Opérations

plus

Septembre 2009 : la reprise est bien morose

12 min de lecture

Publié le 04/11/09 - Mis à jour le 17/03/22

• Traditionnellement, le mois de septembre est l’un des plus actifs de l’année pour l’industrie hôtelière et marque la rentrée des salons professionnels et voyages d’affaires. Pourtant, un nouveau recul est enregistré, signe que la crise économique paralyse encore la vie des entreprises. • Paradoxalement, la prolongation de la saison estivale a limité le recul de l’activité hôtelière. Dans un océan de chiffres négatifs, quelques stations touristiques surnagent avec bonheur.

Le retour aux affaires a été logiquement contrarié par le climat économique toujours aussi plombé. Le revenu par chambre baisse de 8,0 %, soit une chute légèrement supérieure à la moyenne des douze derniers mois (-7,4%). Certes, en 2008, la France s’était longtemps montrée une des plus résistantes face au début de retournement de cycle, ne commençant à fléchir qu’en novembre. Ce résultat n’aggrave pas une baisse trop marquée l’an dernier. Pour autant, la fréquentation (-3,7 pts) stagne plusieurs points en dessous de septembre 2008, même si son niveau reste élevé. Alors que l’on rentre dans deux mois très actifs pour l’activité hôtelière, la catégorie haut de gamme, et dans une moindre mesure le milieu de gamme, doit consentir des efforts sur les prix pour maintenir l’activité. Une stratégie efficace puisque le TO du 4* ne fléchit que de 1,9 pt. A l’inverse, l’hôtellerie économique affiche le recul de la fréquentation le plus marqué. Cette catégorie à vocation domestique montre un accès de faiblesse inhabituel, notamment au regard des performances du 0-1*. L’écart de performance entre Paris et la province reste toujours aussi marqué. Sa position de plaque tournante internationale se ressent nettement sur les prix moyens de l’hôtellerie parisienne.La tendance ne s’est pas encore infléchie sur la longue période et le résultat cumulé de l’activité hôtelière française reste dans la lignée des mois précédents avec une baisse du RevPAR aux alentours des 9%, ce qui correspond aux prévisions faites en début d’année par MKG Hospitality dans le cadre du Global Lodging Forum. Après plusieurs mois où le rythme de décroissance semblait s’être stabilisé, la pente s’incline à nouveau avec une baisse mensuelle du RevPAR autour de 8%. Le moteur des prix moyens, qui avait largement alimenté la croissance du RevPAR au cours de l’année 2008, est de plus en plus essouflé. Les Revenue managers se sont résolus à faire jouer le ressort des promotions tarifaires pour maintenir un niveau le plus élevé de fréquentation. Si les taux d’occupation ne s’effondrent pas, ils ne peuvent compenser la perte de recette unitaire. Le schéma semble assez bien dessiné jusqu’à la fin de l’année et il ne reste plus que l’espoir d’une croissance plus forte dans les pays industrialisés pour relancer l’activité et inverser le cycle. C’est en tout cas le scénario pour les villes comme Paris et la Riviera qui dépendent davantage de la conjoncture internationale. Grâce à son socle d’hôtellerie économique au niveau national, l’effet d’amortisseur fonctionne. Zoom sur le “Top” du mois : L’été indien profite à Montpellier{ • L’activité hôtelière montpelliéraine a affiché une belle santé en septembre dernier avec un TO en hausse de 8,6 points et un RevPar en augmentation de 15,5%.• Si l’été indien fut profitable à la destination en encourageant les vacanciers à prolonger leurs congés, la tenue d’un congrès d’apiculture à dimension internationale explique pour beaucoup les bons chiffres de fréquentation hôtelière.• Montpellier, bien que chahutée par plusieurs mois de baisse d’activité, reste moins affectée que la moyenne des grandes métropoles de Province.}Arnaud Lesur, gérant du B&B Hôtel Montpellier - St Jean de Vedas _ “Nous avons fait un excellent mois de septembre avec un taux d’occupation avoisinant les 100%, en hausse de 10 points par rapport à 2008 ! C’est le résultat de la conjonction de plusieurs facteurs : le très beau temps qui nous a permis d’avoir une magnifique arrière-saison, mais aussi une activité économique sur le site particulièrement conséquente. Ainsi, le 41ème congrès Apimondia qui cette année a eu lieu à Montpellier du 15 au 20 septembre nous a apporté une belle clientèle durant une quinzaine de jours, week-ends compris : des professionnels de l’apiculture, des écologistes et des passionnés venus du monde entier. En septembre, nous avons également ouvert l’un des plus grands centres commerciaux de France, l’Odyseum. Les travaux avant ouverture, qui ont commencé à la fin du mois d’août, nous ont apporté un important flux de clientèle. L’autre constat fut l’arrivée en nombre de retraités français en vacances dans