Les professionnels de l’hospitalité toujours aussi engagés autour de l’ESG comme le prouve la nouvelle édition de la Fabrique du Tourisme

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Publié le 10/03/23 - Mis à jour le 10/03/23

La Fabrique du Tourisme ESG

Créée et portée par Pédro Novo, Bpifrance, Vanguélis Panayotis, MKG Consulting et Bertrand Pullès, Extendam, La Fabrique du Tourisme regroupe les hôteliers autour de la transition du secteur. Plusieurs éditions se sont tenues depuis le lancement en octobre 2021 et depuis, les professionnels ont toujours été au rendez-vous. Preuve, s’il en fallait une, de leur engagement pour une hospitalité plus durable ayant un meilleur impact sur les destinations.

Comme à chaque édition, des entrepreneurs sont venus partager leur vision avec les hôteliers pour inspirer les réflexions des groupes de travail.

Nicolas PONSON et Matthias NAVARRO sont les fondateurs de REDMAN et REDMAN Hospitality.

REDMAN, premier promoteur immobilier français certifié B Corp, est engagé dans la construction d'une ville durable et inclusive, en utilisant des techniques innovantes et à faible empreinte carbone. REDMAN Hospitality exploite des hôtels sur le territoire français en partenariat avec des enseignes nationales et internationales en adéquation avec l'ADN du Groupe REDMAN, à savoir le développement d'une vie durable.
 

Nicolas PONSON, Founder  & Co-CEO chez - REDMAN & REDMAN HOSPITALITY 

« Nous bâtissons un projet pour prendre soin, quel que soit le type de projet. 

L’engagement n’est pas incompatible avec la rentabilité. 

Shifter sa boite nécessite de réinterroger toutes les interactions. Il faut embarquer les collaborateurs, nous les avons fait travailler dans des ateliers pendant 2 ans. Nous avons bâti 10 engagements avec eux. Nous avons mis en place un système de doublement de l’intéressement quand les 10 engagements RSE sont respectés dans leurs projets.

L’intérêt des labels, B Corp, Coq Vert etc… c’est le parcours que vous devez faire pour les obtenir. L’un des gros freins pour les entrepreneurs c’est de savoir par où commencer. 

Notre engagement est une arme extrêmement puissante dans le monde économique. C’est aussi très précieux vis-à-vis de nos collaborateurs. En décembre nous avons levé 30 millions d’euros avec Omnes. 

Nous entrons dans une période où le modèle économique change, il faut s’y habituer. Il faut changer de modèle, pour la valeur de vos entreprises, pour vos enfants. Aujourd’hui personne ne vous demande de le faire mais vous avez qu’il faut le faire. Il faut faire sauter les verrous imaginaires. »

Jean-Pierre NADIR, Fondateur de Fairmoove.fr, premier portail pour un tourisme responsable, positif et joyeux

« Il y a un mouvement de fond autour de la RSE. Le jeudi 12 mars je quittais mon emploi dans tourisme, le soir du discours d’Emmanuel Macron annonçant le confinement. Je suis donc parti avec de l’argent, de l’expérience et du temps. C’était pour moi une chance. Je me suis dit : je sors du tourisme et je n’y rentrerai plus jamais, il y a trop d’aléas.

Je voulais investir dans des start-ups qui vont changer le monde. Je me suis intéressé au traitement des eaux, à l’agriculture etc… le tourisme touche à tous ces sujets. J’ai découvert le tourisme responsable : réconcilier les enjeux de la planète, des populations locales et des touristes au-delà du climat.

Que fait-on des 3 milliards de gens qui vivent avec moins de 2 euros par jour et qui n’ont pas de débouchés ? Si on arrête l’aérien cela veut dire qu’on arrête tout, notre enjeu ce n’est pas uniquement le climat, c’est de créer un monde apaisé. Dans ce monde apaisé il faut qu’il y en ait pour tout le monde.

Le tourisme doit passer d’un tourisme de prédation à une industrie qui recréer de la valeur au -delà d’une communication par les prix. Plus loin que les ventes flash, de dernière minute etc… Une industrie qui ne communique que sur les prix, c’est une industrie qui est morte. Quand on tue la chaine de valeur, on ne peut pas se réinventer. Si le moteur économique est biaisé par de la vente à perte, cela ne peut pas fonctionner.

Le tourisme doit se tourner vers la création d’écosystèmes gagnants est-ce cela coûte plus cher ?  Avant d’être décroissant, on peut commencer par rationaliser. Il faut démocratiser l’accès à la RSE et donner une chance à tout le monde de consommer ces produits.

Nous entrons dans l’ère du loisir et il faut accompagner les pays qui ont un potentiel autour de cette activité.

Les talents veulent aller là où il y a une vision et des valeurs. Le tourisme responsable, c’est l’addition de vertus. »

Thibault LAMARQUE, Fondateur et Président de Castalie, solution de fontaines à eau micro-filtrée pour hôtels, restaurants et entreprises.

« Après Veolia j’ai pris la direction financière d’Alter Eco. Le passage d’un grand groupe à une PME m’a permis de me concentrer sur les enjeux qui étaient prioritaires pour moi, l’impact du plastique.

