine. Terra Botanica, ce sont 15 000 m² de serres et de bâtiments qui abritent, entre autres, cinémas et animations sur le végétal. La fréquentation du parc est établie sur la base d'une fréquentation minimale de rentabilité de 250 000 visiteurs. A terme, le parc en attend 400 000. Des retombées économiques de près de 8 millions d'euros, sont attendues dans les transports, la restauration et le tourisme dans la région. Luc Tapie, Secrétaire général d’Angers Expo Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet du nouveau Centre des congrès à Angers prévu pour fin 2015 ? _ Angers a créé l'un des premiers centres de congrès en 1983 et la ville a forgé un vrai savoir-faire professionnel en la matière. Le centre actuel va avoir 30 ans et nécessite une rénovation de 25 M d’euros. C’est un bâtiment vieillissant dont les services ne seront bientôt plus à la hauteur du potentiel de développement du territoire. Une rénovation sur deux ans équivaudrait à une baisse forte de notre activité. _ Il s’agit également de saisir l’opportunité d’un foncier disponible. En front de Maine, face au château, ce projet bénéficie d’un cadre exceptionnel. Sa proximité avec l’espace culturel Le Quai, l’ouverture de Terra Botanica, l’arrivée du tramway et le projet de réappropriation des berges en cours l’inscrivent dans une dynamique urbaine où environnement, cadre de vie, déplacements, culture et économie se rejoignent au service du développement de la métropole. Angers possède une culture économique solide où les congrès génèrent 8 M d’euros sur le territoire. _ Symbole d’une ambition nouvelle, ce nouveau centre serait un véritable outil de rayonnement à l’échelle européenne et témoignera du savoir-faire angevin en matière de congrès et de salons. La proximité de Paris (1h25 en TGV) et du Val de Loire ainsi que le dynamisme économique du Grand Ouest de la France sont des atouts supplémentaires dans la conception et la réussite de ce projet.Dans quel contexte économique ce projet s’inscrit-il ? _ L’activité congrès a été très bonne 2009, et ce en période de crise, paradoxalement 2010 a été une année bien plus difficile. Néanmoins, nous sommes très confiants dans le potentiel de développement économique de la ville. L’organisation mise en place, notamment avec le BDCE, crée les opportunités de demain. Il faut vendre Angers sur la Loire, et combler le déficit de notoriété de la ville, mettre en valeur le patrimoine de l’Unesco. D’autre part, si on ne peut nier la baisse d’un secteur secondaire traditionnellement fort à Angers (symbolisé un temps par Thomson), cette dernière se trouve compensée par le développement du secteur tertiaire. De plus, Angers bénéficie de l’attraction des villes de l’Ouest. Le bassin de vie d'Angers est créateur de nouveaux emplois depuis 15 ans dans son ensemble. La ville est forte de son pôle végétal, mais aussi de son pôle Finance-Prévoyance-Retraite, qui génère, entre autres secteurs, d’importantes retombées économiques.Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le projet hôtelier ? _ L'objectif consiste à franchir un seuil important en termes de retombées économiques et c'est pour cela que le projet d'hôtel est lié. La clientèle d’affaires représente 72,8% dans la capitale angevine. En conséquence, le projet de centre de congrès compte aussi la construction d’un hôtel 3* d’environ 150 chambres qui complètera de façon cohérente le parc hôtelier actuellement disponible. Aujourd’hui, Angers dispose de 2 000 chambres environ dont seulement un peu plus de 300 en 3 étoiles (Nantes en a 1 420 et Tours 1.020). Nous sommes sur une logique de dynamique et de création d’offre qui doivt augmenter le nombre de nuitées.Chantal Hallier, directrice de l’hôtel Mercure Centre“L'hôtel Mercure Angers Centre, situé en plein centre-ville, est adossé au centre des congrès depuis sa construction en 1983. 