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Rennes prépare l’échéance 2012

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Publié le 19/05/09 - Mis à jour le 17/03/22

• En 2012, Rennes accueillera la ligne à grande vitesse. Une échéance à laquelle la ville se prépare activement, non seulement sur le segment affaires mais aussi loisirs. • L’office de tourisme veut mieux segmenter son offre touristique pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante et versatile. Quant à Rennes Métropole, elle est en train de mettre le point final à un projet d’envergure : la création d’un Palais des congrès dans un lieu historique du centre-ville. • Autant de projets structurants qui devraient dynamiser un parc hôtelier en recherche de nouveaux appels d’air.

“En 2008, l’Office de tourisme a comptabilisé quelque 224 000 visiteurs, soit une progression de 14% par rapport à 2007", indique Dominique Irvoas-Dantec, directrice de l’Office. Rennes serait-elle donc devenue une destination de court séjour ? Rien n’est moins sûr, car sur l’ensemble de ces touristes, nombreux sont les visiteurs de passage. "80 % du remplissage des hôtels rennais est assuré par la clientèle Affaires", assure ainsi Gilles Legendre, le président du Club hôtelier Rennes Métropole.Véronique Brégeon, propriétaire de l’hôtel de charme LeCoq-Gadby _ Nous avons su faire du LeCoq-Gadby un véritable resort urbain haut de gamme respectueux de l’environnement. Nous venons d’ailleurs d’obtenir l’Eco-label Européen. Nos deux spas, notre restaurant étoilé Michelin valorisant les produits locaux et notre hébergement de qualité nous permettent de lisser le taux d’occupation sur la semaine et le week-end. Si nous avons une belle clientèle de proximité (70%), nous avons également beaucoup de touristes étrangers : Nord-Américains, Espagnols, Italiens, Japonais et, depuis peu, Allemands. Le problème de Rennes n’est pas tant dans ses potentialités touristiques – la ville qui n’est qu’à deux heures de Paris regorge d’atouts – que dans la capacité des Rennais, et même des professionnels du tourisme de la ville, à les valoriser. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Ainsi, j’ai remarqué que les congressistes n’hésitaient plus à prolonger leur séjour sur le week-end, afin de profiter avec leurs familles des richesses de la ville. Au LeCoq-Gadby, nous avons adapté notre offre autour de ce marché en mettant en place des services de babysitting, en créant des chambres communicantes, en installant une ludothèque… Autant d’attentions, auxquelles la clientèle familiale est de plus en plus sensible."On commence petit à petit à s’imposer comme une destination de tourisme urbain, mais nous avons encore des efforts à faire pour capter la clientèle et lui donner envie de rester le temps d’un week-end ou de quelques jours", précise la directrice de l’Office de tourisme, avant d’ajouter : "Avec 76% du nombre de contacts au comptoir, soit près de 31 000 touristes renseignés en face à face, la part du tourisme d’agrément progresse. Quand on sait qu’elle ne représentait que 45% en 2000, cela permet de rester optimistes !”Comme la plupart des villes à vocation touristique, Rennes a développé un forfait intégrant un hébergement et un city pass. "Même si cette offre reste la plus prisée à ce jour, nous voulons aller plus loin dans notre proposition de packages, en développant des produits hyper segmentés", souligne Dominique Irvoas-Dantec. Ainsi, l’Office de tourisme a imaginé toute une série d’offres thématiques à l’intention d’un public touristique toujours plus exigeant. Amateurs d’art, de jardins, gastronomes, mélomanes ou scientifiques, chacun pourra désormais trouver son bonheur dans un panel de produits promettant d’évoluer au fil des saisons et des évènements culturels de la ville. Cette démarche globale intègre le savoir-faire des femmes et des hommes de la métropole et l’expertise d’une ville au tissu économique aussi divers que varié. Ainsi, pour le week-end "Rennes, la Gourmandise en capitale", l’OT propose en plus d’une découverte du Marché des lices, l’un des plus beaux de France, un cours de cuisine en compagnie d’un chef du cercle culinaire rennais. La même approche “100% locale" a été appliquée pour la création du produit “Rennes et les jardins", en cours de finalisation. "Il nous est paru naturel d’ancrer la découverte