Vanguélis Panayotis s'entretient avec François Van Aal, président des Champagnes Lanson, pour explorer la stratégie de reconquête de la maison, son ancrage dans l'hospitalité et les tendances émergentes autour de la consommation de champagne.
Vanguélis Panayotis : François, merci de nous accueillir dans la maison Lanson, un clos rare au cœur de Reims. Comment parvient-on à marier un héritage séculaire avec la modernité ?
François Van Aal : C’est une recette complexe mais passionnante. Lanson, fondée en 1760, allie trois siècles d’histoire avec une approche contemporaine. Cela touche toutes les facettes de l'entreprise, des vignes avec nos partenaires vignerons jusqu'à l’assemblage, le vieillissement et la mise en marché. Nous sommes présents dans plus de 80 pays, représentant 85 % de nos expéditions. En 2020, nous avons lancé un « plan de reconquête », repensant la marque sous tous ses aspects : marketing, communication, habillage et relations distributeurs.
V.P. : Vous mentionnez souvent le rôle central du chef de cave. Pouvez-vous nous en dire plus ?
F.V.A. : Hervé Dantan, notre chef de cave depuis 2013, incarne le style Lanson. Il assure la relation avec les vignerons, dirige les assemblages et communique sur les caractéristiques des vins. Il a notamment lancé la cuvée Black Réserve, un vin destiné à la gastronomie, avec 50 % de Pinot Noir, 35 % de Chardonnay et 15 % de Meunier. Vieilli cinq ans en cave, il intègre 45 % de vins de réserve et 70 % de grands et premiers crus. Cela donne un vin vineux, complexe, avec une belle longueur en bouche.
V.P. : Le champagne est traditionnellement associé aux célébrations. Comment évolue cette perception ?
F.V.A. : En effet, le champagne se démocratise comme vin de dégustation. En France, il reste souvent lié aux mariages ou aux contrats signés, mais à l'export, il accompagne désormais les repas. Nous avons développé des partenariats avec une vingtaine de chefs ambassadeurs pour promouvoir les accords mets-champagne. À Reims ou Épernay, il n'est pas rare de boire du champagne de l'entrée au dessert.
V.P. : Lanson semble entretenir un lien étroit avec le secteur hôtelier. Quelle est votre ambition ?
F.V.A. : L’hôtellerie est un circuit clé pour nous. C'est là que les consommateurs découvrent le champagne à la coupe, une porte d'entrée vers l'achat en caviste. Nous travaillons avec des hôtels et restaurants emblématiques, renforçant notre visibilité. Comme dans l’hôtellerie, tout repose sur la qualité : « On ne peut pas faire de bluff marketing longtemps. Il faut que la qualité soit là. »
V.P. : Vous êtes également partenaires des Hospitality Awards. Pourquoi ce choix ?
F.V.A. : L’hospitalité et le champagne partagent une même quête d'excellence et de création de souvenirs. Nous voulons que Lanson soit présent dans les plus beaux établissements du monde, incarnant cette élégance à la française. Comme je le dis souvent, « il y a une magie dans la pétillance, une promesse de moments mémorables. »
