
C’est la question sous-jacente du colloque qui vient de se tenir au Sénat à l’initiative de l'Alliance France Tourisme et de son partenaire privilégié, Régions de France. Si les 100 millions de séjours internationaux ont été le flambeau des autorités publiques, les grands acteurs privés du secteur et leurs interlocuteurs dans les territoires préfèreraient lui substituer un autre objectif ambitieux : les 100 milliards de recettes internationales.
Après les messages de bienvenue de Bruno Belin (photo), Sénateur de la Vienne, et de Françoise Gatel, ministre en charge de la Ruralité, représentant les autorités politiques, Dominique Marcel, président de l'Alliance France Tourisme a recentré le thème des échanges à venir. "Le tourisme n’est ni une danseuse, comme le prétendent ceux qui n’en connaissent pas la dimension économique ; et ce n’est pas une rente, comme voudraient le croire ceux qui l’ont toujours perçu comme un bienfait inhérent à la diversité française et à sa situation géographique".

Sa situation géographie, justement, à la croisée des migrations touristiques de l’Europe du Nord et des pays d’accueil de l’Europe du Sud, a largement faussé la réalité qui prévaut encore trop facilement. Traverser la France, n’est pas la visiter et c’est bien pour cela que depuis longtemps l’Espagne est le vrai leader mondial en termes de visiteurs internationaux et largement au-dessus de nos performances en termes de recettes. Quand nous passons juste la barre des 70 milliards d’euros (Merci les grands événements dont les JOP), l’Espagne a déjà engrangé quelque 125 milliards d’euros de retombées économiques touristiques.
Quel tourisme voulons nous construire ?

Les trois séries d’interventions des grands patrons de Alliance France Tourisme et des dirigeants politiques de Régions de France ont tourné autour de plusieurs thèmes centraux :
1.Comment passer du volume à la valeur ajoutée ?
2. Que demander comme soutien aux politiques locaux ?
3. Peut-on imaginer capitaliser sur les acquis des JOP 2024 ?
Peu de contradictions entre les intervenants qui, par nature, sont au fait de l’importance économique du Tourisme, pour leurs entreprises et pour leurs territoires respectifs. Peu de révélations sur les réalités bénéfiques du couple public-privé quand il est scellé autour d’un projet clair, identifié et imaginé sur le long terme. Mais quelques vérités bonnes à redire et répéter ont au moins fixé les objectifs d'une feuille de route vertueuse.
Une offre d'hébergement marchand qui n'a pas variée depuis 20 ans
Un constat a été martelé avec force par Vanguelis Panayotis, président de MKG Consulting, l’offre d’hébergement marchand est stable depuis 2024, autour de 2 millions de chambres et d’appartements. Les créations parviennent à peine à compenser la sortie d’hébergements vétustes ou hors rentabilité économique. S’il y a une modernisation progressive de l’offre grâce à l’apport des grands groupes hôteliers, de villages-vacances ou de résidences hôtelières, elle ne grossit pas en capacité d’accueil.
La mollesse du développement marchand a été compensé par le dynamisme de la location saisonnière entre particuliers. Même le renforcement des réglementations et régulation n’a pas empêché 1 million d’unités touristiques d’arriver sur le marché, dans des conditions de concurrence critiquables.
Et pourtant, martèle également Vanguelis Panayotis, la France peut s’enorgueillir de posséder l’un des, si ce n’est l’écosytème le plus performant de l’investissement touristique : foncières, fonds d’investissements, soutien bancaire, family offices, analyse études et gestion de données… tous ensembles forment un collectif qui est à même de faire sortir les meilleurs projets de terre et d’en confier la gestion à des opérateurs expérimentés pour en assurer la meilleure valeur ajoutée possible.

Une mise en avant du modèle de Partenariat Public Privé
Le génie français n’empêche pas les blocages que tous les intervenants ont relevé à toutes sortes de niveaux tout en célébrant le succès du modèle PPP (Partenariat Public Privé). Ce modèle a permis des réalisations exemplaires comme le Futuroscope ou des Center Parcs, irriguant les territoires de retombées qui ne profitent pas qu’à Paris.
Complexité, barrière administrative, enchevêtrement des autorisations, les délais s’allongent pour ceux qui ne renoncent pas ou provoquent l’abandon de ceux qui trouvent la marche trop haute.
Au même titre qu’un certain Conrad Hilton résumait le succès de ses établissements à trois conditions : l’emplacement, l’emplacement et l’emplacement. Tous les intervenants, publics et privés, sont conscients qu’il y a trois priorités pour parvenir à relancer le tourisme en France : investir, investir, investir.
Chacun a pu porter son message particulier mais il se résumait bien à cette nécessité de faciliter par toutes sortes de biais administratifs, réglementaires ou volontaristes à lever les obstacles à l’investissement dans les territoires. Nos voisins espagnols et italiens et d’autres destinations encore confidentielles mais qui ne le resteront pas longtemps savent mobiliser les aides publiques au niveau européen notamment.
Le rôle des politiques est fondamental pour activer les leviers nécessaires

Qu’il s’agisse de favoriser les mobilités internationales ou domestiques, de libérer l’indispensable foncier pour créer une nouvelle offre, d’assurer la sécurité qui compte pour grand nombre de visiteurs, de soutenir les grands événements qui braquent le projecteur sur le talent français, …. Les politiques ont des leviers à activer au bénéfice final de leur territoire. Les grands acteurs, représentés au sein de l'Alliance France Tourisme, ont les projets dans les cartons et la volonté de poursuivre l’indispensable croissance de leur périmètre.
Nouvelle répartition des compétences, entremêlées par la Loi NOTRe, feuille de route régionale, coopération des institutions publiques, coordination des services de l’Etat, les propositions fusent. La balle est dans le camp des politiques.
Le contenu des tables rondes et des interventions sera disponible sur la vidéo témoignage assurée par Hospitality-ON. Restez à l’écoute.