A chaque fois que nous signons un client, nous finançons l’accès à l’eau potable au sein de projets extrêmement concrets et notamment dans les écoles. Matin et soir l’eau est utilisée par les habitants dans les écoles et la journée par les écoliers.

Nous nous contraignons à construire des machines les plus durable dans le temps possible pour limiter les déchets.

L’état règlemente, les européens sont prêts à changer, c’est donc un mouvement massif. Ceux qui ne changent pas seront remplacés. 

On ne peut pas tout reposer sur le consommateur et l’entreprise, l’état doit aussi prendre sa part. La loi AGEC est une bonne loi pour ça.

Il y a beaucoup de green washing et une seule façon de faire de l’impact : faire les choses et les mesurer. Sans mesure, on ne peut pas parler d’impact. On peut communiquer, mais il faut mesurer. »

Présentation du concept de chambre durable, désigné par l'agence Laurent Maugoust, par les étudiants de l’ESSEC.

« Il y a aujourd’hui des architectes d’intérieur qui veulent prendre les choses en main. Quand c’est écolo ce n’est pas forcément moche ou inconfortable. Comment sera le luxe demain, un luxe qui respectera la planète ?

Le projet Votre chambre a permis de démontrer que designer durable était possible. Par exemple des draps en lin permettent de consommer moins d’eau à la production et ne nécessitent pas de repassage. Ce projet a permis de faire tomber quelques idées reçues.

Aux côtés d’entreprises qui ont voulu s’engager, nous les étudiants de l’ESSEC, sur invitation de Johanna Wagner, nous nous somme impliqués dans ce projet.

Nous avons lancé cette initiative, confrontés à un besoin d’intérêt général. Ce projet a pour vocation de créer un espace de réflexion commun. C’est pour cela que nous avons créé un site Internet. Il faut que les messages autour du développement durable soient correctement véhiculés afin que les porteurs de projets puissent passer à l’action.

La chambre de Laurent Maugoust est notre premier cas d’étude. Nous souhaitons aller plus loin avec la grande ambition d’inciter les hôteliers aux pratiques durables. Cette initiative a vocation à s’inscrire dans la durée afin de devenir un véritable laboratoire de réflexion ouvert à tous. »

Vanguélis Panayotis, CEO MKG Consulting :

« Nous avons souhaité mettre en place des actions concrètes. Merci à Pédro Novo pour son engagement à nos côtés. »

Pédro Novo :

« L’hospitality est une famille avec laquelle nous avons grandi. Après 22 ans de services, j’ai décidé d’être entrepreneur sur le continent africain. J’aurai encore des racines parisiennes importantes.

L’Afrique est un territoire sur lequel tous les défis que nous avons cités sont extrêmement présents. C’est un territoire enthousiasmant, vibrant avec beaucoup d’innovation. Ces Afriques, sont des territoires avec un tissu entrepreneurial très dynamique. Je prends l’engagement de créer à Abidjan la Fabrique du Tourisme Africa. »

En cette matinée du 10 mars, fidèles et nouveaux venus ont travaillé ensemble au sein de cinq ateliers de réflexion à définir l’hospitalité de demain.

Atelier #1 : Construction, rénovation, réhabilitation : quelles priorités pour une meilleure performance énergétique ? 

Focus immobilier et performance énergétique avec Mickaël NOGAL (ancien député) – Convergences

« Nous avons travaillé sur la question de la construction, rénovation, réhabilitation. Sous l’angle des usages, comment améliorer les conditions d’utilisation avec l’existant ?

Quand il y a un changement de propriétaire, il se passe toujours quelque chose.

Au niveau de la conception, les brands standards peuvent être un frein côté performance énergétique. Ces brands standards sont très axés sur l’expérience client.

Il faut que les développeurs puissent venir autour de la table avec des solutions pour l’optimisation énergétique avec un chiffrage quant aux économies d’énergies. Cela permet d’avoir une visibilité sur la rentabilisation de ces installations.

Il faut être plus précis sur la charge énergétique dans les P&L. Certaines économies peuvent justifier des investissements plus importants.

Côté exploitation, il faut qu’il y ait un partage précis sur les consommations d’énergie entre propriétaires et exploitants. Comment partager la création de valeur ? C’est un sujet complexe qui se pose aussi en fonction des contrats.

Côte chiffres, le réel des consommations est très complexe à obtenir, le théorique est très flou. Il faut donc que chacun s’éduque pour monter en compétences sur ces sujets. »

Atelier #2 : Comment engager les équipes et clients pour atteindre les objectifs du décret tertiaire ? 

Focus énergie et produit hôtelier avec Alexandre LAIDET – Schneider Electric et Hubert VENDEVILLE – Betterfly Tourism

« Quelles sont les solutions pour aider le secteur dans la réalisation de ces enjeux : il existe aujourd’hui beaucoup de leviers qui passent notamment par des financements. Pour obtenir des financements, il faut au préalable mesurer les impacts espérés. Il est donc important de faire un état des lieux chiffré pour ensuite construire un plan d’actions en lien avec les typologies de chaque hôtel. Cela permet de prioriser les actions à mettre en œuvre. Il est primordial de savoir d’où on part pour savoir où on veut aller avec un minimum d’investissements.

