Dossier :

Surtourisme

Débordements, incivilités, épuisement des ressources et des habitants, dégradation de l'expérience visiteur... le tourisme serait, pour certaines destinations, source de troubles ressentis trop fréquemment par les autochtones. Entre mythe et réalité, quels sont les vrais enjeux ? Que disent les chiffres de l'activité hôtelière ? Quelles solutions sont apportées par certains ? Hospitality ON lance une série d'analyses sur ce sujet qui fait la une de l'actualité depuis le début de l'été.

Conséquence du tourisme de masse dans certaines destinations, le sujet fait constamment la une de l’actualité. Et pour cause, il n’y a pas si longtemps un navire de croisière rentrait dans un quai de Venise ou encore le personnel du musée du Louvre se mettait en grève par suite d’une « dégradation sans précédent des conditions de visite et de travail ». Un nombre trop important de visiteurs dans certains lieux peut en effet avoir des conséquences négatives sur l’environnement humain et naturel ou encore sur la qualité de visite d’un site.

C’est ainsi que l’île de Boracay au Philippines a souffert de son succès. Connue pour ses plages qui seraient parmi les 25 plus belles plages au monde, et même dans le top-7 en Asie, la destination aurait un ratio de 66 touristes pour un habitant. Cette « surpopulation » a entraîné de grandes dégradations des conditions de vie sur place, notamment à cause d’un déversement des eaux usées dans la mer, si bien que certaines plages contenaient des quantités extrêmement élevées de coliformes fécaux (E. coli), bactérie qui peut entraîner des malades parfois graves chez l’être humain (gastro-entérite, infection urinaire, méningite, septicémie, etc.). Les autorités n’ont eu d’autres choix que de fermer l’accès des touristes à l’île pendant une durée de six mois. L'île a depuis rouvert en octobre 2018. Le nombre de visiteurs est passé de 40 000 (en moyenne) avant la mise en quarantaine, à 19 200, quota de limitation imposé par les autorités. En plus de cette mesure, il a été décidé de ne plus construire de nouvel établissement hôtelier (toute construction est interdite), tout comme l'interdiction de consommer de l'alcool ou de fumer sur la plage.

Dans la même veine, la baie du film La Plage de Danny Boyle, avec Leonardo DiCaprio et Virginie Ledoyen, la Maya Bay en Thaïlande dans l'archipel de Koh Phi Phi, a été fermée depuis juin 2018 et le restera jusqu’en 2021. Cette solution vise à restaurer l’écosystème local, notamment les récifs coralliens fortement endommagés par l’afflux de visiteurs trop important.

Mais il y a aussi l’exemple du célèbre mont Ayers Rock en Australie. Autrement appelé rocher Uluru, ce piton rocheux formé il y a 500 millions d'années serait sacré pour les aborigènes Anangu, alors même qu’il est un monument naturel très prisé des touristes en Australie, qui n’hésitent pas à effectuer l’ascension jusqu’à son sommet à travers le parcours aménagé par les autorités. Mais cette ascension ne sera bientôt qu’un lointain souvenir, puisqu’elle sera interdite à partir du 26 octobre prochain. C’est pour cette raison que de nombreux visiteurs se sont rués en masse profiter des derniers jours avant la fermeture du site. Les autorités ont enregistré une hausse de 20% du nombre de visiteurs entre juin 2018 et juin 2019, soit un total de 395 000 visites. Stephen Schwer, directeur général de Tourism Central Australia, déclare ainsi : « On a tellement de fréquentation sur ce segment particulier, on n’a pas suffisamment d’infrastructures pour faire face aux voyageurs automobilistes ». En effet les structures d’accueil sont pleines, si bien que des campings-car en viennent à se garer en dehors des sites autorisés. Stephen Schwer explique ainsi que « les gens ne se rendent pas compte que lorsqu’ils sortent des routes, ils pénètrent illégalement dans des terres d’élevage, des terres aborigènes ou des terres protégées », source de tensions et de détériorations de l’environnement naturel.

De manière plus proche géographiquement, le surtourisme est un phénomène bien réel et présent également en Europe. Il peut être en partie mesuré à partir d’un indicateur : le ratio du nombre de touristes rapporté au nombre d’habitants sur place. Hospitality On a effectué ce ratio et l’a rapporté dans la carte de l’Europe, affichée ci-dessous. Cette carte met ainsi en exergue les destinations européennes en tension, où les flux touristiques sont bien supérieurs aux proportions habituelles, à savoir les destinations dont le ratio est supérieur à 3. Trois états ressortent : l'Autriche, la Croatie et Chypre.

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