Opérations

plus

Région Nord-Pas-de-Calais : Dunkerque savoure sa popularité

16 min de lecture

Publié le 20/10/09 - Mis à jour le 17/03/22

• Comme la plupart des villes à dominante Affaires, Dunkerque souffre depuis le début de la crise du ralentissement de l’activité de son tissu industriel. • Mais le 3ème port de France a d’autres ressources. A commencer par sa dynamique politique évènementielle qui durant tout l’été a fortement contribué, avec le soleil, aux bons chiffres de son économie touristique. • Destination nature, culturelle ou shopping, Dunkerque - ragaillardie par le succès de «Bienvenue chez les Ch’tis» et largement médiatisée par son carnaval - est bien décidée à jouer sur tous les tableaux.

Il est des villes comme des gens. Quand certaines se plaignent alors qu’elles sont nées coiffées, d’autres n’hésitent pas à retrousser leurs manches pour pallier leur manque de réputation touristique.Fanny Caudron, directrice de La Meunerie (4*), à Téteghem _ “Nous avons un établissement de 9 chambres et une studette dont la décoration a été complètement refaite il y a trois ans. Toutes les salles de bains ont ainsi été équipées de système de balnéothérapie. Nous avons également une salle de réunion qui nous permet de répondre aux demandes de séminaires. 75% de notre chiffres d’affaires est réalisé grâce au segment Affaires. C’est une clientèle de proximité, des dirigeants et cadres du bassin industriel dunkerquois. L’autre marché, le Loisirs, est composé des clientèles d’individuels de passage sur la destination : Français, Belges, Néerlandais, mais également des excursionnistes ayant acheté des coffrets cadeaux. Nous sommes en effet l’un des rares établissements 4 étoiles à être commercialisé via l’opérateur de coffrets cadeaux belge, Bongo (société Weekendesk). La visibilité accrue de Dunkerque au niveau national, grâce au Carnaval ou encore au film «Bienvenue chez les Ch’tis», génère également du trafic. Mais cela reste minoritaire. En conclusion, on peut dire que nous avons fait une bonne année 2009. Car, même si nous avons ressenti la baisse importante de la clientèle britannique, celle-ci a été en partie compensée par un afflux plus important de touristes belges, des CSP+ à la recherche de dépaysement. Seule la restauration a connu une petit flottement avec une tendance accrue de la clientèle à refreiner ses dépenses”.Il y a encore quelques années, l’idée de passer un week-end à Dunkerque n’en faisait pas rêver beaucoup : son passé tourmenté - Dunkerque avait été détruite à 80% pendant le seconde guerre mondiale -, sa réputation de ville industrielle ne jouant guère en sa faveur. Tenace et fière, la ville a voulu changer la donne. C’est le projet de reconversion urbaine Neptune qui, à la fin des années 80, a commencé à modifier le visage de ce grand port du Nord. A l’époque, la ville choisit de se tourner davantage vers son front de mer. Résultat, en l’espace de deux décennies, les habitants de l’agglomération ont vu naître de nouveaux aménagements urbains autour de la gare et de Malo-les-Bains et émerger de nombreux équipements : administratifs et tertiaires, mais également universitaires (Université du littoral, Maison de la Recherche, Restau U, bibliothèque…), culturels (Musée Portuaire, Lieu d’Art et Action Contemporaine…) et de loisirs avec la création du centre Marine, doté notamment d’un cinéma multiplexe. La seconde phase de ce programme de revalorisation urbaine a été initiée en 2005 avec le projet Grand Large visant à convertir la friche des anciens chantiers navals en zone résidentielle mais aussi tertiaire. Des bâtiments publics (lycée, école, centre de formation), d’équipements liés à la mer (école de voile, centre de pilotage, criée), ou des centres culturels et de loisirs ont commencé à voir le jour. Egalement prévu dans quelques années, un complexe viendra enrichir l’offre culturelle et de loisirs de la destination en abritant notamment le Frac (Fonds régional d’art contemporain).Outre ces aménagements urbains, la ville jouit depuis peu d’une nouvelle popularité, liée en grande partie à l’effet conjugué du coup de projecteur provoqué par le film “Bienvenue chez les Ch’tis” et la forte médiatisation de son carnaval. Célébration haute en couleurs de la joie de vivre et de la bonhomie dunkerquoise, le carnaval de la ville, pourtant multi-centenaire, est en effet devenu en l’espace d’une petite décennie un vrai phénomène identitaire. A tel point qu’il est souvent associé aux célébrations de la ville, peu importe le calendrier. “Tout dernièrement, lors du Congrès national des Offices de tourisme, nous avons organisé un petit carnaval à l’attention des participants. C’était la folie. J’en ai même perdu la