Ce serial entrepreneur devenu célèbre a pensé pendant le confinement le concept FairMoove. Une plateforme qui a pour vocation de recenser l’offre de tourisme responsable à l’international et de valoriser les aspects durables du tourisme.
« J’ai créé ma première entreprise à 21 ans et depuis je ne me suis jamais arrêté. J’étais un start-uper avant l’heure à une époque où les banques n’ouvraient pas de compte à des personnes qui n’avaient pas montré pate blanche. En 1987, entreprendre en 21 ans cela n’existait pas.
J’ai ensuite fait la rencontre de Robert Lafont qui avait lancé le magazine Entreprendre, j’ai accepté de travailler avec lui contre des actions et j’ai confié ma précédente activité de pizza à domicile à mon cousin.
A 23 ans j’ai vendu mes sociétés pour un montant total d’1 million de francs. J’ai créé un magazine de voyages car j’ai constaté un manque dans ce secteur à l’époque.
J’ai été parmi les premiers à utiliser la PAO. »
L’arrivée de la Guerre du Golfe a fortement impacté son activité. Il lance dans la foulée un magazine 100 voyages sans risques qui lui vaut un passage télévisé.
« A la faveur d’une interview de Gilbert Trigano pour ce magazine, j’ai été missionné par Club Med pour réaliser leur magazine corporate. Un an plus tard, j’ai commencé à travailler pour le magazine de Corsair. En parallèle j’ai créé une agence photo. Les coûts des photos étaient exorbitants Il y a 30 ans. J’ai ensuite lancé un magazine sur la cuisine. Pour cela j’ai pris une styliste culinaire ce qui m’a permis d’avoir des photos très attractives.
En 1999, je décide de vendre mon groupe de presse et lance en 2000 Easyvoyage, moteur de comparaison. J’étais donc le premier à proposer cette offre et à vendre du clic. J’ai développé Easyvoyage pendant 20 ans après des débuts extrêmement impactés par les attentats du 11 septembre 2001. Il aura fallu 1 an pour passer cette crise et l’entreprise était à l’équilibre à partir de 2003 pour ensuite être très profitable.
En mars 2020 j’ai définitivement quitté Easyvoyage. »
La genèse de l’aventure FairMoove
« Je me retrouve donc confiné en Bretagne à réfléchir à ce que je pourrais développer de nouveau. J’avais commencé à investir comme business angel, quelques mois après j’étais présent dans l’émission Qui veut être mon associé. J’étais dans une réflexion sur ce que je pouvais apporter en tant qu’entrepreneur. Pour moi, le tourisme est au cœur de tous les modèles de réinvention. Pourtant, au lieu de valoriser le fait que cela peut être un levier d’apaisement du monde, le tourisme a une posture qui ne lui permet pas de répondre aux défis de l’époque et d’engager les gens derrières ces défis. En avril 2020 je me suis lancé dans la rédaction d’un hors-série sur le tourisme responsable afin de réfléchir aux différents sujets qui ont trait au tourisme responsable.
J’ai ensuite pris la décision de faire un site de vente, chose que je n’avais encore jamais faite.
J’ai décidé de mettre en avant, par l’intermédiaire de mon agence de voyages, tous ceux qui agissent pour la planète avec le meilleur impact possible. En parallèle, je souhaitais expliquer, conscientiser et évangéliser autour de ces sujets.
Le portail FairMoove est en ligne depuis maintenant 20 mois et accueille 3500 visiteurs par jour. Il génère 6 à 7 millions d’euros de volume d’affaires. Sur le créneau de la RSE, il y a un gap réel entre ce que les consommateurs déclarent vouloir faire et ce qu’ils consomment réellement. Le tourisme durable aujourd’hui représente moins de 0,5% des ventes.
J’ai pour mission de créer ce marché du tourisme durable. »
Le fonctionnement de FairMoove
« J’ai une licence d’agent de voyage et je sélectionne les acteurs les plus avancés à l’aide d’une métagrille de 145 critères que j’ai créée. Cette grille est le résultat d’une addition des 5 plus grands labels mondiaux. Elle regroupe des critères dans la catégorie écologie, éthique et immersion.
Sur 650 000 hôtels vendus par Booking.com, j’en ai 3500 à 4000 référencés sur FairMoove. Chaque hébergement est décrit en détail avec une visibilité des tarifs en amont et solutions de transports qui privilégient le train et les vols directs. En effet, le déplacement en vol direct permet d’économiser 15% de carbone par voyage.
En fonction des critères de la grille, les établissements sont notés sur 10. Nous récupérons également les audits RSE des hébergeurs pour enrichir l’analyse de chaque établissement.
