
A l'occasion de la présentation des premières tendances estivales, la ministre de l'Artisanat, du Commerce et du Tourisme, Sylvia Pinel, a donné les trois axes de sa stratégie en matière de tourisme : restructuration d'une véritable filière, amélioration de la qualité de l'offre ; mise en oeuvre du droit aux vacances pour tous.
Le Tourisme fait preuve de résistance et la ministre Sylvia Pinel, comme ses prédécesseurs, hérite d'un secteur qui tranche dans la grisaille des plans sociaux industriels. En présentant un rapide bilan des six premiers mois de l'année et des perspectives estivales, la ministre en charge du Tourisme a repris à son compte les mêmes ambitions, atteindre la plus haute marche des pays bénéficiaires des recettes touristiques mondiales et pas seulement en nombre de séjours étrangers.De fait, les six premiers mois sont plutôt satisfaisants au vu de la fréquentation internationale qui progresse, soutenue par les visiteurs des destinations lointaines et des pays d'Europe du Nord, qui compensent l'effondrement partiel des touristes en provenance d'Europe du Sud. La volonté, plus affirmée, des Français de rester à l'intérieur de l'Hexagone ne peut que renforcer encore le potentiel de chiffre d'affaires touristique.Le début de la saison estivale s'inscrit parfaitement dans la lignée des premiers enseignements hôteliers fournis par le baromètre quotidien HotelCompSet de MKG Hospitality : les régions de l'Ouest soumises aux intempéries sont en retard, le sourire est plutôt de mise au Sud de la Loire et Paris réalise un parcours exceptionnel, qui a même de quoi inquiéter en termes de concentration des visiteurs. Les intitutionnels représentés par Jean-Pierre Serra, président de la Fédération des CDT, et Michel Burgin, président de la Fédération des OT/SI, ont confirmé ces tendances avec une accélération des décisions de dernière minute, dictées par la météo. Tous ont constaté le formidable engouement des visiteurs français et internationaux pour la capitale, laissant penser que les atouts du tourisme urbain (culture, patrimoine et animations) doivent servir de modèle à toutes les grandes agglomérations.Plus généralement, Sylvia Pinel a indiqué les axes de sa feuille de route. Elle a passé les dernières semaines à recevoir des délégations de professionnels avec leurs espoirs et leur cahier de doléances. Elle leur a prêté une "oreille attentive", selon tous les participants à ces tête-à-tête, et indiqué les axes prioritaires de son action.Sous l'intitulé : Le Tourisme, un moteur sous-exploité de la croissance économique française (un titre qui fait écho au Livre Blanc publié en Avril dernier par MKG sous le titre, L'industrie hôtelière française, un moteur sous-exploité de la croissance économique), la ministre rappelle les forces et faiblesses d'un secteur qui pèse lourd dans la balance des paiements, dans les emplois, mais pas assez dans les investissements. Elle veut donc articuler la "véritable politique du tourisme structurée et ambitieuse qui lui a manqué jusqu'à présent", dépassant ses simples acquis.Mise en place d'une filière de l'industrie touristiqueLe premier axe de cette politique est de réunir dans une filière industrielle les acteurs privés et publics, les entreprises et les collectivités territoriales pour faire agir les synergies et «contribuer à un meilleur équilibre territorial entre les destinations touristiques.» La nouvelle gouvernance de cette filière doit être définie lors d'une concertation nationale prévue en septembre prochain. Elle doit notamment s'appuyer sur les Contrats de destination, qui permettent de réunir sous une même bannière tous les acteurs locaux, quel que soit leur statut. Au passage, Sylvia Pinel souhaite une meilleure synergie entre le Tourisme et trois domaines complémentaires : le Commerce, l'événementiel festif et sportif, et la Culture.Le deuxième axe passe par l'amélioration de la qualité de l'offreOn doit retrouver sous ce volet tout ce qui va concerner la réhabilitation des hébergements touristiques, en station de montage et du littoral, l'investissement hôtelier, les réflexions sur les produits touristiques, la poursuite du classement hôtelier, mais également la formation adaptée pour combler les postes aujourd'hui non occupés et en créer de nouveaux. Sylvia Pinel ne changera pas la date butoir du 23 juillet pour supprimer l'ancien classement hôtelier. Elle demandera une certaine souplesse aux organismes de contrôle pour que les établissements engagés dans la procédure ne soient pas pénaliser par la perte de leurs anciennes étoiles, mais en tout état de cause, la nouvelle règlementation doit s'imposer. Elle demande à Atout France de mobiliser toutes ses forces pour que les procédures soient rendues les plus rapides et efficaces possibles. Les professionnels qui ont plaidé pour une grande campagne d'information publique sur le nouveau classement, au bénéfice des hôtels qui s'y sont inscrits, n'ont guère eu de réponse. Si Atout France est prêt à la concevoir, le budget n'est pas là.Le droit aux vacances pour tousNe négligeant pas la dimension sociale de son ministère, Sylvia Pinel souhaite faire bouger les lignes du départ en vacances et réduire la proportion de 40% des Français qui ne partent jamais ou que rarement. Elle va missionner "une personnalité qualifiée" pour lui rendre un état des lieux sur les dispositifs en place, comme le tourisme social ou les actions de l'Agence des chèques vacances, et pour faire de nouvelles propositions.Sur les questions techniques, la ministre sort son "Joker", les dossiers sont encore trop frais et les demandes, parfois contradictoires des professionnels doivent s’inscrire dans les axes définis. Elle veut néanmoins répondre à certaines préoccupations en matière de distribution en ligne, de concurrence déloyale et de para-commercialisme. Des modifications du code du Tourisme sont à prévoir dans ce sens.