Le développement durable est également une voie positive. Il faut avoir une approche éducative vis-à-vis des collaborateurs. On peut pour cela s’appuyer sur les groupes hôteliers également au-delà de cabinets spécialistes. Il est important de personnaliser l’approche. Il faut mettre en place des outils pour faciliter les opérations dans les hôtels. »

Atelier #3 : Quels objectifs le secteur de l'hôtellerie doit-il se fixer pour être durable ?

Focus RH et "performance" sociale avec Florence PROVENDIER (ancienne députée) – Les Ombres

« L’utilité sociale et sociétale de l’hôtellerie. Les ODD sont des objectifs partagés par les 193 pays membres de l’ONU. Dans un des 17 indicateurs, il est question de travail décent.

Sur le court terme :

La question de l’intégration des collaborateurs est essentielle. La formation et l’accompagnement tout au long des carrières également. Le développement et la promotion interne. L’équité salariale ou de genre par exemple doit être au cœur des réflexes.

Il y a des actions de court terme : des enjeux de recrutement et de rétention. Derrière le recrutement il n’y a pas que des enjeux salariaux, il y a également la qualité de vie au travail. Avoir une promesse employeur claire, une image des valeurs. Les dirigeants ont un rôle à jouer

Sur le moyen terme :

Penser systématiquement à mettre les collaborateurs(rices) au cœur du processus de décision, quelle que soit leur place dans l’organisation. Il faut trouver des canaux pour que les personnes se parlent entre elles même avec des métiers différents. Il peut y avoir des passerelles et des idées qui se partagent.

Sur le long terme :

Pour être plus durable, il faut requestionner notre vision des choses. Quel est le projet de l’entreprise ? Comment le partage -t-on ? »

Atelier #4 : Comment repenser sa stratégie commerciale de manière RSE ? 

Focus OTA durable avec Anne CHENE –  Ethik Hotels

« A mettre en place rapidement :

Avoir une mission et une raison d’être ou au moins la feuille de route pour atteindre les objectifs.

A moyen terme :

Faire de la pédagogie et non pas de la moralisation. Donner aux clients l’envie d’être acteurs de leur séjour. Qu’il y ait moins d’opulence sans grever la qualité de service. Qu’il y ait du qualitatif plutôt que du quantitatif. C’est aussi une occasion dans les équipes d’échanger avec le client.

Remettre le temps long au cœur des choses. La mode est passagère, ce qui est à la mode aujourd’hui peut être has been, ce qui signifierait tout refaire.

A long terme :

Redonner de la valeur aux marques. Redonner de la valeur à ce qu’il y a dans les hôtels par rapport au prix. Il faut communiquer sur autre chose que le prix.

Nous sommes convaincus que l’humain est le facteur le plus différenciant dans notre industrie. Le vrai challenge est de recapitaliser sur l’humain. Ce sera probablement la meilleure réponse face à ces challenges. Plutôt que le plus beau des lobbies, redonner du sens à l’hospitality. »

Atelier #5 : En tant que dirigeant, quelles sont les premières actions à mettre en place ?

Focus Communauté du Coq Vert & Plan Climat avec Hortense GAUDIN, Marine BARRÉ et Louise BOERO Bpifrance 

« A ne pas faire : vouloir aller trop vite. Il faut accepter de prendre du temps pour réfléchir et se faire accompagner si nécessaire.

La démarche RSE ne doit pas forcément passer par le recrutement de quelqu’un qui servira de locomotive. La locomotive, cela doit être le (la) dirigeant(e).

Quand on réfléchit à où on veut aller, il faut s’interroger sur ce que l’on a envie de faire et pourquoi on le souhaite.

Attention au risque de se faire influencer par l’écosystème, il est donc important de clairement définir ses propres objectifs. Il ne faut pas hésiter à être pionnier.

Il faut ensuite financer ce plan d’action, il y a la possibilité de se faire financer y compris à travers des financements plus longs.

Quand on sait pourquoi on met en place telle action, c’est plus facile de mettre en œuvre.

Cette démarche fait peur aux dirigeants, aux collaborateurs et il ne faut pas avoir peur, y compris de communiquer. Cette démarche n’est pas une compétition, il faut parvenir à coller à son ADN. C’est à vous de fixer ces objectifs. »

Des sujets concrets travaillés par des professionnels de l’industrie hôtelière et dont les résultats seront partagés à tout le secteur dans un rapport qui sera rendu public dans les mois à venir. Les étudiants du MSC en Hospitality Management de l’ESSEC (IMHI) et les équipes MKG Consulting, sont mobilisés pour faire vivre ces travaux au-delà du jour J et partager les échanges avec toute la profession.

Bertrand Pullès : « Notre job après cette réunion, sera de faire ce rapport et de le faire vivre auprès du plus grand nombre. Merci pour votre travail, votre implication et votre soutien. »

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