des deux jardins Thabor et Oberthür, signés par Bühler, le grand aménageur des parcs au XIXème siècle, dans une approche à la fois contemplative et interactive. A la découverte de ces deux espaces, s’ajoute une rencontre avec un spécialiste de l’école d’agronomie pour en savoir plus sur l’art de cultiver son jardin ou sa terrasse". S’appuyer sur les atouts de la ville pour constituer des offres cohérentes, telle fut aussi l’idée qui prévalut à la création du programme "Rennes à l’heure italienne". Depuis une quinzaine d’années, l’Office de tourisme de Rennes propose aux Rennais et aux visiteurs de découvrir l’empreinte laissée par le mosaïste Odorico sur le patrimoine rennais. L’exposition que le Musée de Bretagne et les Champs Libres consacrent à cette illustre famille de mosaïstes italiens l’a incité à lancer une nouvelle offre de week-end qui intègre la découverte de l’exposition, la mise à disposition du Rennes Métropole City Pass* et un dîner dans un restaurant italien…Crise oblige, l’Office de tourisme travaille également à l’élaboration d’offres promotionnelles pour l’été, en concertation avec les hôteliers afin de proposer un produit week-end à prix attractif, pouvant répondre aux attentes de consommateurs de plus en plus en quête de bons plans.En ce qui concerne les touristes français se renseignant à l’Office de Tourisme, ils sont dans l’ordre, bretons à 29%, franciliens (16,8%), ligériens (12,3%) et normands (8,3%). “Notre ambition est de conserver cette clientèle de proximité, moteur de la fréquentation, tout en partant à la conquête de nouveaux marchés, notamment celui des villes de l’est directement reliées par TGV, telles que Strasbourg, Metz…. Des actions confortées par la campagne de communication, "“Rennes, la Bretagne en capitale”, financée pour la 4ème année consécutive par Rennes Métropole. Nous essayons également d’être plus présents sur les marchés internationaux avec, à titre d’exemple, la réalisation à venir d’un "Vlog" (vidéoblog) à l’intention de la clientèle américaine, en lien avec Maison de la France".Conséquence de la visibilité accrue de la destination à l’international, les flux touristiques en provenance de l’étranger sont en évolution constante. "Les demandes formulées à l’accueil par les clientèles étrangères représentent plus de 41% de nombre total des demandes (contre 39% en 2007)", souligne Dominique Irvoas-Dantec. Les Espagnols (25,48 % du nombre des touristes étrangers renseignés au comptoir), très friands de tourisme urbain, sont pour la 3ème année consécutive en pôle position, talonnés de très près par les Britanniques (25,47%). Pas moins de 8 liaisons low-cost opérées par les compagnies Flybe et Aer Lingus assurent en effet le trafic aérien saisonnier vers ce marché historique.Porté par un emplacement géographique aux portes de la Bretagne et une agglomération au tissu économique particulièrement dense, le tourisme d’affaires constitue encore les 4/5ème de la fréquentation hôtelière. Les 257 entreprises situées sur la technopole de Rennes Atalante, dont 2009 marque le 25ème anniversaire, restent le principal vivier de ce segment. Si l’individuel affaires demeure majoritaire, le marché des congrès se démarque de plus en plus. A tel point, que les autorités ont envisagé la création d’une structure propre. Tel était en effet, le projet déjà évoqué début 2008 par Rennes métropole et dont nous nous étions fait l’écho dans un précédent article. Un an et demi plus tard, ce projet de création d’un Palais des congrès est plus que jamais d’actualité. Son emplacement exact devrait être connu avant l’été. "Il permettra de donner un nouvel élan au centre-ville rennais", souligne Honoré Puil, vice-président de Rennes Métropole en charge de l’urbanisme commercial, de l’artisanat et du tourisme. "Les hôtels, les restaurants, les cafés et les bars, mais aussi les commerces de proximité, tous pourront profiter de l’impact du futur Palais des Congrès sur l’activité économique. L’autre conséquence pourra être l’arrivée d’un hôtel 4 étoiles, susceptible de répondre aux nouveaux besoins en hébergement".Politique active de promotion du tourisme urbain, création d’un Palais des congrès, restructuration du quartier gare…, Rennes Métropole veut voir son avenir touristique en grand. Il faut dire que l’échéance 2012, qui mettra Rennes à 1h27 de Paris (au lieu des 2h04 actuelles) grâce au prolongement de la ligne de train à grande vitesse, n’a jamais été si proche…Le Couvent des Jacobins, futur Palais des congrès de Rennes ?