Entretien avec Stella Cadente designer et directrice artistique. Elle créé des univers singuliers aux côtés de Florian Claudel et apporte son expertise aux professionnels de l’hébergement. Par quoi sont-ils inspirés ? Comment travaillent-ils ?
Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Je travaille avec Florian Claudel. Ce qui nous inspire, c’est un mélange entre la Nature avec un grand N les animaux et les habitudes de consommation futures. L’usage que les gens vont faire de nos créations. Pour une serre intérieure à la campagne par exemple, nous nous attacherons à la couleur, (il est rare que les murs restent blancs) aux odeurs, à la végétation, au sol…
Notre premier réflexe quand nous lançons une création, est de nous demander ce que les utilisateurs vont en faire : s’assoir, travailler, s’allonger... comment le lieu sera vécu. La lumière va apporter du bien-être, des petits recoins, des endroits où l’on peut se poser. Nous travaillons tous les aspects en même temps en racontant une histoire très précise sur cette aventure créative. Notre leitmotiv c’est de réenchanter le quotidien. Ce réenchantement cela peut-être des petits détails qui ont de grands effets ou des choses plus spectaculaires. Nous vivons dans un monde difficile et nous essayons d’y apporter du beau. Notre mission c’est de rendre les choses plus belles, confortables, agréables.
Comment vous positionnez-vous, en tant que prestataire, vis à vis des différentes parties prenantes d’un projet ?
Cela se fait de façon assez naturelle, en premier lieu nous écoutons beaucoup. Nous sommes à l’écoute du propriétaire par rapport au budget, de l’exploitant avec les contraintes physiques et opérationnelles auxquelles il va devoir faire face, du quartier ou de la zone où le projet va être implanté, avec tout ce qui s’y déroule et les besoins qui vont en découler. Nous sommes à l’écoute de l’architecte qui a construit le bâtiment il faut respecter sa vision et son idée. Nous écoutons énormément, une fois que nous avons écouté et que nous avons une vision claire, là nous essayons de fédérer les équipes autour de nous et de notre vision. Nous n’avons jamais eu de projet avec des contradictions. Nous arrivons relativement à la fin du process, il nous arrive de faire office de révélateur.
Le fait qu’il y ait désormais plus d’interlocuteurs dans la genèse d’un projet, c’est mieux, c’est plus intéressant, c’est plus divers pour nous. Nous faisons ce métier pour faire du beau et rendre les gens plus heureux et aussi car nous aimons le contact humain avec les équipes c’est très nourrissant pour nous de rencontrer des gens qui ont chacun leur profil et leur sensibilité.
Quelles sont pour vous les clés d'un projet réussi ?
L’écoute et la fédération entre les gens. Embarquer tout le monde dans le projet, sinon cela ne sert à rien, cela ne peut pas marcher. Nous aurons beau concevoir le plus beau des projets, s’il n’est pas relayé dans la réalité, que ce soit par l’investisseur ou les équipes opérationnelles quelle que soit l’énergie déployée, il ne se passera rien. Nous aurons beau transmettre ce que nous imaginons, sitôt le dos tourné, les équipes feront à leur idée. Également si le propriétaire ou l’investisseur n’est pas en phase avec la vision que nous avons envie de faire passer, il ne libèrera pas les fonds ou il ne travaillera pas sur le business model bref cela ne se concrétisera pas. L’investisseur a un business model, il a des chiffres qu’il veut faire parler c’est à nous de nous adapter tout en gardant notre rôle de conseil et notre vision.
Sur notre façon de travailler, ce qui nous motive avant tout ce sont les tendances. Nous travaillons beaucoup sur le re-use, l’histoire, la culture générale. C’est important, c’est ce qui nous différencie des designers étrangers, cette façon de s’appuyer sur la culture générale dans nos projets.
Quelles sont les tendances qui pour vous sont importantes dans les pratiques des voyageurs et comment elles influencent la conception des espaces ?
Les fonctionnalités doivent être à géométrie variable. Le premier des non-sens c’est la fameuse salle des petits déjeuners. Quelle cohérence de dédier un endroit qui vivra uniquement entre 6h00 et 10h00 et sera une salle morte où il ne se passe rien le reste du temps ? Les espaces doivent être utilisés de façon différente. Avec de la lumière et des aménagements modulaires. L’Hôtel ou le restaurant doit toujours être vivant.
La modularité, l’adaptabilité des discours par les équipes, des produits sont déterminants… car les moments pour boire un café ou un cocktail, ce sont des moments très différents. Dans la chambre c’est la même chose, ce sont des espaces qui doivent vivre différemment selon que le client arrive le matin ou le soir. Par exemple le dogme qui dit que les chambres doivent être présentées rideaux fermés n’est plus d’actualité. En arrivant à 9h du matin dans sa chambre on s’attends à voir la lumière du jour. Ce sont des détails, mais qui ont leur importance et qui ne sont pas forcément mis en situation.
Aujourd’hui le voyageur peut être loisirs, business voire les deux en même temps. Ce sont peut-être les mêmes clients ? Ils viennent peut-être en famille mais ont besoin de rédiger un mail ? On ne peut pas étiqueter les gens comme auparavant. Les gens doivent se sentir chez eux partout, travailler partout sans aucune forme de contrainte.
Votre projet préféré
Presque impossible à dire. Tous les projets sont passionnants et aussi importants à nos yeux.
Votre projet rêvé
Faire un Hôtel Stella Cadente from scratch, une vraie marque. Puis un château de fond en comble. Tout peut-être source de créations incroyables. Un parc d’attraction incroyable aussi ce serait un magnifique projet.