le Sud. Ils ont permis de juguler la baisse des nuitées de vacanciers étrangers, habituellement nombreuses sur cette période”.Thierry Maurer, directeur du Pullman Montpellier Antigone _ “Septembre a toujours été un bon mois pour les hôteliers montpelliérains. Même si globalement le marché haut de gamme reste en retrait sur la ville de Montpellier, cette année nous avons enregistré un bien meilleur taux d’occupation que septembre 2008. Cela est dû en partie à une hausse du nombre des groupes ponctuels. Evènement particulièrement porteur, Apimondia, un congrès de renommée internationale consacré à l’apiculture, a eu lieu durant 5 jours, rassemblant apiculteurs, techniciens, scientifiques, fournisseurs, médias. La météo, qui nous a par ailleurs été très favorable, a incité les touristes à prolonger leurs congés d’été et a permis de lisser la fréquentation sur les week-ends. Montpellier fait à ce propos beaucoup d’efforts pour dynamiser son tourisme urbain. Les expositions qualitatives du musée Fabre, nous permettent notamment de soutenir l’activité durant les mois creux. Si les Français - Rhônalpins et Parisiens principalement - restent notre marché prioritaire, nous continuons à accueillir des Anglais et Allemands. Les Espagnols, en revanche, lourdement affectés par la crise, ont été moins présents cette année”.José Fiorino, adjoint de direction du Kyriad Montpellier Centre Antigone _ “Nous avons fait un bien meilleur septembre que l’année dernière. C’est d’autant plus surprenant que l’on nous avait annoncé une rentrée difficile. De nombreux petits séminaires ont eu lieu à la rentrée, pour certains sans doute un report du printemps à septembre du fait de la crise. Le congrès Apimondia nous a également permis d’être complets sur plusieurs jours. La très belle arrière saison couplée à l’excellente desserte de Montpellier via les compagnies low cost ont aussi largement profité à la ville, notamment sur les week-ends. Mais la vraie force de Montpellier tient en sa politique évènementielle particulièrement dynamique qui nous permet de lisser notre fréquentation sur les périodes creuses de l’année. Notre hôtel est également monté en gamme, passant du 2 au 3 étoiles, avec des prestations parmi les moins chères du marché, ce qui nous a permis de conserver nos clients. Enfin, nous avons développé un partenariat avec l’Office de tourisme pour figurer sur son site de réservations en ligne et sommes présents sur d’autres sites de commercialisation. Une meilleure visibilité, rendue possible grâce à notre statut de franchisé Louvre Hôtels”.Entretien avec Jean-François Pouget, directeur marketing de Hérault TourismeL’activité hôtelière montpelliéraine a affiché une belle santé en septembre avec un TO en hausse de 8,6 points. Comment expliquez-vous ces bons chiffres ? _ Il y a eu indéniablement un effet météo qui a engendré un boom des loisirs de proximité. Les Français, notamment, ont choisi de prolonger au maximum les bienfaits de l’été. Mais ce n’est pas la seule explication. Le comportement des touristes a changé. Les clients sont plus opportunistes : ils se tiennent au courant des promotions, surfent sur le net à la recherche de bons plans et se décident à la dernière minute. Et quand le soleil est au rendez-vous, ils n’hésitent plus. On a également observé un retour des Français vers les loisirs “simples” : la plage en est un. Boudé un temps car considéré par certains comme un loisir populaire, le tourisme balnéaire revient en force. Il répond aux besoins de convivialité des familles. En temps de crise, notamment, la plage et le soleil sont des valeurs sûres. Les chiffres sont là pour le confirmer et cette année encore, sur l’ensemble de la saison, l’Hérault fut le 2ème département d’accueil des touristes français.Mais Montpellier reste une destination urbaine… _ Si le tourisme balnéaire est plutôt sympathique au plus fort de l’été, lorsque les journées commencent à se faire plus courtes, la plage ne suffit plus. On recherche d’autres loisirs. Or, en séjournant sur Montpellier, on peut jouer sur tous les tableaux. La capitale languedocienne n’est qu’à dix minutes seulement des plages : vous pouvez passer une partie de votre journée sur le bord de mer et profiter du soleil déclinant pour visiter un musée ou faire du shopping dans le cœur de ville. C’est là une autre vraie tendance : aujourd’hui les Français se sont réconciliés avec les villes. N’oublions pas que de nombreux citadins sont devenus péri-urbains. On travaille en ville mais on n’y habite plus, ou moins. Si les loisirs urbain connaissent un beau succès, c’est aussi parce que les municipalités ont beaucoup œuvré pour rendre leur centre-ville agréable. Il y a eu beaucoup d’investissements : piétonisation des places et des rues, façades