
Face aux enjeux environnementaux et sociétaux croissants, l'hôtellerie se doit de répondre à des attentes de plus en plus pressantes en matière de RSE. De la réduction de l'empreinte carbone à l'optimisation de la gestion des ressources, le secteur est en pleine mutation, porté par des initiatives visant à concilier rentabilité et durabilité. Toutefois, si cette transition vers un avenir plus vert est porteuse d’opportunités, elle soulève aussi des défis complexes. Découvrez comment le secteur s'adapte aux nouvelles réalités du marché.
Une transition écologique pas toujours si simple que cela à mener, et c’est pour cette raison que l’UMIH et l’ADEME ont signé une convention visant à accompagner les professionnels du secteur dans cette démarche. Une transition qui comporte de nombreuses étapes comme le souligne Thierry Marx, Président de l’UMIH, dont le gaspillage alimentaire, la réduction de la consommation de fluides, la performance énergétique ou bien encore la production de biodéchets.
L’importance d'une politique RSE ambitieuse et assumée
En 2025, l’ensemble des acteurs de l’hôtellerie est engagé dans une démarche responsable. Mais avant de se poser la question comment, il serait bon de se poser la question pourquoi. Pourquoi est-il important, voire nécessaire, pour le secteur d’emprunter cette voie durable ?
Face aux enjeux du changement climatique, et à son accélération ces dernières années, tous les secteurs d’activités sont concernés. Et l’hôtellerie est en première ligne, comptant pour près de 11% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Une empreinte carbone dont les professionnels ont conscience, souhaitant ainsi la réduire considérablement.
Une volonté également en phase avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, visant à maintenir le réchauffement climatique en dessous du seuil des 2 °C. Une ambition forte qui nécessite un engagement tout aussi fort, les hôtels devant réduire leurs émissions de 66% d’ici 2030 et de 90% d’ici 2050 selon l'Alliance mondiale pour l'hôtellerie durable (World Sustainable Hospitality Alliance).
Des attentes fortes de toute part
Et s’inscrire dans cette voie répond parallèlement à une forte demande des voyageurs qui sont de plus en plus sensibles à ces sujets. Ils sont, en effet, 83% à plébisciter les hébergements durables d’après une étude de Booking.
Une politique RSE engagée pourrait également être un levier d’attractivité dans le contexte de pénurie de main d’œuvre que le secteur subit de plein fouet. Selon une enquête du Gouvernance and Accountability Institute, 40% des millenials affirment choisir leur employeur en raison de leurs performances en matière de développement durable, et 70% disent être plus susceptibles de rester dans une entreprise dotée d'une politique environnementale solide.
Enfin, les investisseurs sont plus que jamais attentifs aux critères durables lorsqu’ils sélectionnent des projets hôteliers. D’après un rapport publié par l’Alliance pour l’Energie et l’Environnement (AEE), l'efficacité énergétique est actuellement la priorité des investisseurs du secteur hôtelier en raison de la hausse des prix de l’énergie ainsi que de la capacité à réduire les coûts d’exploitation.
Les obligations vertes et les prêts liés à la durabilité apparaissent également comme des instruments financiers clés, les banques exigeant de plus en plus un suivi des performances RSE. Toujours selon ce rapport, les investisseurs institutionnels seraient à l’avant-garde de cette évolution.
Un océan infini de certifications et labels durables

La Clé verte, Green Globe, Earth Check ou encore Ecostars sont tout autant de labels et certifications visant à assurer la durabilité du secteur. Ces derniers permettant notamment d’afficher de manière visible l’engagement d’un établissement auprès de ses clients. Une reconnaissance d’autant plus précieuse aujourd’hui avec 8 touristes sur 10 qui trouvent important que les entreprises soient labellisées.
Le label Clé Verte (ou Green Key à l’international) est sans doute l’un des plus connus avec aujourd’hui plus de 6 700 sites labellisés à travers le monde, dont plus de 2 400 rien qu’en France soit 8% du parc d’hébergements collectifs national. Un chiffre qui a par ailleurs triplé depuis 2022, attestant de la volonté du secteur hôtelier français de s’inscrire pleinement dans une démarche éco-responsable.
« À terme, ne pas être engagé dans une démarche de labellisation va devenir discriminatoire. Les entreprises n’enverront plus leurs collaborateurs dans des hôtels qui ne répondent à aucune norme » va même jusqu’à affirmer Caroline Piel, fondatrice du groupe Hotels En Ville.
Des certifications qui jouent ainsi sur l’image d’un établissement auprès des clients comme des collaborateurs, mais aussi sur ses performances. « Les hôtels sans certification ou norme de durabilité validées sont, en moyenne, les moins performants en termes de prix (les moins chers) et ceux qui génèrent le moins de satisfaction pour leurs clients, toutes catégories confondues » souligne Carlos Cendra, directeur du marketing et de la communication chez Mabrian.
La course à la certification
Conscients du rôle que jouent ces précieux sésame, les groupes hôteliers sont tous engagés dans une course à la labélisation. Accor a ainsi franchi l’année dernière une étape symbolique avec l’éco-certification de son 1000ème hôtel, le groupe visant à certifier l’ensemble de son réseau d’ici 2026.
