Comment dynamiser les CHR et les rendre de nouveaux attractifs ?

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Publié le 09/11/22 - Mis à jour le 09/11/22

Equip Hotel

Une question qui a été débattue lors d’un panel sur le salon Equip Hotel par Didier Chenet, président du GNI, Guillaume Kasbarian, président de la Commission des Affaires économiques à l’Assemblée nationale, Thierry Marx, président de l’UMIH et Dominique Restino, président de la CCI Paris Île-de-France.

Thierry Marx : « Il faut travailler sur l’attractivité de nos métiers de la façon la plus large possible. Le confort et la qualité de vie au travail sont importants pour que les collaborateurs puissent continuer à s’épanouir. Il y a un travail à mener sur la formation, la montée en compétences. Tout cela participe à une spirale dynamique, le bien être des collaborateurs c’est la qualité du service pour le client.

Avec le régalien il va falloir nous interroger sur un autre regard sur les contrats CHR. Regarder d’autres modèles de contrats de travail pour accorder plus de liberté à nos collaborateurs. Une démarche qui permettra de les protéger et les laisser libres d’être heureux dans ce métier. »

Didier Chenet : « Le salarié ou le client est en quête de sens. Il faut arrêter de culpabiliser en permanence. Il y a bien d’autres métiers que l’hôtellerie où il y a des difficultés de recrutement, nous ne sommes pas les seuls. Depuis deux ans nous travaillons ces sujets. Nous avons travaillé main dans la main avec l’UMIH sur la rémunération par exemple. Nous avons également travaillé à la grille de classification avec une correspondance sur les salaires. Notre rôle est aussi sur les sujets de santé, le rôle des professionnels est aussi d’accompagner les salariés dans les moments difficiles. Nous venons en aide dans l’urgence par exemple auprès des forces vives du secteur comme durant les périodes d’incendies cet été. »

Dominique Restino : « Le CHR a quelques soucis mais ce n’est pas le seul secteur dans ce cas. Nous travaillons à l’accompagnement des PME et TPE dans les transitions digitales et énergétiques. Nous formons 70 000 personnes par an, 38 000 jeunes en formation initiale dont 17 000 en apprentissage. Nous avons quelques écoles qui pour nous sont des fleurons. L’hôtellerie c’est un métier de passion. »

Guillaume Kasbarian : « Le tourisme c’est 8% du PIB français. Les professionnels du secteur rencontrent des difficultés face à l’inflation, aux coûts d’énergie, dans le recrutement. Le secteur s’est déjà beaucoup posé de questions sur ce sujet. Je vous rejoins sur l’adaptation des contrats de travail. Il faut également prendre en compte les difficultés à loger les professionnels saisonniers y compris les locaux. Nous avons lancé au sein de la Commission des Affaires économiques une mission sur le sujet. Le logement est une dépense très importante des ménages. Il faut se préoccuper de la tension sur le logement. »

Thierry Marx « Les écoles que nous avons créées il y a une dizaine d’année c’était avec l’objectif de repérer les personnes éloignées de l’emploi et de les accompagner. Cuisine Mode d’Emploi est née en premier puis Boulangerie Mode d’Emploi. La formation est gratuite mais nous attendons rigueur, engagement et régularité. Nous avons amené 90% de ces personnes dans un projet métier.

On n’a plus envie d’un emploi par défaut, il faut accompagner à la montée en compétence pour aider à grandir vite et à s’épanouir. J’entends le sujet de l’emploi depuis mon enfance. Les jeunes générations veulent un projet pas juste un emploi. Avec le régalien nous devons dialoguer pour retranscrire la réalité du terrain.