anoblies, création de nouveaux lieux d’accueil pour l’événementiel, ou le tourisme d’affaires…Ce fut le cas à Montpellier avec la construction du Corum et la rénovation du musée Fabre… _ Oui, depuis la rénovation, il y a deux ans, du musée Fabre, la ville a considérablement enrichi son offre culturelle et évènementielle. Quant au Corum, il a permis de booster considérablement le tourisme d’affaires. Montpellier et sa région ont également beaucoup joué sur le développement des dessertes aériennes. Les nombreuses lignes low-cost qui ont été inaugurées ces dernières années ont ouvert la territoire à de nombreuses destinations européennes : Francfort, Londres, Madrid, Bruxelles… Conjuguées à une offre évènementielle attractives et à des tarifs hôteliers attrayants - séjours mid-week, notamment - ces lignes aériennes à bas prix permettent aux professionnels de lisser leur fréquentation sur les périodes creuses.Que pensez-vous d’un élargissement du parc hôtelier sur le haut de gamme ? N’est-ce pas risqué en temps de crise ? _ Dire que seule l’hôtellerie économique tire son épingle du jeu en temps de crise n’est pas tout à fait vrai. Car si le milieu de gamme s’effondre, l’éco mais aussi les établissements de luxe continuent à relativement bien marcher. Au cours d’un séjour, on peut faire cohabiter petits prix et grands plaisirs. Les Anglais, notamment, jouent davantage sur ce paradoxe : ils peuvent voyager à bas prix, mais préférent rester dans un hôtel 4 étoiles pour séjourner sur la ville. Les Français y viennent aussi. On en voit de plus en plus qui choisissent de se serrer la ceinture plusieurs jours en mangeant un sandwich au déjeuner pour finir en beauté à la table du Jardin des Sens [restaurant des Frères Pourcel]. Ouvrir Montpellier davantage à l’hôtellerie haut de gamme peut également être une réponse à la demande des touristes d’affaires, car quand il y a des manifestations d’envergure, il n’est pas rare que le parc hôtelier arrive à saturation. Après, il faut pouvoir faire vivre l’ensemble des hôteliers sur l’année. Elargir le parc, oui, mais pas sans la concertation des professionnels déjà en place… Les tops et les flops des agglomérationsVous l’aurez constaté le Cahier Conjoncture d’Hôtel Restau Hebdo rentre moins dans le détail des performances hôtelières de chaque segment de l’industrie et de chaque région française. Ces informations détaillées, sur une base mensuelle ou quotidienne, sont toujours disponibles auprès de la base de données MKG Hospitality qui alimente un baromètre exhaustif de l’activité hôtelière en France et dans le reste du monde. _ Nous allons chercher dans nos prochaines éditions à avoir une vision moins généraliste de cette activité mais plutôt à faire ressortir les faits saillants mois par mois d’une catégorie particulière ou d’une ville, comme le coup de projecteur braqué sur la vedette de l’été dernier : Montpellier.Résultats cumulés - tous segments confondusLa tendance ne s’est pas encore infléchie sur la longue période et le résultat cumulé de l’activité hôtelière française reste dans la lignée des mois précédents avec une baisse du RevPAR aux alentours des 9%, ce qui correspond aux prévisions faites en début d’année par MKG Hospitality dans le cadre du Global Lodging Forum. Après plusieurs mois où le rythme de décroissance semblait s’être stabilisé, la pente s’incline à nouveau avec une baisse mensuelle du RevPAR autour de 8%. Le moteur des prix moyens, qui avait largement alimenté la croissance du RevPAR au cours de l’année 2008, est de plus en plus essouflé. Les Revenue managers se sont résolus à faire jouer le ressort des promotions tarifaires pour maintenir un niveau le plus élevé de fréquentation. Si les taux d’occupation ne s’effondrent pas, ils ne peuvent compenser la perte de recette unitaire. Le schéma semble assez bien dessiné jusqu’à la fin de l’année et il ne reste plus que l’espoir d’une croissance plus forte dans les pays industrialisés pour relancer l’activité et inverser le cycle. C’est en tout cas le scénario pour les villes comme Paris et la Riviera qui dépendent davantage de la conjoncture internationale. Grâce à son socle d’hôtellerie économique au niveau national, l’effet d’amortisseur fonctionne.

Pour aller plus loin

Chaque semaine, l’équipe HON vous apporte un regard expert sur le monde de l’hospitalité. En devenant membre, vous aurez accès à un écosystème complet : contenu exclusif, emploi, etc.

DEVENIR MEMBRE

Inscrivez-vous pour ajouter des thèmes en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des catégories en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des articles en favoris. Connectez-vous gratuitement pour voter pour la candidature.

Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ?