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« Comment créer demain de la valeur économique sans oublier la valeur écologique »

11 min de lecture

Publié le 26/10/23 - Mis à jour le 23/10/24

La Fabrique du Tourisme ESG

La 6ème édition de la Fabrique du Tourisme était placée sous le signe des Bâtiments Hybrides à Économie Positive. Un concept inventé par Fabrice Bonnifet Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement au sein du Groupe Bouygues qui est venu témoigner devant les professionnels de l’hospitalité réunis lors de cette matinée de travail.

Cette matinée construite par les équipes de Bpifrance, d’Extendam et de MKG Consulting avec le soutien de Johanna Wagner et des élèves du Msc en Hospitality Management de l’ESSEC (IMHI) a été riche en réflexions. Le parrain de cette session Fabrice Bonnifet, n’a pas maché ses mots. Les deux grands témoins Thierry Bièvre, Elithis Groupe et Gilles Vermot Desroches Schneider Electric non plus.

Gilles Vermot Desroches, Senior Vice-Président Citoyenneté & Affaires Institutionnelles, Schneider Electric

« Ce métier est né chez Schneider Electric dans les années 1980. Nous sommes parmi les plus engagés pour décarboner. S’il n’y avait pas de changement climatique, l’entreprise n’aurait pas le succès qu’elle a aujourd’hui.

Tous les 5 ans, nous nous focalisons sur les grands enjeux qui affectent notre société et voici nos derniers travaux :

  • Climat & biodiversité : des enjeux qui font souvent la une de l’actualité
  • Révolution digitale : cela change intégralement le métier de la distribution électrique
  • Le Covid 19 et ses conséquences notamment dans les changements de pratiques
  • L’impact de la population, il n’y a jamais eu autant de jeunes sur la planète qu’actuellement. Il faut partager du savoir avec eux pour leur permettre de construire leur vie car sinon cette génération ne pourra pas supporter les générations précédentes.

Nous avons également dégagé des tendances émergentes qui sont

  • La multiplicité des générations
  • La propension a plus de transparence
  • L’impératif de prendre en compte les droits de l’homme et le respect de leur qualité de vie au travail
  • L’augmentation du nombre de jeunes adultes et la nécessité d’être attractifs
  • La digitalisation qui offre de nombreuses nouvelles possibilités.

Le développement durable c’est avant tout rentrer le moyen terme dans la décision court terme. Il est ainsi primordial de ne jamais séparer la stratégie de ce que nous faisons.

Tous les 5 ans, nous réunissons tous les salariés pour établir comment nous construisons l’entreprise à impact que l’on souhaite. Nous avons défini ensemble 11 indicateurs en janvier 2021 en tant qu’ESG targets. Nous mesurons tous les trimestres ces indicateurs et nous partageons ces informations. Tous les indicateurs ont la même valeur et 20% de la rémunération de tous les collaborateurs sont liés à ce baromètre interne.

Car il n’y a pas de transition environnementale s’il n’y a pas de transition humaine. Ce qui compte c’est la compréhension de chacun. La dimension humaine de la transition est clés.

Nous ne sommes au bout du chemin, nous sommes au milieu du marathon. Faire du développement durable et de l’impact, c’est ne pas choisir. Les critères que nous trouvons les plus intéressants sont ceux que nous n’aurions pas choisis. »

Thierry Bièvre, PDG et Fondateur, Elithis Groupe, Vice-Président du Pôle de compétitivité Build & Connect 

« Ce groupe que j’ai créé en 2003 a pour vocation d’adresser les grands enjeux du siècle. Nous avons le préjugé que faire mieux coûte plus cher. L’énergies positive doit être accessible à tous, c’est notre conviction. Nous faisons de l’ingénieur un explorateur. On m’a d’abord dit que ce n’était pas possible, je voulais construire des standards.

J’ai donc pris la décision d’embaucher une sociologue qui a fait le constat que l’ingénieur dit comment faire les choses mais pas pourquoi il faut les faire. Nous avons donc renversé les logiciels, pour devenir ingénieur explorateur.

Pourquoi aujourd’hui les grands promoteurs ne parviennent-ils pas à produire efficacement des bâtiments positifs ? Ils partent d’où ils sont, de leurs connaissances, de la réglementation existante. Avec l’expérience on perd ses croyances et son agilité.

Pour développer des bâtiments à énergie positive, tout réside dans le management de projet.  Quand on veut faire mieux, le secret n’est pas dans la technologie, mais dans l’humain.

Vous dans vos métiers de l’hôtellerie, vous pouvez faire quelque chose. Vous pouvez avoir des bâtiments où l’usager deviendra acteur de son confort. Vous le faites déjà, mais on peut aller plus loin. Demain les clients jugeront la qualité de l’hôtellerie aussi à l’impact de l’activité. »

Fabrice Bonnifet est Directeur Développement Durable & Qualité, Sécurité, Environnement au sein du Groupe Bouygues.

« Comment créer demain de la valeur économique sans oublier la valeur écologique ?

Il est certain que si ceux qui polluent le plus ne changent rien, nous emmenons toute l’humanité à la catastrophe. Il y a 9 limites planétaires, nous en avons déjà atteint 6. Le tout électrique vert n’est pas forcément la solution, il y a des besoins importants en métaux rares. Il va nous falloir faire le choix entre activités essentielles et non essentielles. La croissance verte n’existe pas, c’est une fake news. Nous avons besoin de réalisme dans la tête de nos politiques et nos chefs d’entreprises.

L’innovation va devoir être mise au service du toujours moins pour aller vers la sobriété.

Comment continuer à créer de la valeur économique en recollant à cette limite planétaire indépassable ? Il faut faire preuve de lucidité et de dignité.