“Le marché des congrès en Europe est arrivé à saturation. C’est du moins le résultat d’une étude que nous avions menée en 2005. Or, à l’époque, deux choix s’offraient à nous : soit on ne construisait pas de nouvelle structure et l’on mettait en réseaux notre offre d’accueil, soit on imaginait un équipement à l’architecture suffisamment attractive pour séduire une clientèle en recherche d’espaces originaux. Nous avons préféré la deuxième solution qui permet de positionner Rennes comme une véritable destination de congrès", déclare Honoré Puil, vice-président de Rennes Métropole en charge de l’urbanisme commercial, de l’artisanat et du tourisme.Impatients à l’idée de voir arriver en plein centre-ville un Palais des congrès digne de ce nom, les hôteliers devront encore attendre quelques semaines avant de connaître l’adresse définitive de ce nouveau lieu. "Le choix se fera avant l’été", promet Honoré Puil. L’emplacement du futur Palais des congrès de Rennes est un secret de Polichinelle. Si le Palais Saint-Georges fut un temps pressenti pour accueillir la nouvelles structure, c’est finalement le Couvent des Jacobins, plus facile à rénover et à exploiter, qui devrait avoir la préférence des autorités.Le choix d’installer le Palais des congrès dans un bâtiment historique et en plein centre-ville n’est pas fortuit. "La plupart des centres de congrès sont situés en périphérie de ville. Or, la clientèle actuelle est en demande de nouveaux lieux plus accessibles, de préférence dans des bâtiments de caractère". La rénovation du Couvent des Jacobins devrait prendre du temps. Propriété de l’Armée avant la restructuration de son patrimoine début des années 2000, il a été vendu à la Mairie qui l’a ensuite cédé à Rennes Métropole. "Ce projet est doublement intéressant, car non seulement il permettra de favoriser le développement économique de la ville via le tourisme d’affaires, mais il permettra également de participer de manière active à la réhabilitation du patrimoine historique rennais".Après une période de repli, le parc s’élargit“Le mix-clientèle des hôtels rennais est composé à 80% de clients professionnels et 20% de touristes d’agrément", souligne en préambule Gilles Legendre, président du Club hôtelier Rennes Métropole. Pour certains, comme l’hôtel LeCoq-Gadby, la part prise par le segment Loisirs est plus importante et résulte de la volonté de la propriétaire, Véronique Brégeon (voir ci-dessous), d’adapter son offre aux évolutions d’un marché en demande constante de nouveaux services et équipements : spas, accueil familial favorisé, démarche environnementale aboutie avec l’obtention toute récente de l’Eco-label européen.Seul hôtel à proposer des prestations haut de gamme sur Rennes, LeCoq-Gadby va bientôt être rejoint par un deuxième établissement 4 étoiles de 17 chambres dont l’ouverture est prévue en juin prochain au Château d’Apigné. Cette demeure de 25 hectares, située en périphérie de Rennes, qui dispose déjà d’espaces pour l’organisation de réunions et d’évènements, a ouvert depuis peu un restaurant gastronomique d’une cinquantaine de couverts, Les Tourelles. Le projet d’un 4 étoiles en centre-ville de Rennes est, quant à lui, en suspens. "Etant donné que nous sommes toujours en attente de nouvelles concernant l’ouverture d’un Palais des congrès sur Rennes, je pense que les investisseurs réfléchissent sur le montant des travaux et la rentabilité de ce futur hôtel, surtout en cette période de crise", explique Gilles Legendre. Outre ces projets haut de gamme, d’autres ouvertures (ou changements d’enseignes) sont également prévues. L’hôtel Solferino et l’hôtel de Brest Centre Gare, après rénovation, vont être réunis pour former un hôtel All Seasons (2*) de 100 chambres à fin 2009, un hôtel 3 étoiles va ouvrir prochainement avenue Janvier (entre la gare et les quais) et un Brit Hôtel va voir le jour à Rennes Longchamps en juin 2009.Si la fin de l’année 2008 et le début 2009 furent particulièrement difficiles pour l’hôtellerie rennaise (-10 points de RevPAR en novembre 2008 et -7,7 en janvier 2009), les mois de février et mars font reprendre quelques couleurs à un parc fragilisé par le recul des déplacements d’affaires." Pour dynamiser le marché, nous