AccorInvest, acteur majeur de l’hôtellerie en Europe, dévoile son Rapport ESG 2023, marquant des avancées significatives en matière de certification, de score GRESB et de réduction des émissions. Retour sur 4 années de travail avec Franck Bermond, Directeur de la construction chez AccorInvest et qui pilote les sujets liés à la RSE.

La stratégie ESG 2020 – 2026 d’AccorInvest est structurée autour de trois piliers :

1. Agir de manière responsable
2. Respecter les personnes et l'environnement
3. Promouvoir une hospitalité positive

Cette approche privilégie des résultats durables à long terme, avec l'ambition de faire de la performance ESG un atout compétitif. Parmi les objectifs fixés, on retrouve la réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, l'obtention de la certification Green Key pour tous les hôtels d'ici 2026, et la certification BREEAM in Use pour 80% de la valeur brute de son portefeuille d’ici 2026.

Pour garantir le suivi et la mise en œuvre de ces engagements, AccorInvest a mis en place une gouvernance rigoureuse, comprenant :

• Un comité ESG au sein du conseil d’administration
• Un comité de pilotage de la stratégie, formé de membres du Comité Exécutif et du Directeur Général
• Un comité d'éthique dédié aux questions de conformité et d'éthique

Le Rapport ESG 2023 détaille les principales réalisations de l’année, notamment :

• Une amélioration significative du score GRESB, atteignant 81/100, soit une hausse de 17 points par rapport à 2022
• Une réduction de 12% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2019
• La certification Green Key pour plus de 90 hôtels du Groupe

Ces résultats témoignent de l'engagement continu d'AccorInvest en matière de responsabilité environnementale et sociale.

Entretien avec Franck Bermond

L'objectif du plan que vous avez lancé en 2020, est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030, où en êtes-vous de cette trajectoire ?

À date nous sommes à moins de 12% par rapport à 2019. Nous avons défini 2 objectifs, le scope 1 et le scope 2 qui sont essentiellement liés à l'énergie. Nous avions calculé notre empreinte carbone pré COVID 2019 et on est on a fait un petit bout du chemin puisque nous sommes à moins 12%.

Pour progresser sur cette trajectoire, nous avons construit une approche pragmatique où nous investissons sur l'humain avant d'investir sur les immeubles et avant de d'investir beaucoup en CAPEX.

Donc cette stratégie, on l'a appelée LowCAPEX, donc pas ou très peu de capex et après du high capex.

Nous traversons actuellement une phase intermédiaire jusqu'à 2025, 2026 nous investissons très peu en CAPEX et surtout sur de la sensibilisation, sur de la formation, sur des outils de mesure, sur des outils de contrôle notamment à travers l’outil RECAP. Nous avons lancé cette année le programme BOOST.

Nous allons dans nos hôtels faire une "révision des 100 000 km", sans CAPEX, nous remettons à 0 les réglages de l'hôtel. Cela rentre vraiment dans des plans de sobriété. Il s‘agit de consommer ce que l'hôtel doit consommer, pas plus, pour apporter le même niveau de confort client.

La première brique, c'est le LowCAPEX et c'est ce qui est en fait le plus durable. Parce que quel que soit le niveau d'investissement futur et quelle que soit la performance du bâtiment à l'avenir, il faudra toujours réagir comme ça.

Cela passe par la formation et c'est aussi une action sociale parce que cela permet de faire monter en compétence l'ensemble des équipes, quelles qu'elles soient. Opérationnelles ou techniques dans les hôtels.

Pour cette démarche, nous distinguons 2 typologies d'hôtels. Nous rénovons actuellement environ une trentaine de lignes sur notre portefeuille, pour ceux-là nous mettons en place des actions fondatrices qui nous permettront de nous inscrire dans la durée et donc la durabilité.

Nous avons mis en place une grille ISR [Investissement Socialement Responsable – ndr] de nombreux acteurs immobiliers le font, mais nous l'utilisons lors de nos investissements. Chaque fois que l'on passe un dossier en comité d'investissement, on mesure la note avant et après.

Quand nous rénovons, nous pratiquons la symétrie des attentions. Si nous rénovons les parties communes, nous rénovons les espaces réservés au personnel et les parties techniques.
 

Quel budget investit dans ces actions ?
 