Et c’est notamment dans cette optique que le groupe français a signé des partenariats internationaux avec les deux principaux labels durables que sont Green Key et Green Globe.
Une certification Green Key qui est également au cœur de la politique RSE de Leonardo Hotels, avec l’ensemble de son parc européen déjà certifié ou en cours de certification. Le groupe a par ailleurs initié un projet pilote, qui a doté chaque hôtel d'un Responsable Clé Verte dédié.
Pour sa part, Meliá mise sur la certification Ecostars avec aujourd’hui 270 hôtels de son parc mondial certifiés. Une avancée dont se félicite son PDG, Gabriel Escarrer, « Bénéficier d'une évaluation aussi solide qu'Ecostars pour l'ensemble de notre portefeuille d'hôtels, qu'ils soient détenus, loués ou gérés, renforce non seulement notre réputation, mais a également un impact direct sur nos résultats commerciaux ».
Les normes Ecostars sont notamment reconnues équivalentes par le Conseil mondial du tourisme durable (Global Sustainable Tourism Council). Un Conseil qui a décerné ces derniers mois une certification durable à plusieurs acteurs majeurs de l’industrie hôtelière, à savoir Mandarin Oriental, Rosewood ainsi que Barceló.
Il n’est toutefois pas nécessaire d’être un groupe à l’envergure internationale pour afficher de grandes ambitions durables. C’est ce que prouve Edgar Suites qui a récemment obtenu le label B Corp après avoir été désigné entreprise à mission en 2022 et labellisé Clef Verte en 2023. « Cette labellisation renforce la valeur de notre marque employeur et de notre image auprès des municipalités ainsi que des voyageurs » commente Xavier O’Quin, Président d’Edgar Suites.
Neutralité carbone, le saint graal de l’hôtellerie

Si l'Alliance mondiale pour l'hôtellerie durable visait une réduction à hauteur de 90% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 pour respecter l’Accord de Paris, nombreux sont les groupes à viser un objectif encore plus ambitieux. En effet, l’ensemble du top 10 mondial s’est fixé pour but d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Pour rappel, neutralité carbone ne rime pas avec zéro émission mais signifie simplement que ce qui est abordé compense ce qui est généré. Et pour atteindre cette fameuse neutralité carbone, les entreprises doivent réaliser un bilan carbone qui permet de connaitre précisément les émissions qu’elles génèrent afin d’élaborer une stratégie en phase avec leurs ambitions.
Un travail de longue haleine qui a ainsi permis aux groupes hôteliers de premier plan de concevoir leurs programmes RSE, à l’image de Planet 21 – Acting Here par Accor, Serve 360 par Marriott, Travel with Purpose par Hilton, Low Carbon Pioneer par IHG ou encore World of Care par Hyatt.
Les leaders de cette quête
Tous ont ainsi un même objectif mais chacun avance à son propre rythme, certains groupes affichant une légère avance, dont Accor, Hilton et Meliá. En effet, ces trois acteurs vont au-delà des scope 1 et 2 qui regroupent respectivement les émissions directes et les émissions indirectes liées à l’énergie consommée, en intégrant à leurs stratégies les émissions indirectes du scope 3.
Ce dernier scope regroupe quant à lui les émissions indirectes liées aux achats, à la chaîne logistique, à la mobilité des clients et collaborateurs ou encore à la gestion des déchets en aval. Intégrer les émissions à ce scope nécessite donc un travail bien plus global et complexe mais nécessaire puisque le scope 3 représente près de 70% du bilan carbone total de l’hôtellerie.
Accor a ainsi intégré le scope 3 dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement à travers un reporting structuré, des achats durables s’appuyant sur des référentiels tels qu’EcoVadis, et l’introduction d’exigences environnementales systématiques dans ses appels d’offres. Concrètement, le groupe développe une offre F&B durable via les circuits courts et la réduction du gaspillage, adopte une politique d’achats verts et noue des partenariats avec des opérateurs de mobilité douce.
De son côté, Hilton pilote la gestion du scope 3 grâce à son outil propriétaire “LightStay”. Celui-ci garantit la traçabilité environnementale de l’ensemble des émissions, y compris celles issues de la chaîne d’approvisionnement. A travers divers partenariats, le groupe favorise l’utilisation d’électricité verte, de produits responsables et le recours à des opérateurs logistiques à faible émission.
Enfin, Meliá a mis en place un dispositif avancé de mesure du scope 3, fondé sur le déploiement de systèmes de collecte de données auprès des fournisseurs, l’analyse du cycle de vie des produits et la réalisation d’audits réguliers de la chaîne logistique. Le groupe structure ses actions autour d’une charte fournisseurs responsables, de la sélection de partenaires engagés dans la décarbonation ainsi que de la réduction des emballages et des plastiques à usage unique.
Rendez-vous dans la seconde partie de cette analyse qui s'intéressera à l'amélioration des performances énergétiques du secteur ainsi qu'au volet social qui revêt une importance tout aussi capitale que la partie environnementale.