75% de notre clientèle est composée d'hommes d'affaires. L'établissement travaille avec des sociétés angevines telles que Scania, Thyssen Krupp. En fin de semaine, le remplissage est plus difficile. Nous avons peu senti la crise en 2009 et 2010 a marqué un maintien de l’activité et une progression de la clientèle loisir. Nous nous ouvrons dorénavant aux groupes touristiques, ce qui n’était pas le cas auparavant. Quant à 2011, la tendance est positive avec une part affaires qui s’équilibre. Le TO devrait progresser en 2011. Notre clientèle est essentiellement française. Partenaire de l’office de tourisme et du BDCE, nous dépendons aujourd’hui beaucoup des flux issus des centrales Internet. Il est crucial pour nous d’être présents sur ces canaux de distribution. Le parc hôtelier angevin n’est limité qu’en période de pic de fréquentation.”Odile Blond, directrice de l’hôtel Balladins 2*“L’hôtel est idéalement situé en face du parc des expositions. Cette proximité bénéficie à notre clientèle, à majorité affaires. Ce qui ne nous empêche pas d’accueillir, en moindre proportion, une clientèle touristique. D’ailleurs, nous commençons à noter les premiers effets positifs du parc Terra Botanica. 2011 a marqué une progression avec un bon TO. Les tendances sont positives excepté les weekends et au mois d’août. Les périodes estivales sont très difficiles à Angers, août surtout, un mois très creux. Les salons professionnels nous font le plus grand bien mais il est à noter que les hommes d’affaires restent moins longtemps qu’avant. D’autre part, on voit de plus en plus de clients qui allaient dans les 3 étoiles venir aujourd’hui chez nous. Des efforts ont été faits par l’office de tourisme d’Angers et les 3 années de travaux du tramway bientôt terminés vont, je l’espère, dynamiser le centre ville. Je suis favorable au projet de nouveau centre des congrès et à l’hôtel qui doit y être intégré. Cette dynamique devrait être bénéfique pour toute la ville.”Vincent Bouyer, propriétaire et directeur de l’hôtel de France“Cet hôtel créé en 1893, en pariant avec succès sur l’essor du chemin de fer, appartient à ma famille depuis 3 générations. C’est un bâtiment Haussmannien qui s’est toujours situé dans le haut de gamme. La clientèle est à 80% affaires. Nous essayons néanmoins d’attirer une clientèle loisir les weekends. Depuis le début de l’année, la situation s’améliore, en semaine et en weekend. En période de crise, il y a report du 3 ou 4 vers le 2*. 2009 et 2010, qui ont été de mauvaises années pour le haut, ont été meilleure pour les 2*. Nous redémarrons fort en affaires, mais notre talon d’Achille, c’est le mois d’août. En effet, Angers est une ville de passage où les gens ne restent souvent pas plus d’une journée. De par son fort tissu industriel, la ville n’avait pas, jusqu’alors, misé suffisamment sur le loisir. Aujourd’hui, il est intéressant que des institutions se mutualisent, comme le CDT. et la chambre de Commerce, le palais des congrès et le parc expo. Tous les atouts sont réunis pour que nous progressions. Il y a de nombreux projets de résidences hôtelières financés par les niches fiscales, qui, s’ils sont menés jusqu’au bout déséquilibreront totalement le marché.”Anne Morel, directrice de l’hôtel Univers“L’hôtel est affilié à Citotel depuis 12 ans, date de création de la chaîne indépendante (200 hôtels). Janvier et février 2011 ont été un peu moins bons qu’en 2010, mais les mois suivants montrent un rétablissement. 85% de notre clientèle est issue des professionnels. Le tourisme d’agrément, malheureusement, n’est pas assez développé à Angers. Il serait utile de développer notre communication à cet égard. Notre patrimoine est très riche. Néanmoins, le loisir connaît un regain depuis la mise en route du parc Terra Botanica dont nous commençons à ressentir les effets. En revanche, la ville a beaucoup investi sur l’organisation des congrès et des séminaires. Je remarque qu’en la matière, les salons sont de plus en plus serrés, car les budgets de plus en plus restreints. A Angers, les taux d’occupation sont très faibles sur les weekends, les vacances scolaires et les mois d’été. Pour autant, il ne faut pas brader les nuits. Enfin, on ne sait plus prévoir notre activité à l 'avance du fait des réservations de dernière minute sur Internet”.

