L'arrêté d'extension ministériel impose à la profession CHR une nouvelle grille revalorisée des salaires à compter du 1er mai 2011. Les minima conduisent à ce que le premier échelon soit mieux rémunéré que le Smic de base. Est-ce une bonne chose pour revaloriser l'image de la profession ? Est-ce que cela va faciliter les recrutements nécessaires ?
Nous avons reçu près d'un millier de réponses pour une question vitale qui touche la vie quotidienne des entreprises. On aurait pu penser que les hausses de salaires ont mauvaise cote auprès des chefs d'entreprise. C'est finalement plus subtil que cela. Certes, des charges supplémentaires ne sont pas appréciées, mais beaucoup jugent indispensable de faire un effort. Indispensable, mais avec le sentiment que le problème se situe déjà ailleurs. Les difficultés de recrutement persistent pour des postes qui ne sont plus jugés compatibles par les jeunes générations avec la vie naturelle d'un salarié aux 35 heures. - ?Les vrais professionnels, quittent la restauration traditionnelle pour aller vers les collectivités ou cuisine d'assemblage qui permettent de travailler avec des horaires plus communs (congé le soir, les week-ends....), conditions de travail contre lesquelles nous ne pourrons pas lutter.” -?Je suis favorable à une meilleure rémunération dans notre métier....ce serait mieux de baisser les charges pour que les personnes qui se donnent du mal gagnent plus, aient une bonne couverture sociale et de bonnes conditions de travail.....D’autre part, il serait bon de permettre aux femmes de travailler à temps partiel et de compléter leur rémunération par des aides, pour nous apporter plus de flexibilité." - ?Je constate que les conditions de travail se sont nettement améliorées au cours de ces 10 dernières années....Les salaires ne sont peut-être pas très élevés, mais mes salariés sont plutôt bien payés. une prime non chargée serait un moyen de les rémunérer plus sans nous pénaliser” -?Cette hausse reste marginale, car si le Smic augmente de 2% en juillet, nous serons rattrapés”. -?Les efforts entrepris depuis deux ans dans notre profession ont été remarquables, mais il faut savoir aussi regarder la rentabilité de l'entreprise...”. -?Certains voient la grille de salaires non comme une base mais comme LA référence sans reconnaître les différences entre les différents hôtels ou l'expérience”. - ?Les salaires sont conformes au niveau de qualification, mais si on tient compte des avantages en nature (logement, nourriture...), ils sont relativement élevés pour des niveaux de recrutement moyen”. -?L'augmentation des salaires est une bonne chose. En revanche, les charges salariales n'arrêtent pas d'augmenter et les aides disparaissent... Sachant que la rentabilité des entreprises est fragile”. - ?Cette nouvelle grille peut tenir si le taux de TVA n'est pas renégocié à la hausse à outrance en 2012”.Les salaires sont peu élevés par rapport à l'image de la profession (horaires longs en décalé et travail le week-end), mais il faudrait plutôt se pencher sur les réductions de charges car la main d’oeuvre est importante dans notre profession. -?Il faut arrêter de dire que l'hôtellerie restauration ne paie pas. C'était il y a 20 ans, maintenant tous remplissent une fiche de présence, au quart d'heure près. Mais il faut reconnaître que nous payons maintenant la dévalorisation du métier.” -?Il n'y a pas de problème à augmenter les salaires mais il s'agît d'un ensemble de choses. La baisse de TVA devait donner de l’air aux entreprises, mais si l'on met en rapport la baisse de TVA et les augmentations de salaires, cela nous coûte plus que le gain. Et il faut en plus pour les hôtels assumer les nouvelles normes hôtelières, les nouvelles normes incendie , les nouvelles normes handicapés décembre 2014. Dans ces conditions les augmentations ne sont certainement pas la priorité”. Le constat des difficultés de recrutement est éloquent. La remontée sera longue, très longue ,semble-t-il. - ?Je pense que notre secteur d'activité est un secteur mal aimé pour l'emploi. Tout est mis en avant pour les loisirs et notre profession permet peu de loisirs. Il faudrait réorganiser les journées type du personnel, compliqué à mettre en place certes, mais qui permettrait sans doute une revalorisation de la profession”. - ?Le problème majoritaire posé est le manque de qualification de beaucoup de postulants. D'où un niveau de salaire bas qui n'est pas en phase avec l'investissement personnel et l'ensemble des contraintes liées à notre métier. (horaires, pas de WE, etc.)”. - ?Depuis 2009 toutes les instances ont tout fait pour aller dans le sens d’une amélioration des salaires et le constat est que les gens ne veulent plus travailler. Il faut être passionné pour résister... Il faudrait réapprendre ce qu’est une conscience professionnelle.” -?La difficulté la plus importante demeure sur le poste de cuisinier. Impossible de trouver des commis et des apprentis?. - ?Personne n’est disponible pour combler certains postes, surtout pour travailler le week-end, même pour un salaire de 1600 € net pour 39h, et encore plus pour les postes polyvalents, bar, service, petits-déjeuners… Beaucoup de demandes seulement pour faire de la réception (beaucoup moins fatiguant)”. - ?Nous en sommes réduits à employer des jeunes non qualifiés avec le même salaire que les pros, mais l’attitude n’est pas la même : abandon de poste, mauvaise relation avec la clientèle. Cette avancée sociale est bonne mais beaucoup de collègues n’y voit qu’une nouvelle charge et les salariés ne sont que moyennement satisfaits”. - ?Pour la salle, la formation est relativement facile à assurer pour les employés de base (en un mois, les fondements sont acquis pour un serveur s'il y a un maître d'hôtel pour les prises de commandes). Côté cuisine, pour un établissement qui fabrique tout sur place (pas de cuisine d'assemblage) c'est beaucoup plus difficile, car les gestuels et les recettes requièrent une expérience préalable certaine?.