Flambée de ce poste de coûts, absence de visibilité sur un retour « à la normal », sortie de crise qui a ébranlé de nombreuses activités, inflation présente sur d’autres postes de dépenses… la liste est longue pour alimenter les attentes des entrepreneurs vis-à-vis du gouvernement.
Après avoir concentré l’essentiel des efforts sur les ménages, l’Etat entendait les multiples alertes du monde des entreprises et annonçait le 27 octobre dernier des mesures en faveur des entreprises après un feu vert européen.
- Premier volet, plafonnement au minimum légal européen de la contribution au service public de l’électricité
- Mise en place du bouclier tarifaire pour les TPE de moins de 10 salariés, dégageant un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros et ayant un compteur dont la puissance est inférieure à 36kVA. Un dispositif qui devrait être « ouvert à toutes les PME quelle que soit la puissance du compteur électrique » selon Didier Chenet, président du GNI
- Guichet d’aide au paiement des factures d’électricité et de gaz dont le fonctionnement devrait être simplifié. Un facteur important pour gérer au mieux la crise car la complexité des mécanismes mis en place pendant les confinements successifs liés au Covid 19 avaient été pointée du doigt par les entrepreneurs. Les 3 milliards d’Euros abondés permettront de soutenir les entreprises qui ne sont pas éligibles au bouclier tarifaire ou à l’amortisseur électricité.
- L’amortisseur électricité concerne les PME et TPE non éligibles au bouclier tarifaire. Le gouvernement prend ici en charge automatiquement une partie des factures d’électricité. Ce sont les montants indexés sur les prix du marché qui sont concernés par cette mesure. « La moitié des surcoûts au-delà d'un prix de référence de 325 du mégawattheure. En intégrant la part du nucléaire, cela correspond à une prise en charge à partir d'un prix moyen de 180 euros par mégawattheure. » Expliquait la Première Ministre lors de la présentation du dispositif.
- Pour les entreprises dont la facture énergétique dépasse 3% de chiffre d’affaires et classées comme grandes consommatrices d’énergie. Trois paliers ont été définis en fonction des tranches de dépenses pour apporter une aide qui viendra soulager le poids des coûts énergétiques. Hervé Dijols, président du SNRT, propose d’étendre cette mesure : « Nous formons beaucoup d’espoir dans le dispositif d’aide aux entreprises grandes consommatrices d’énergie que le gouvernement veut réviser. Nous proposons de l’ouvrir à toutes les entreprises dont la facture d’énergie représente au moins 3% de son chiffre d’affaires en 2022 et qui subissent une augmentation d’au moins 50% de sa facture d’énergie. L’aide apportée devrait permettre de compenser la perte subie du fait de l’augmentation du prix de l’énergie ».
- L’Etat se porte également garant pour réduire le risque de défaut de l’entreprise cliente d’un fournisseur.
Les achats divers (incluant les couts de distribution) représentent 43% du chiffre d’affaires hors taxe d’un hôtel. Les salaires et charges (également en augmentation du fait du désamour du secteur) atteignent 36,5% du CA HT en France, 28,9% en Allemagne et 27,5% en Espagne. Les entreprises françaises sont donc particulièrement exposées à l’augmentation des coûts, leurs marges étant plus faibles par rapport à leurs voisins allemands ou encore espagnols. L’analyse réalisée par MKG Consulting démontre cet écart qui pénalise les professionnels implantés en France sur le papier :
A plus long termes, le manque de visibilité n’empêche pas les analystes d’alerter sur un fait indubitable à date : les stocks de gaz français et européens sont quasiment pleins en ce début d’hiver 2022-2023 particulièrement doux, il n’en sera pas de même à l’hiver 2023-2024.
Seules solutions durables, sortir de la dépendance énergétique et favoriser les économies d’énergie. Un cercle vertueux mais qui demande de nombreux investissements dont la plupart ne sont pas entre les mains des entrepreneurs mais se jouent à l’échelle nationale voire européenne. L’Etat a mis en place un Appel à projet baptisé « industrie Zéro fossile ». Doté de 150 millions d’euros, il s’adresse à toutes les entreprises qui se convertissent à la biomasse, qui déploient des mesures pour une meilleure efficacité énergétique ou qui mettent en place des solutions pour décarboner l’industrie.