Plusieurs millions d’euros ont été investis dans l’outil de diagnostic et de suivi RECAP. Cet outil permet de suivre les consommations mensuelles. Tout le monde fait ça désormais. Nous avons ajouté de la connectivité IoT qui nous donne un certain nombre de constantes du bâtiment. Cela permet de suivre en temps réel la gestion et le pilotage des consommations d’énergie. Cela permet à l'hôtel de savoir où il en est en permanence, que ce soit le directeur ou l'équipe de l'hôtel.

Y a-t-il une réceptivité différente d’un marché à l’autre ?

On ne peut pas dire que ce soit géographique ou culturel, c'est assez bien réparti. En revanche, il y a des zones qui vont plus vite que d'autres.

Dans cette phase de LowCAPEX où nous sommes actuellement, nous avons mis en place un suivi à maille plus fine où nous regardons tous les mois nos données. Nous avons fait un travail de nettoyage de données colossal. Cela permet d'avoir de vrais outils de management pour pousser les hôtels qui sont un peu à la traîne. Cela permet surtout de promouvoir ceux qui mettent en place les bonnes actions et de créer une certaine émulation.

Comment vos collaborateurs sont-ils associés à ce changement ?

C'est un peu l'affaire de tout le monde, toutefois il ne suffit pas de faire ce constat. Au sein de mon équipe, il y a une personne en charge d’animer chaque thématique. Ensuite, il faut que ça passe obligatoirement par le directeur de l'hôtel parce qu'il y a des pratiques opérationnelles, il n’y a pas que du technique.

Nous déployons plusieurs types de formations, elles sont de plusieurs ordres. Depuis comprendre les enjeux climatiques que nous avons mis en place avec Axa Climate. Il s’agit de comprendre de quoi on parle.

Nous abordons aussi le rôle et la responsabilité du Directeur de l'hôtel qui a une responsabilité opérationnelle. On peut surconsommer de l'eau en faisant mal certaines choses, et pas nécessairement à cause de la température ou parce que le client reste trop longtemps sous la douche. Pour les équipes techniques, c'est de la formation continue et surtout des formations de formateurs.

La rémunération des GM est incentivée sur les performances énergétiques de son établissement.

Que mettez- vous en place concernant votre impact social ?

L'hôtellerie c'est un secteur diversifié. Cette richesse est encore plus présente chez AccorInvest car nous avons 2 métiers. Nous sommes l'investisseur et l'exploitant. Nous sommes présents en Europe, en Amérique latine… Notre force de travail va de l'ingénieur, au chef de cuisine, au financier... Cette diversité est incroyable. Chez AccorInvest nous avons plus de nationalités dans nos sièges que de pays dans lesquels nous sommes présents.

Nous travaillons à favoriser cette diversité. Nous travaillons dans un secteur d'activité qui est incroyable parce qu’il permet de donner une chance à tout le monde. Je pense que nous sommes peut-être un des derniers secteurs dans lequel n'importe quelle personne peut trouver sa place.
Nous avons mis en place très localement des programmes d'accessibilité à l'emploi. Ainsi, dans certains hôtels, nous recrutons des personnes complètement éloignées de l'emploi, des détenus par exemple.

Je suis convaincu que l'hôtellerie doit avoir cet impact positif. On doit être ce métier qui peut changer la vie des gens. Autour d'un hôtel. Il doit se passer quelque chose. L'hôtel, ce n’est pas seulement l'endroit où vous allez passer une nuit pour dormir. L’hôtel c’est ce lieu fabuleux, où il y a surtout des gens qui travaillent. Ces gens qui y travaillent, on peut changer leur vie. C’est pourquoi nous déployons de nombreuses initiatives locales.

Cette stratégie autour de l’ESG nous l’avions conçue en 2019 avant de traverser le COVID. Elle se résumait à trois piliers 8 engagements et 19 challenges. Nous n’avons pas encore atteint les objectifs fixés pour 2025 et 2026 mais nous sommes en chemin, nous avons mis en place énormément de choses.

Je suis très fier du travail accompli par l'ensemble des équipes pour construire toutes ces fondations et déployer toutes ces actions.

Nous travaillons sur ces fondations, sur l'humain, sur la formation. Nous avons beaucoup œuvré à décomposer ce sujet qui est éminemment complexe, en des éléments simples. Nous avons choisi la certification Green Key en 2022 et nous avons déjà certifié plus de 100 hôtels. 2024 et 2025 seront les années de l’accélération qui nous permettront de récolter le fruit de ce travail de fond.