Brigitte Bloch, Conseillère municipale déléguée auprès de Nadia Saadi pour le tourisme et l'économie du vin et président de l’Office de Tourisme et des Congrès de la métropole de Bordeaux revient sur les ambitions de la ville en termes de tourisme.
Retour sur l’année 2022
2022 a été une année qui a commencé doucement car nous étions encore dans une période avec des mesures de confinement. Nous avons ensuite bien rattrapé la situation avec des taux d’occupation proches de 2019 voire similaires. Des performances qui nous placent dans la moyenne haute des métropoles françaises. Nous les retrouvons dans tous les secteurs du tourisme que ce soit loisirs ou affaires.
Je notre une nouvelle tendance transversale à tous les marchés, ce sont les réservations de dernière minute. Pour les événements aussi, nous avons des confirmations très peu de temps avant. Cela demande aux équipes beaucoup plus de réactivité.
Pour les clientèles étrangères, les européens sont bien revenus, les Américains également. La clientèle asiatique n’est pas revenue comme pour le reste de l’Europe. Toutefois, 80% de la clientèle de la métropole est une clientèle française. Ne négligeons toutefois pas la microéconomie du territoire car certains établissements et certaines activités sont dépendants de ces clientèles lointaines.
La métropole a-t-elle mis en place des mécanismes pour accompagner les professionnels du tourisme ?
Nous nous attachons à maintenir nos budgets de soutien aux entreprises mais il n’y a pas de mesures spécifiques. Nous avons par exemple mis en place un dispositif d’accompagnement des hôtels et sites de visite vers une labellisation environnementale. Nous avons prévu des moyens importants pour les accompagner. Il y a, à date, environ 150 établissements engagés dans cette dynamique. Nous sommes satisfaits de l’engouement suscité et cela passe par un partenariat avec le club hôtelier de la métropole qui est également très engagé sur ce sujet.
Il n’y a pas de mesure spécifique car les collectivités ne sont pas aujourd’hui en situation d’en développer. D’autant plus que la métropole de Bordeaux a accordé à l’Office de Tourisme et des Congrès une augmentation de dotation qui nous permet d’atteindre aujourd’hui une subvention annuelle de 3,8M€. Cette dotation a pour vocation de permettre à l’office d’accompagner toute la nouvelle stratégie mise en place.
Les efforts financiers sont donc faits sous cet angle là et sous l’angle des équipements dans le cadre du développement de la stratégie mobilité douce.
Quels sont les objectifs prioritaires de l’office de tourisme en 2023 ?
Il est important que Bordeaux devienne une destination de tourisme responsable même si les touristes n’en ont pas nécessairement conscience. La part des personnes qui vont consciemment chercher une destination responsable doit être de 20% environ. Toutefois dans le tourisme d’affaires les exigences RSE sont de plus en plus importantes et nous sommes bien dans la dynamique recherchée par les entreprises.
Nous avons pour objectif de poursuivre cette dynamique de labellisation et nous dépassons actuellement les objectifs que nous nous étions fixés.
Fin 2022 nous avons lancé le dispositif Bienvenue à Bordeaux afin de mettre en place un accueil sans couture pour les événements du tourisme d’affaires. Nous axons par ailleurs toute notre stratégie de démarchage sur les pôles économiques majeurs du territoire. Ainsi nous allons accueillir Woodrise car nous avons un filière bois très forte dans la région. Nous souhaitons lier les savoir-faire régionaux avec les congrès et manifestations professionnels que nous démarchons.
Nous pensons être ainsi les plus vertueux car il y a un intérêt gagnant-gagnant, que ce soit pour les visiteurs que cela apporte, mais également pour le tissu économique du territoire qui en bénéficie.
Quels progrès de la filière œnotourisme qui est un des fleurons du territoire ?
C’est une filière qui a énormément progressé. Au-delà de la Cité du Vin, l’offre a énormément évolué. Hôtels, restaurants, chambres d’hôtes, offres de mobilité douce... Toutes ces offres se sont structurées et aujourd’hui cette offre croît plus vite que la demande bien que cette demande soit en croissance.
Autre évolution dans l’œnotourisme, alors qu’autrefois on commençait les visites dans les chais, désormais on les débute dans les vignes. Pour cette filière aussi la thématique engagement environnemental est très présente. Cela est très prégnant sur tout ce qui est produits locaux, on va s’intéresser à tous ce qui fait l’identité d’un territoire. Le vin est une partie prenante très forte de ce qui fait l’identité de notre territoire.
Il y a deux profils de touristes, ceux qui s’intéressent aux pratiques culturales et qui vont souhaiter découvrir comment on fait le vin avant d’aller dans le chai. Comment la vigne est plantée, comment elle est entretenue, quelle biodiversité est favorisée etc…
Il y a aussi les profils de touristes et visiteurs qui viennent dans une propriété viticole faire une dégustation et profiter d’un environnement agréable.
Il y a également un développement des offres autour de produits participatifs qui permettent par exemple de faire son propre vin, des associations mets/vin ou encore des tiny houses dans le vignoble, une offre de pique-niques dans les vignes… Les viticulteurs ont réalisé qu’il y a un réel potentiel. La crise sanitaire a obligé les viticulteurs à se demander qui sont réellement leurs clients. Dans les faits on n’accueille pas un Allemand comme on accueille un Bordelais. Ainsi l’été dernier, il y a eu une forte offre de guinguettes, d’afterwork, soit des manifestations organisées à destination des clients proches des propriétés et qui ont très bien marché.
Pendant la crise du Covid, il y avait moins de visiteurs en nombres mais beaucoup d’achats de vin et de dépenses sur place. En effet quand on vient en voiture il est beaucoup plus facile d’emporter une caisse de vin que quand on est un touriste étranger.
