
Pressés par le Contrat d'avenir de recruter davantage, les hôteliers-restaurateurs se trouvent confrontés à une double contrainte : ne pas mettre en danger leur entreprise dans une conjoncture fragile et trouver la "perle rare" sur un marché du travail qui se dégrade en qualité et motivation du personnel. La volonté de recruter est présente, mais les difficultés se multiplient à en croire vos témoignages particulièrement nombreux sur cette question. Florilège .
Turn over subi malgré la volonté de garder les salariés : c'est le premier constat de vos déclarations. -“Il est effectivement très difficile de trouver du personnel, motivé ou non... Le turn-over est toujours aussi important même en faisant des efforts (respect des horaires, PEE , etc.)”. “Même en payant correctement le personnel, en le respectant et en travaillant seulement le soir, on éprouve beaucoup de difficulté à trouver du personnel. Le niveau de formation des écoles baisse et peu sont capables de tenir un poste avec un bac pro”. -"Nous voulons créer des emplois mais personne ne veut travailler même en proposant des salaires de 1400 € net voire plus. Nous sommes désespérés nous engageons des candidats qui n’ont pas du tout l'expérience demandée...” -“Nous nous précipitons avant même la sortie des stagiaires en école pour embaucher. Il manque de réceptionnistes et de serveurs qualifiés”. -“Impossible de trouver du personnel en service salle. Deux candidats se sont présentés : le 1er n'est pas venu au travail sans prévenir et le 2e est parti le 3ème soir. Le Pôle Emploi est une misère, les candidats ne se présentent même pas aux rendez-vous”.Le constat pour l'avenir reste un peu pessimiste -“Issu moi même de grandes écoles hôtelières (Lausanne et Cornell), je constate depuis des années que les Ecoles Hôtelières ne forment plus du tout un personnel motivé à l'art de recevoir et à l'hospitalité. J’en suis réduit à recruter des écoles hôtelières étrangères des élèves intéressés par un stage de 4 à 6 mois où l'on peut matériellement et physiquement formé un jeune. Notre système éducatif est en retard”. -“Devrons-nous faire appel à du personnel immigré pour assurer certaines taches contraignantes tel ce qu'ont fait nos ainés dans les années 60!”Mais tout le monde n'est pas encore en position d'augmenter le nombre de salariés. La crise n'est pas passée. -“C'est l'activité qui crée l'emploi et non un "contrat d'avenir". Le prix moyen du couvert au déjeuner baisse ! Comment faire vivre une structure professionnelle avec des tickets moyens à 15 euros -“La fréquentation des restaurants est en chute libre au profit des "points de bouffe". Il n'y a pas que les grandes brasseries parisiennes ou de grandes villes, il existe aussi un tissu de restaurants à travers le pays qui sont en grande difficulté. Peu attractifs, ces établissements n'ont certainement pas l'intention d'embaucher par manque de marge brute et de chiffre d'affaires”. -“La période de crise que nous traversons nous oblige à jouer la carte de la prudence, et dans le secteur de la restauration la baisse de la TVA a permis à de nombreux restaurateurs d'éviter le licenciement de personnel, à défaut de créer des postes”. -“Pour jouer le jeu de la baisse de TVA nous avons engagé en 2009 un collaborateur supplémentaire, erreur stratégique en pleine crise. En conséquence nous n'embaucherons de personnel supplémentaire pour la saison 2010, surtout si l'on se réfère aux réservations en portefeuille aujourd'hui”. -“La vraie question à se poser n'est pas les effets induits de la TVA, mais plutôt la baisse de fréquentation de nos établissements due au contexte général. La réduction de cet impôt injuste est une bouée de sauvetage de la profession, surtout en milieu rural, mais jusqu'à mais jusqu'à quand ?”Et même quand la bonne volonté est là, visiblement le niveau de qualification n'est pas au rendez-vous. -“Toujours aussi difficile de trouver du personnel réellement qualifié pour les saisons d'été. Même pour 7 à 8 mois de saison, le personnel de salle n'a qu'un niveau limite de brasserie, et en aucun cas celui pour un établissement avec une cuisine soignée”. -“Beaucoup de personnes se présentent en n’ayant aucune qualification dans la restauration, ni de service, ni de cuisine, malgré une annonce précise”. -“Les jeunes soient disant "qualifiés" sont de plus en plus incapables de gérer seul un poste de travail. Et dans les années à venir, les jeunes qui sortiront avec un Bac Pro au bout de 3 ans de formation seront encore moins qualifiés en pratique qu'à l'heure actuelle ! Cela promet !” -“Beaucoup trop de jeunes formés en école hôtelière abandonnent le métier après quelques années. Le manque de motivation et de persévérance sont les plus fréquents dans la nouvelle génération. Pourtant ces métiers sont un formidable ascenseur social”.Certains font part de leur sentiment sur les responsabilités de la profession et les raisons qui conduisent à cette situation tendue. -“Ceci est surement dû à l'évolution des mentalités, cependant les femmes et les hommes qui ont l'amour de leur métier restent très rarement sans emploi”. -“Les hôteliers restaurateurs se sont remis en question beaucoup trop tard que ce soit sur leurs méthodes de travail, la motivation à donner à leurs salariés, l'apprentissage et la rémunération très en retrait par rapport à d'autres branches, même la baisse de la TVA, ils n'en ont pas tenu compte! Le résultat : des gens non qualifiés, peu motivés, et turn-over!” -"Les apprentis en CFA ne sont pas motivés. Ouvert 7j/7, il est difficile de maintenir une qualité de service à la clientèle avec le taux d'absentéisme”. -“La motivation existe mais elle est très liée aux conditions de travail et à la récompense des efforts consentis. Il est aussi difficile de rencontrer des salariés adaptés à nos entreprises. Le manque de formation repousse les jeunes qui se sentent hors course et n'ont pas envie de prendre le temps de réapprendre le métier de A à Z”. -"Plus personne ne veut travailler soir et week-ends, ce qui parait normal quand on sait que les Français font 35h et ont des RTT. Quand nos syndicats et notre gouvernement comprendront qu'il faut baisser les charges dans cette profession pour pouvoir embaucher deux équipes de travail par entreprise, tout ira beaucoup mieux!"
