De plus en plus de destinations privilégient le développement d'un tourisme dit durable, les initiatives en ce sens ne cessent de fleurir.
Le tourisme durable, défini par l’OMT comme “un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l'environnement et des communautés d'accueil”, était encore il y a quelques années considéré comme un tourisme de niche, peu connu du grand public. Aujourd’hui, il est devenu une composante presque incontournable dans le domaine du tourisme qui s’adapte aux constantes évolutions sociétales.
En effet, on a pu constater l’éveil d’une conscience écologique collective qui a modifié le comportement des touristes ainsi que leur manière de consommer et de voyager. Un phénomène amplifié par la crise sanitaire survenue en 2020 qui a impacté à la fois les touristes et les acteurs du tourismes, professionnels comme institutionnels. Le monde du tourisme cherche donc à se réinventer face à cette situation sans précédents mais également face aux nouvelles attentes des voyageurs.
Le tourisme durable comme levier d’actions pour les pays
Nombreuses sont les destinations qui ont décidé de miser sur une stratégie touristique durable et responsable afin de surmonter cette crise et de faire revenir les touristes. C’est le cas du Portugal, l’agence nationale du tourisme a lancé en ce début d’année une nouvelle campagne promotionnelle avec le hashtag Can’tSkipTomorrow à destination de plusieurs pays. Le but de ces vidéos est de rappeler aux touristes leur rôle prédominant dans la conservation des lieux naturels qu’ils visitent, les incitant à les respecter et à prendre soin pour que ces sites puissent encore être visités dans le futur.
La préservation du patrimoine naturel est aussi devenue l’une des nouvelles priorités de la Bosnie-Herzégovine, qui développe un plan sur 5 ans en partenariat avec l’USAID (Agence des Etats-Unis pour le Développement International) pour la relance du tourisme dans le pays. Ce plan vise notamment à faire du tourisme durable le tourisme de demain afin de protéger au mieux les nombreux écosystèmes et biotopes qui ont trop longtemps été négligés par les autorités du pays.
Un tourisme de qualité plutôt qu’un tourisme de quantité
La pandémie a également influé sur la politique du gouvernement thaïlandais qui a décidé de prendre des mesures radicales afin d’endiguer le surtourisme qui endommageait fortement ses paysages uniques. Désormais les parcs nationaux du pays seront fermés durant 3 mois chaque année pour permettre à la flore de se régénérer et de ramener la faune dans ses lieux. Aussi pour obtenir une meilleure répartition des flux touristiques, l’Autorité du Tourisme de Thaïlande (TAT) a lancé une nouvelle campagne de communication vidéo. Cette dernière fait découvrir aux touristes des endroits peu connus tout en montrant la richesse de la culture thaïlandaise avec une immersion au sein de communautés locales. Avec ces initiatives, le pays espère réussir la transition d’un tourisme de masse à un tourisme durable plus respectueux de son écosystème qui permettra également une meilleure redistribution des retombées économiques dues au tourisme.
D’autres destinations décident d’anticiper les conséquences que pourrait avoir le tourisme de masse sur leurs terres, comme le Bhoutan. Le pays est actuellement une référence dans le développement durable, sa surface est recouverte à 70% de forêts et il est le seul territoire à posséder un bilan carbone négatif. Concernant le tourisme, il a depuis longtemps mis en place des restrictions strictes telles qu’un quota maximum de 100 000 visiteurs par an ainsi que l’instauration d’un visa coutant jusqu’à 226 euros par jour en haute saison. Cependant, ces dernières années le pays a assisté à une augmentation considérable du nombre de touristes en provenance d’Inde, du Bangladesh et des Maldives, des voyageurs jusque-là exemptés du fameux visa. Le gouvernement a donc promu récemment une loi instaurant une « taxe pour le développement durable » de 15 euros pour ces touristes de proximité.
Des villes plus vertes et plus agréables à vivre dans le futur
Les pays ne sont pas les seules destinations à lancer des initiatives en faveur d’un tourisme plus respectueux de l’environnement et des personnes, de nombreuses villes s’engagent aussi sur ce domaine. Amsterdam, avec la participation d’autres villes des Pays-Bas, a commencé à réfléchir au tourisme de demain avec l’élaboration du document « Tourisme et Perspective 2030 ». L’écologie faisant déjà partie intégrante du mode de vie hollandais, la réflexion est cette fois menée sur les impacts du tourisme sur la population. Une majeure partie du tourisme aux Pays-Bas se concentre sur la capitale, nuisant alors à la qualité de vie des habitants et les retombées économiques touristiques ne profitent presque qu’aux entreprises, marginalisant ainsi ces mêmes habitants. Le développement d’un projet à vocation durable permettrait donc de résoudre les problèmes sociaux liés au tourisme tout en assurant un impact positif sur la prospérité et le bien de tous les néerlandais d’ici 2030. La ville espère ainsi répartir les flux touristiques sur plusieurs villes, créer de nouveaux emplois et donc transformer les habitants en acteurs du tourisme local.