Nous proposerons, à partir de septembre prochain, le train par l’intermédiaire de TicTac Trip, une start-up dans laquelle je suis investisseur.
Le site permet ainsi de trouver des packages pour vol + séjour et ainsi dès septembre vol + train. Les tarifs sont quotidiennement remontés afin de permettre aux voyageurs de visualiser leur budget en fonction de leur date de départ.
Ma vision c’est qu’il faut accompagner la baisse de l’impact carbone du voyage en orientant les touristes vers les bons produits. La vision punitive du tourisme est de mon point de vue totalement contreproductive car les prospects se rabattent vers d’autres produits.
En parallèle, le tourisme doit développer son impact social dans les destinations. Le tourisme est nécessaire et peut-être un enjeu d’apaisement mondial.
Pour avoir un impact plus important, j’ai pris la décision de faire appel au grand public en les invitant à être ambassadeurs du tourisme durable. Chacun peut rejoindre la plateforme FairMoove et investir avec nous. En 24h00 il y avait 550 000 € de promesses de participation et la levée de fonds a atteint 1,550 million d’euros, en 3 semaines, sachant que je visais les 1,5 million. Ce succès m’a permis de démontrer l’intérêt de tous sur ces sujets et la volonté des investisseurs d’accompagner le projet.
Il y a moins de voyageurs qu’anticipé mais je peux faire adhérer à ma cause plus de monde.
Certains des investisseurs m’ont contacté directement afin d’agir ensemble. Notamment un majeur qui dégage 150 m€ de volume d’affaires dont 20 millions dans l’activité MICE. Sur ce segment, leurs clients sont principalement des entreprises du CAC 40 qui demandent des garanties quant à la responsabilité sociale et sociétale de leurs entreprises.
Nous travaillons donc actuellement concrètement à rédiger une charte pour un tourisme d’affaires responsable qui permettra d’ores et déjà d’agir pour baisser l’empreinte carbone. En réponse à ce besoin de repères, nous travaillons également à la création d’un calculateur d’empreinte carbone qui permettra pour chaque voyage de connaitre l’empreinte carbone des voyages MICE que ce soit en court, moyen ou long courrier. D’ici à 7 ans, les objectifs internationaux sont fixés à -30%, les entreprises pourront ainsi partager et objectiver leur démarche de progrès.
Très concrètement, privilégier les vols directs, choisir des compagnies aériennes qui pratiquent l’éco-pilotage, qui utilisent des carburants SAF [Sustainable Aviation Fuel NDR], ou encore qui ont une flotte d’avion récente ; ce sont des leviers pour baisser son empreinte carbone.
Il y a également l’aspect impact social comme la rémunération des employés inclus dans ce calculateur qui sera rodé avec des clients BtoB dans un premier temps.
De mon point de vue, le calculateur va remplacer le comparateur. Avec les comparateurs il s’agissait de rendre disponible l’information, désormais il s’agit de rendre disponible les sujets de RSE, les structurer et les rendre objectivables.
L’étape suivante après le BtoB sera celle des SCE [Comité Social et Économique NDR] qui représentent 15% des voyages. Cette approche me permettra d’être le plus impactant possible, en adressant un volume de personnes plus important que si j’adressai la clientèle individuelle.
En acquisition, j’ai également des projets pour croître. C’est pourquoi j’ai acquis une entreprise pour adresser la cible CSE, je suis également en train de racheter un tour opérateur spécialisé dans le tourisme social. A date, FairMoove est uniquement distributeur mais la plateforme a vocation à être producteur.
Les hôteliers sont nombreux à vouloir faire leur transition écologique et ont besoin d‘accompagnement. C’est également notre vocation pour avoir une approche complète des leviers d’amélioration de la prise en compte du développement durable dans le tourisme.
Les hôteliers référencés sur la plateforme font désormais la démarche de venir vers nous contre une redevance annuelle de 500€.
Nous sommes en train de développer un outil de référencement direct pour les hôteliers afin de diversifier les possibilités au-delà des bet banks qui prennent des commissions.
Il y a également une offre de référencement atypique pour laquelle j’ai un partenariat actuellement avec Abracadaroom.
Je cherche à mettre en avant tous les hébergements qui ont mis en place des éléments de développement durable en proposant des solutions de réservation. Si je n’ai pas de solution de réservation, je fais un lien directement vers le site de l’hébergement.
FairMoove a pour vocation à devenir la porte d’entrée du tourisme responsable. Nous mobilisons les réseaux sociaux, le site Internet et notre newsletter pour mettre en avant les initiatives. »