Chez Bouygues nous réfléchissons à des concept building disruptifs : le Bâtiment Hybride à Économie Positive (BEIP). Ainsi nous déployons le concept de la location de matériaux pour les plancher, les ascenseurs etc… Nous transférons les CAPEX vers les OPEX et ce sont ces OPEX qui vont financer l’investissement de l’industriel. L’intérêt de l’industriel est que l’usage de l’équipement dure. Il va aussi y avoir une réflexion sur la fin de vie de ces équipements.

Comme cela augmente les OPEX, il y a un sujet sur les usages. Les taux d’utilisation des bâtiments sont actuellement très bas. Pour les bâtiments publics c’est 15 à 20% et les bâtiments privés tertiaires 25 à 30%. L’objectif est d’accompagner les clients pour faire rentrer le dehors dedans, proposer des utilisations secondaires de ces espaces.

L’idée du bâtiment passif ou ultra passif est d’être totalement libre des technologies. Ce sont des bâtiments bioclimatiques qui nécessitent une conception totalement différente.

Tout est dans le business model, il faut changer de business model et nous avons une responsabilité morale de le faire.

Ateliers de travail

Les ateliers étaient dédiés aux réflexions, avis, idées, analyses et retours d’expérience sur chacun des piliers du concept de Bâtiment Hybride à Économie Positive (BHEP) développé par Bouygues et présenté par Fabrice Bonnifet en introduction. Les échanges étaient guidés par les thématiques abordées lors des précédentes éditions de la Fabrique du Tourisme dédiée à l’hôtellerie de demain : conception des actifs hôteliers, gestion opérationnelle et financière, capital humain, enjeux de marketing/distribution, parties prenantes et partage de valeur.

Atelier #1 Mode constructif bioclimatique & banque de matériaux : enjeux de conception

  • Il faut anticiper les enjeux de conception bioclimatique, de réemploi et recyclage des matériaux dans la rénovation et réhabilitation d’actifs hôteliers.
  • Anticiper le curage au moment de la construction
  • Construire durable, cest beaucoup de temps, nous n’avons pas le temps de se mettre autour d’une table pour évoquer ces sujets.
  • La RE 2020 met la pression sur les acteurs : ce qui est réemployé équivaut à 0 dans les émissions carbones.
  • Il faut faciliter la visibilité des différentes chaines de réemploi

 Atelier #2 Haute intensité d’usages & réversibilité

  • Il nous faut penser optimisation des usages, convertibilité et réversibilité des actifs hôteliers.
  • Dès la conception des actifs, il faut penser mutualisation des espaces notamment des parties communes. Ouvrir plus facilement à la clientèle extérieure. Faire vivre les établissements 24 heures sur 24.
  • Il faut penser optimisation des m2 et non pas : un local, une fonction
  • La réversibilité est un challenge car la réglementation n’est pas du tout adaptée à cet esprit. Il existe toutefois un permis de construire qui ne pose pas les usages, c’est un premier pas.
  • Il faudrait sortir de la pure rentabilité. S’imaginer que chaque m2 va rapporter tant est un fantasme. Écraser les charges fixes grâce à l’activité générée dans les parties communes serait déjà une forte plus-value. A cela s’ajoutent les externalités positives : faire connaitre son hôtel comme lieu de vie, l’atout pour la marque employeur ainsi que l’outil de commercialisation que cela représente.
  • Le challenge est de motiver les collaborateurs à vendre des services supplémentaires
  • Il faut également convaincre l’investisseur qui a des impératifs de rentabilité et l’utilisateur qui a des besoins
  • L’une des solutions serait de réunir plusieurs types d’exploitants. Mais s’installer à plusieurs exploitants autour d’un même lieu signifie savoir travailler ensemble.

 Atelier #3 Production de flux physiques

  • Peut-on créer des hôtels autonomes en eau et en énergie ?
  • Cela coûtera plus cher de construire des hôtels producteurs de flux physiques mais nous n’avons pas le choix. Il faut passer outre le fantasme du R.O.I.
  • Avant d’être producteur de flux il y a les solutions de transferts d’énergies
  • Préservation de la valeur vs. ROI ce sont des enjeux environnementaux et sociaux
  • Il faut engager les parties prenantes à travers de l’incentive, des loyers ou encore des fees
  • Il y a un fort enjeu dans la montée en compétence des équipes techniques

Atelier #4 Hub d’électro-mobilité intégrée au bâti

  • Les enjeux de mobilité pour le secteur de l’hôtellerie.
  • Comment remplir les batteries de véhicules électriques ? Il y a nécessairement un pic de rechargement la nuit et on ne peut pas stocker l’énergie solaire. B&B HOTELS offre des stations-services électriques dans les parkings de ses hôtels.
  • L’hôtel peut aussi être un lieu de gardiennage de vélos.
  • Il faut également tenir compte de la problématique du dernier km. Une des solutions est de se rapprocher des autres activités et avoir une logique de destination.

 Atelier #5 Haute qualité d’usage & adaptation

  • Des gains de productivité par l’amélioration du bien-être de l’ensemble des utilisateurs d’un hôtel.
  • Pour que l’expérience client soit bonne, il faut que ce soit aussi le cas de l’expérience collaborateurs.
  • Pour embarquer les collaborateurs, une des solutions est la pédagogie. Pourquoi fait-on ça ? La fresque du climat est un moyen instructif et ludique qui permet de sensibiliser les collaborateurs.
  • Il y a la question des flux physiques eau/énergie, avec d’ores et déjà de bonnes pratiques mises en place.

Rendez-vous dans quelques semaines pour connaître le détail de ces travaux et d’ores et déjà sur le site de La Fabrique du Tourisme pour revenir sur les précédentes éditions.

Pour aller plus loin

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