n’avons pas le choix : il faut que nous nous rassemblions afin de réaliser des actions collectives : opérations marketing, mise en place du système de réservation en ligne sur le site Internet du Club hôtelier et création de formations pour le personnel (formation en réception, formation des femmes de chambre ou autres)", insiste Gilles Legendre.La parole aux hôteliers… Gurvan Branellec, président d'Oceania Hotels _ Sur l’agglomération rennaise, nous travaillons en collaboration avec notre associé Daniel Jeulin. Il est à l’origine de la ZAC Cap Malo d’où est sorti de terre en mai 2008 le dernier-né de notre enseigne Escale Oceania, un hôtel tout confort de 62 chambres. La situation de cet établissement, en périphérie de Rennes et proche des grands axes de communication, l’importante offre de shopping et de loisirs de Cap Malo (restaurants, golf, karting, bowling, soccer, Woupi parc pour enfants, cinéma multiplexe…), nous permettent de jouer sur un mix-clientèle composé à 60% de clients Affaires et 40% d’agrément. L’hôtel dispose par ailleurs de deux salles de réunion d’une capacité de 60 personnes qui, couplées aux nombreuses attractions du site, nous permet de capter le marché des séminaires résidentiels. Notre objectif est également de réussir à inciter les clients Affaires à prolonger leur séjour à l’hôtel pour profiter, le temps d’un week-end en famille, des avantages de sa localisation. La politique du groupe Oceania est de raisonner en termes de marques et non d’étoiles. C’est la raison pour laquelle les clients sont surpris de la qualité des prestations offertes par cet hôtel classé deux étoiles mais qui, en réalité, est plutôt de confort 2 étoiles supérieur.Didier Piot, directeur de l’hôtel Mercure Rennes centre gare _ Notre établissement de 142 chambres accueille 80 % de clientèle Affaires. Notre hôtel, qui dispose de 10 salles de réunion, s’est en effet positionné d’emblée sur le marché des conventions d’entreprises et des séminaires. Depuis le début de la crise, nous avons réussi à maintenir notre RevPAR à un bon niveau. Plutôt que de dégrader notre prix moyen, nous préférons le soutenir en offrant plus de services aux clients. Comparé à l’activité d’autres villes françaises, Rennes s’en sort plutôt bien. Elle jouit d’une attractivité réelle et possède un tissu industriel aux compétences variées : les cosmétiques avec Yves Rocher, l’automobile avec PSA ou encore la restauration rapide avec Brioche Dorée (groupe Le Duff). Or, même en temps de crise, il est rare que tous les secteurs aillent mal au même moment. Nous croisons les doigts, mais pour le moment nous arrivons à tenir bon. Il faut dire que la politique de développement économique de Rennes Métropole nous encourage dans ce sens. L’activité générée par la création du centre culturel Les Champs Libres, les perspectives de rénovation du quartier gare et l’arrivée d’un Palais de congrès en plein centre-ville nous permettent ainsi d’envisager sereinement l’avenir.Véronique Brégeon, propriétaire de l’hôtel de charme LeCoq-Gadby _ Nous avons su faire du LeCoq-Gadby un véritable resort urbain haut de gamme respectueux de l’environnement. Nous venons d’ailleurs d’obtenir l’Eco-label Européen. Nos deux spas, notre restaurant étoilé Michelin valorisant les produits locaux et notre hébergement de qualité nous permettent de lisser le taux d’occupation sur la semaine et le week-end. Si nous avons une belle clientèle de proximité (70%), nous avons également beaucoup de touristes étrangers : Nord-Américains, Espagnols, Italiens, Japonais et, depuis peu, Allemands. Le problème de Rennes n’est pas tant dans ses potentialités touristiques – la ville qui n’est qu’à deux heures de Paris regorge d’atouts – que dans la capacité des Rennais, et même des professionnels du tourisme de la ville, à les valoriser. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Ainsi, j’ai remarqué que les congressistes n’hésitaient plus à prolonger leur séjour sur le week-end, afin de profiter avec leurs familles des richesses de la ville. Au LeCoq-Gadby, nous avons adapté notre offre autour de ce marché en mettant en place des services de babysitting, en créant des chambres communicantes, en installant une ludothèque… Autant d’attentions, auxquelles la clientèle familiale est de plus en plus sensible.

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