Entretien avec Pascale Jallet, déléguée générale du Syndicat National des Résidences de Tourisme et apparthôtels. Retour sur une période complexe durant laquelle les résidences de tourisme parviennent à tirer leur épingle du jeu.

Le marché des résidences de tourisme en France

Ce produit est présent en montagne, à la mer, en ville et à la campagne. Nous avons quatre activités qui se rejoignent en tant que produit résidence, mais qui ont chacune leurs caractéristiques.

Sur l'urbain, nous n'avons aucune visibilité sur 2021. Le fait de ne pas avoir de touristes étrangers, pas d'événements, pas de business, etc. l'activité est vraiment très basse. Nous avons fait une étude, nous avons vu que l'année dernière, l'activité a baissé de 62 % et pour 2021, nous sommes sur les mêmes chiffres.

À la montagne, c’est très compliqué aussi cette année puisqu'en 2020 nous avons perdu le dernier mois de la saison hiver. En ce moment, en 2021 nous faisons une saison complète très compliqué sans les remontées mécaniques. En février, nous avons quand même eu à peu près la moitié de l'activité habituelle, ce qui est honorable sans remontées mécaniques, sans bars, sans restaurants, sans piscine cela reste compliqué. Cela traduit le besoin qu’ont les gens de respirer l'air pur.

Quels impacts de cette crise pour les petits propriétaires et les exploitants ?

Ils ont investi très souvent avec de la défiscalisation. Le système a bien fonctionné pendant 45 ans. La seule solution c'est tout d'abord que les exploitants communiquent avec leurs propriétaires. Ce n'est pas toujours facile parce qu'ils n'ont pas eu l'habitude de communiquer abondamment et fréquemment avec leurs propriétaires. Il faut leur expliquer la situation et essayer de trouver des solutions pour partager la casse parce qu'il y a quand même de la casse. Nous sommes dans le même camp. Je pense que les propriétaires et les exploitants ont tous intérêt à ce que l'outil demeure et que nous puissions reprendre très bientôt l'activité normale. Il faudra cependant passer un cap. Et pour passer ce cap, la meilleure solution c'est une médiation.

Quelles sont les attentes du SNRT vis-à-vis du gouvernement ?

Pour 2021, nous avons clairement demandé au gouvernement un accompagnement sur mesure. Il y a eu des négociations avec le gouvernement. Le gouvernement a annoncé « nous allons fermer les stations, nous allons vous faire des dispositifs sur mesure pour vous aider à passer la crise ». Il s'est vraiment engagé à participer au soutien des entreprises et si le gouvernement participe aux coûts fixes (l'essentiel ce sont les loyers) nous pourrons de ce fait verser les loyers. Nous avons la discussion avec les propriétaires d'une part et d'autre part les aides de l'état qui vont nous permettre normalement de dépasser ce cap.

La résidence de tourisme propose de l’hébergement individuel, un atout pendant cette crise.

Il est vrai que les gens peuvent faire la cuisine chez eux. Le click and collect, nous l’avons inventé depuis bien longtemps puisque dans les résidences classiquement, nous faisons de la livraison de plats préparés. Nous avons des accords avec les traiteurs du coin.  Cela nous a aidé à avoir un minimum d'activités. Ainsi à la montagne aujourd'hui nous voyons à peu près la moitié de la fréquentation habituelle. Nous espérions 30% en moyenne et nous serons au-delà.

Les activités par exemple en Résidence de tourisme sont un plus. Il y a des équipements qui sont intégrés et les activités sont toujours en liaison avec le tissu local.

Y-a-t-il des échanges de bonnes pratiques et partage d’expérience entre les adhérents ?

Sur les relations avec les propriétaires, sur la définition des valeurs locatives, les adhérents partagent énormément leurs bonnes pratiques, leurs exemples de contrats de façon à comparer tout cela d’une enseigne à une autre. Je pense que cela a bien homogénéisé et aidé certains à se développer.

Quelles actions sont mises en place au sein du réseau autour du développement durable ?

Nous sommes partenaires avec la Clef Verte depuis quinze ans parce que nous avions à l'origine fait une comparaison des labels possible pour les hébergements touristiques. Nous avions trouvé que la Clef Verte était un label qui encourage le progrès, qui n'est pas sur de la mesure stricte. Nous sommes sur une démarche d'accompagnement et de partage de bonnes pratiques.

Comment la profession se projette-t-elle ?

Aujourd'hui, les réservations sont au plus bas parce que tout le monde réserve à la dernière minute. Je vous parlais de février à la montagne mais février à la mer, c’est pas mal. C’est 50% par rapport à la fréquentation habituelle certes, mais nous pouvions craindre quand même que cela soit complètement catastrophique et nous faisons 40-50% de réservation.

Il faut savoir que 40-50% de réservation cela veut dire en chiffre d'affaires nettement plus bas. Sans les bars, les restaurants et les piscines il a fallu faire du rabais sur les prix et à au moins 30% en moyenne.

Le chiffre d’affaires sera mauvais mais par contre cela sera plutôt encourageant sur le produit parce qu’ayant des clients quand même dans ces conditions-là, nous pouvons espérer que dès les vacances de Pâques s'il y a un « relâchement » sur les mesures de restriction sanitaire, cela sera mieux et sur l'été encore mieux.

Tout le monde se prépare à ce que les réservations se fassent en dernière minute. Chaque annonce du gouvernement, nous avons des réactions. Nous attendons les annonces.

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