La cité espagnole de Valence a elle aussi de grandes ambitions, notamment de devenir la première destination touristique mondiale neutre en carbone et ce d’ici 2025.
De son côté la France n’est pas en reste, Bordeaux a remporté l’année dernière le prix « Wellbeing Cities » dans la catégorie « nature et biodiversité » grâce notamment à son projet de budget participatif durable. La commune vise à présent la certification ISO 2021 pour être labellisée « Destination Internationale Durable ».
La qualification d’une offre touristique durable
Les labels représentent souvent un gage de qualité important dans le choix d’une destination dite durable, c’est pourquoi Visit Finland a décidé de mettre en place le programme « Sustainable Travel Finland » qui repose sur les 4 dimensions de la durabilité : économique, écologique, sociale et culturelle. Le label est décerné aux entreprises et destinations ayant suivi l’intégralité du programme et ses critères en 7 étapes, comprenant notamment l’engagement envers les principes nationaux du tourisme durable et l’élaboration d’un plan de développement avec des objectifs à court et long termes. 57 destinations ont déjà obtenu ce label, dont la communauté nature de la Laponie Posio reconnue comme l’une des 100 meilleures destinations durables au monde par Green destination et la station de ski Pyhä, connue pour sa neutralité en carbone.
L’obtention du label Station Verte pour 3 de ses communes a également aidé la Nouvelle-Calédonie à sa reconnaissance en matière de d’engagement durable, devenant ainsi la destination incontournable du tourisme durable en 2021 selon National Geographic. Elle propose à la fois un tourisme respectueux des écosystèmes qui tend à sensibiliser les visiteurs et respectueux des coutumes et traditions des tribus qui permet une immersion au sein de leur mode de vie.
L’engagement des professionnels du secteur
Les professionnels du tourisme prennent aussi part activement au développement du tourisme durable, comme on a pu le voir récemment au Québec avec la création de l’organisme Tourisme Durable Québec par 15 acteurs du milieu touristique. Sa mission consiste à stimuler le développement durable des activités de l’ensemble du secteur en permettant aux entreprises touristiques d’aller « au-delà de mettre des ampoules LED et de bannir le plastique à usage unique ». Ils veulent démonter aux professionnels du secteur la nécessité d’une transition écologique et sociale pour leur survie et montrer que le tourisme durable qui positionne l’humain à titre d’une des espèces de la planète est plus enrichissant pour sa clientèle et donc bénéfique tant aux touristes qu’aux entreprises.
L’organisme Sustainable Hospitality Alliance a également vu le jour il y a peu, regroupant pas moins de 25% des professionnels mondiaux de l’hôtellerie. Pour eux, il est tout aussi important de s’engager en faveur de la planète que des gens, ils se basent donc sur 4 éléments clés : les actions pour le climat, la gestion de l’eau, les droits de l’Homme et l’emploi pour les jeunes. Pour accompagner les entreprises sur ces domaines, l’organisme a développé des outils opérationnels ainsi que des formations pour ainsi devenir le porte-parole des bonnes actions liées au tourisme durable.
Le tourisme durable est aujourd’hui bien plus qu’une simple tendance, selon une étude de Booking réalisée en 2018, 87% des touristes internationaux désirent voyager de façon durable et parmi eux 39% le font déjà de façon récurrente. Nombreux sont les facteurs qui incitent les voyageurs à se tourner vers le tourisme durable comme la beauté des paysages, la prise de conscience de l’impact négatif comme positif que peut avoir le tourisme sur une destination et sa population et la culpabilité de polluer durant son voyage. A contrario, d’autres facteurs freinent certains touristes à sauter le pas notamment le prix, le manque d’informations, la restriction dans le choix des destinations ou encore le manque de confort. Ainsi, l’engagement doit provenir à la fois des professionnels mais également des touristes pour qu’à terme le tourisme durable s’inscrive de façon pérenne dans l’industrie touristique.