Il y avait le monde qui apprenait pour faire et ceux qui avaient la nécessité de faire pour apprendre. Ces deux mondes existent et il faut cohabiter. On trouve là des réponses pour amener vers un projet métier. Même quand on a le baccalauréat on peut se passionner par les métiers de l’artisanat. »

Dominique Restino : « Des jeunes diplômés d’HEC vont ensuite se tourner vers des CAP boulangerie. Il faut regarder et recruter autrement. Cela concerne presque tous les secteurs d’activité aujourd’hui. A la CCI nous travaillons à l’inclusion par l’activité économique. Il faut faire de l’apprentissage également dans les grandes écoles.

Les réfugiés étaient surement ingénieurs, cuisiniers ou autre dans leurs pays, c’est une main d’œuvre qu’il faut accueillir et mobiliser. Les Cafés Joyeux sont également un bon exemple de l’inclusion, il faut ouvrir sur le « recruter autrement et regarder autrement ». »

Didier Chenet : « La quête de sens, peut-être adressée par le projet d’entreprise. L’entreprise doit proposer quelque chose qui ait un sens. La réforme de l’apprentissage est une très bonne réforme. Aujourd’hui France Compétence décide de son côté sans mobiliser les professionnels, il faut que cela évolue. Tous les ans nous avons une promotion de 18 apprentis trisomiques, cela apporte énormément aux professeurs et aux autres élèves.

Par ailleurs, lorsque vous faites un achat pour loger votre personnel, vous ne pouvez pas récupérer la TVA. »

Thierry Marx : « Le logement est très handicapant pour le recrutement. Pour les locations Airbnb 120 jours c’est beaucoup, notamment dans des zones touristiques où nous avons besoin de loger du personnel. »

Guillaume Kasbarian : « Ce qui a été fait sur l’apprentissage est une belle victoire collective. Les entreprises ont joué le jeu. Le discours ambiant sur l’apprentissage a changé.

Pour Airbnb, il nous faut aussi rassurer les propriétaires notamment pour les situations d’impayés afin qu’ils envisagent d’autres modes de locations. »

Dominique Restino : « Dans le cadre de l’apprentissage, le co-contrat unique sur tout le territoire n’est pas équitable. Le coût du foncier, les salaires des professeurs sont-ils identiques à Paris ou dans le centre de la France où la pression foncière est plus faible ? On cumule tous les problèmes sur certains territoires pour développer l’apprentissage. »

Didier Chenet : « D’où la demande de revenir au fonctionnement France Compétence avec les professionnels. »

Thierry Marx : « L’apprentissage est long, les jeunes gens que nous formons actuellement apprennent plus vite, ils peuvent s’appuyer sur le digital. L’apprentissage des métiers doit être revu. Il faut que ces jeunes gens se forment vite sur les bases, aient un contact rapide avec le milieu professionnel, et leur permettre de se remettre dans la formation. Il faut permettre à ces jeunes gens de redéfinir la relation avec l’entreprise. C’est à nous entrepreneurs, de venir au contact de l’école. »

Didier Chenet : « D’où notre besoin impérieux d’investissement dans nos écoles pour coller avec l’utilisation des matériels dans les entreprises. Il est aussi sujet de sobriété énergétique. »

Dominique Restino : « Un apprenti est là pour apprendre, ce n’est pas un salarié à 100%. On a besoin qu’ils avancent. »

Thierry Marx : « Dans le cadre des JOP 2024, je participe au programme Food Vision qui va redonner de l’attractivité à nos métiers.

Un apprenti il ne faut pas impérativement le mettre dans la conformité, il faut lui transmettre la passion et l’accepter dans l’entreprise comme il est. »

Dominique Restino : « Le partage d’expérience est un levier important et il passe aussi par le mentorat. »

Thierry Marx : « J’ai travaillé sur le territoire de Clichy et nous avions mené une étude à l’époque qui a révélé que les trois grands moteurs de l’inclusion dans la société sont l’art, l’artisanat et le sport. Je pense que nous avons donc tous les atouts à notre disposition pour avancer sur le sujet. »

Union des Métiers de l'Industrie de l'Hôtellerie (UMIH)

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