
Les professionnels des industries touristiques et hôtelières françaises s'inquiètent de l'impact économique qui s'est manifesté très durement depuis les terribles attentats du 13 novembre, notamment à Paris. Si la réponse globale des pouvoirs publics est attendue, Bpifrance a d'ores et déjà annoncé suspendre pour six mois les échéances de crédit des établissements parisiens, tandis que l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) a annoncé la mise en place d'un fonds de soutien.
L'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, exprimant dans un communiqué sa solidarité avec les victimes et les établissements ciblés par les attaques, a tenu à rappeler à ses adhérents la nécessité de "maintenir ouverts les hôtels, les restaurants, les brasseries, les cafés et les terrasses". Le syndicat appelle la profession à faire front commun, estimant que "nos établissements sont des lieux de rencontre, d'expression et de liberté." Près de 1.000 professionnels du secteur seront réunis à Bordeaux du 24 au 26 novembre 2015 à l'occasion du 63ème Congrès national de l'UMIH. L'événement devrait être en grande partie dédié à la riposte à mener par le secteur après les attentats, et aux mesures qui s'imposent pour soutenir sa reprise. L'organisation a par ailleurs annoncé dans ce communiqué "la mise en place d'un fonds de soutien pour les personnes et les familles touchées par cette tragédie", action dont les modalités vont être détaillées prochainement.La banque publique d'investissement a pour sa part annoncé son soutien à "l'hôtellerie parisienne durement frappée", prenant dès à présent la décision de suspendre pour six mois les échéances de crédits des hôteliers parisiens. Alors que les premières estimations laissent présager une baisse importante de l'activité pour les professionnels du secteur, Bpifrance estime donc nécessaire de ne pas entraver le redressement de l'hôtellerie et du tourisme en Île-de-France. D'après un porte-parole, "tous les hôteliers parisiens et de la petite couronne" pourront être concernés par cette mesure, en fonction de la baisse de fréquentation constatée. L'impact des attentats sur l'hôtellerie dans le reste du pays reste encore à déterminer, mais les premières données invitent à penser qu'à l'inverse de l'après-7 janvier les difficultés pour le secteur du tourisme pourraient cette fois s'étendre à l'ensemble du territoire français, ou tout du moins à celle impactées par le tourisme international.Comme le démontrent les données de MKG Hospitality, les professionnels parisiens du tourisme font déjà état d'un recul d'activité, d'annulations conséquentes et de départs anticipés des visiteurs. On devrait probablement constater une véritable paralysie de l'activité hôtelière pour le reste du mois de novembre; il est en revanche pour le moment difficile de savoir combien de temps la tendance va se prolonger. Face à cette situation, certains acteurs du secteur annoncent des mesures inédites: Booking.com a confirmé au Synhorcat (Syndicat National des Hôteliers, Restaurateurs, Cafetiers et Traiteurs) que le groupe ne prendrait plus de commissions sur les annulations et les no-shows consécutifs aux attaques du 13 novembre à Paris, et ce jusqu'à nouvel ordre.Suite à l'annulation du congrès des maires de France et son report à mai 2016 pour raisons de sécurité, certains établissements enregistrent parfois plus de 50% d'annulations de leurs réservations. A cela s'ajoute le report du Salon de l'étudiant ou la fermeture prématurée de Paris Photo, un événement qui attire habituellement près de 15.000 visiteurs par jour au Grand Palais. A l'approche de la COP21 et des fêtes de Noël, il va sans dire que les professionnels du tourisme et de l'hôtellerie-restauration attendent donc beaucoup des annonces à venir concernant des mesures de soutien des pouvoirs publics, d'autant qu'un mécanisme de ce type vient d'être mis en place à l'échelle nationale pour les salles de spectacles.
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