Pour moi, cette filière c’est notre Tour Eiffel à Bordeaux, c’est ce qui nous inscrit dans l’exceptionnel et qui fait venir des visiteurs.
Nous allons annualiser la Fête du Vin avec des exigences environnementales fortes. Par exemple nous avons mis en place le tri et la valorisation des coquilles d’huitre ou encore le ré usage des matériaux d’une année sur l’autre. Nous travaillons également avec des associations du territoire pour développer l’inclusion dans le personnel qui vient travailler sur site.
Le développement de la mobilité douce
A Bordeaux nous avons le premier GR métropolitain qui fait tout le tour de la métropole. Avec un avantage c’est que son parcours a été pensé également en complémentarité avec les transports en commun. Ainsi il est possible de rejoindre certaines portions de ce GR par le tram.
Nous avons également développé des parcours à pied et à vélo, notamment dans le vignoble. Ou encore un parcours du vin dans la ville, car Bordeaux est extrêmement marquée dans son histoire et dans son architecture par le vin. Nous proposions des chemins de Saint Jacques, un parcours Unesco, mais pas de parcours du vin. Nous l’avons construit comme un parcours vivant. Aussi nous avons identifié autour de ce parcours tous les bars à vin ou encore chocolatiers qui font des chocolats autour du vin afin de l’animer.
Il y a également des balades à vélo que nous avons créé dans le vignoble avec une offre assez large pour répondre aux différents profils de cyclotouristes.
La Nouvelle Aquitaine sous l’égide du Comité Régional du Tourisme a interrogé les gens sur leur vision du tourisme responsable. Ils répondent en majorité « campagne » alors que la réalité est toute autre. La ville est souvent plus responsable, car dans ces destinations vous pouvez circuler sans voiture. Bordeaux est par ailleurs partie prenante d’une expérimentation menée par le Comité Régional du Tourisme sur une destination sans voiture.
Nous avons également développé des partenariats culture et tourisme. Peu d’offres se développent de façon liée et nous avons créé dans la métropole des parcours de visite liés à des spectacles.
Sur la Garonne il y a le Bat3, un transport en commun fluvial qui relie le centre-ville de Bordeaux à Lormont. Beaucoup de touristes utilisent ce trajet qui est au départ conçu pour les habitants. Il permet en effet de passer à côté de la Cité du Vin et de faire une boucle pour découvrir la métropole différemment. Ce réseau est amené à être élargi même si ce ne sont pas des bateaux touristiques.
Il y a par ailleurs des compagnies qui proposent une offre de balades sur le fleuve ou encore des déjeuners de produits locaux.
La métropole vient d’adopter un schéma de développement du fleuve qui inclut notamment la création d’un certain nombre de pontons. Ils seront à vocation touristique mais également à vocation de transport notamment face aux problématiques des derniers kilomètres.
Nous sommes dans l’élaboration d’un projet festif autour du fleuve à l’échelle métropolitaine. Il y a une dizaine de communes qui ont un accès direct au fleuve sur les 24 de la métropole.
Quel accompagnement des professionnels du tourisme autour de la qualité de l’accueil dans la destination ?
En tant qu’office de tourisme, nous nous appliquons des exigences vis-à-vis de notre travail notamment dans la cadre des labellisations 20121 ou Tourisme & Handicap pour ne citer que ces deux-là.
Avec l’ADEME nous avons lancé une démarche de formation et nous serons les premiers à développer un programme de formation des agences afin qu’elles proposent à leurs clients des événements avec le plus faible impact environnemental possible. Cette formation à destination des agences réceptives n’existait pas.
Nous avons également créé au sein de l’office de tourisme un guichet unique autour des questions d’engagement et de responsabilité. Ainsi aujourd’hui, quand un professionnel du tourisme s’interroge sur les actions qu’il pourrait engagées, il a un interlocuteur qui est capable d’étudier sa problématique et de l’orienter vers la démarche appropriée.
Tout cela étant complémentaires des nombreux webinaires et formations en ligne que nous organisons pour les professionnels.
Nous allons aussi expérimenter avec le Tourisme Lab et la région Nouvelle Aquitaine un dispositif auprès des restaurateurs qui va les accompagner dans une démarche RSE en les aidant également à réaliser des économies. Il y a une expérimentation en cours à Bordeaux à ce sujet.
Nous avons également énormément diversifié les visites guidées dans le cadre du dispositif Bordeaux Vous Envoie Balader afin de permettre aux guides conférenciers d’élargir leurs offres. C’est une profession qui a besoin de travailler et qui ne trouve pas toujours son chemin. Ils sont notamment en concurrence avec des produits comme les Free Tours.
Quels objectifs en termes de mix clientèle ?
Si nous voulons que l’économie touristique fonctionne, il nous faut accueillir tout le monde. Nous avons toutefois une stratégie définie afin de calibrer nos ressources en fonction des potentiels de marchés.
Cette démarche s’applique aussi dans notre stratégie de développement autour de l’événementiel avec un choix de salons par exemple en lien avec le potentiel de notre territoire.
80% des touristes à Bordeaux sont français et nous ne souhaitons pas que leur nombre diminue. Nous étions également ravis que les européens reviennent.
L’ouverture d’une ligne de train entre Bordeaux et Francfort est une belle opportunité qui nous permet d’encourager des déplacements vertueux. Nous travaillons également avec le Comité régional du Tourisme à proposer des services plus aux touristes qui prendront le train. Notamment autour de la gestion des bagages ou des derniers kilomètres tout ceci afin de leur donner envie de prendre le train plutôt que la voiture.
Nous développons également plus d’offres pour les métropolitains car nous savons que ce sont des consommateurs de loisirs.