voix”, déclare tout sourire Sabine l’Hermet, la directrice de l’Office de tourisme de Dunkerque Dunes de Flandre, s’empressant d’ajouter : “tous se sont d’ailleurs promis de revenir à Dunkerque lors du vrai Carnaval”. Mais c’est la vague récente de sympathie suscitée par le long métrage de Dany Boon qui aura le plus marqué les esprits. “Le film a permis de donner un incroyable coup de projecteur sur le Nord. Du coup, dès 2008, nous avons créé de nouveaux produits touristiques, à l’image de ce “week-end chez les ch’tis” comprenant une nuit d’hôtel dans l’un de nos établissements, un repas typiquement flamand, un city tour à Bergues sur les lieux du tournage et, en option, une séance d’initiation au char à voile sur la plage de Malo-les-Bains”, détaille Sabine l’Hermet. “Un nouveau package qui nous permet d’expliquer aux touristes accueillis que Dunkerque est flamande et fière de l’être !”.Un regain de popularité que savoure pleinement la ville et dont l’effet s’est également fait ressentir dans les tiroirs-caisses des professionnels du tourisme de la ville. Ainsi, après une exceptionnelle saison 2008 , 2009 s’est avéré tout aussi bonne en matière de fréquentation touristique avec un taux moyen d’occupation hôtelière sur les 12 derniers mois frisant les 70% ! (voir statistiques MKG pages suivantes). “Nous avons fait une excellente saison estivale. Un restaurateur de plage, installé depuis plus de 9 ans sur Malo-les-Bains, m’a même avoué n’avoir jamais vu autant de touristes à Dunkerque en été !”.La crise en ayant pour effet de maintenir les Français chez eux a ainsi largement profité à la ville. “Nous avons reçu la visite de beaucoup de touristes de proximité : des Franciliens, des Nord-Pas-de-Calaisiens. De nouveaux marchés sont même apparus : des touristes du Sud, Italiens et Espagnols, ainsi que des pays de l’Est ”, souligne la directrice de l’Office. La météo favorable de cet été a également permis de mettre l’accent sur la politique évènementielle particulièrement importante de Dunkerque durant cette période. Il y en avait pour tous les goûts. Entre le départ du tour de France à la voile, le Festival Jazz Opale et Festival des folklores du monde, les grandes braderies, le championnat du monde de kite-surf, les meetings aériens…, les visiteurs avaient le choix. Depuis le printemps, Dunkerque a par ailleurs mis en place toute une série d’activités et d’équipements à l’attention des familles. Une semaine spéciale famille a même été créée cet été avec des animations spéciales comme ce Monopoly* géant et éphémère installé en plein centre-ville. “Nous avons même créé un petit guide spécialement dédié à ce marché : “Dunkerque Dunes de Flandres, les familles vont adorer”. Largement distribué par l’Office de tourisme, il a permis de mettre en avant la diversité de notre offre touristique, tout en proposant aux familles d’avoir accès à des tarifs préférentiels”.C’est l’ensemble de ces efforts faits envers ce marché qui a permis à Dunkerque d’obtenir dès 2006 le label “Famille Plus Mer”, labellisation confirmée en juillet dernier. Appelée à témoigner sur les initiatives de la ville en matière de tourisme familial, Sabine l’Hermet s’est d’ailleurs rendue tout récemment au Touquet. Belle revanche pour la ville du Carnaval que d’être prise au sérieux par la célèbre station de la Côte d’Opale !Si Dunkerque avance ses pions en matière de tourisme de loisirs, elle a su également se faire une place sur le segment Affaires. Plus de 65% des nuitées hôtelières sont générées par ce marché, boosté depuis 2005 par la réhabilitation complète du Palais des congrès, Dunkerque Kursaal. “Si 2008 fut une année particulièrement faste, 2009 est plus décevante. La crise est passée par là. Mais nous restons optimistes, car si le carnet de commande 2009 n’a guère été noirci, 2010 et 2011 s’annoncent sous les meilleurs auspices”, déclare Patrick Lecaillez, le directeur du Palais des Congrès de la ville. Référencé Quali-congrès depuis février 2009, Dunkerque Kursaal met en avant ses atouts : un site les pieds dans l’eau, des équipements technologiques de pointe, une offre d’accueil particulièrement attractive et un panel très varié de produits incentives. “Le label Quali-congrès garantit au client un service optimum incluant des délais de réponse rapides et un accompagnement de bout en bout, de la mise en place d’une logistique personnalisée au débriefing client”. Sur les 286 manifestations organisées chaque année, 8 sont des congrès. Le dernier en date, le congrès des Offices de Tourisme et Syndicats d’initiative organisé du 8 au 10 octobre de cette année, a rencontré un beau succès. “Sur 2 jours et demi, nous avons accueilli 800 congressistes et 35 exposants, soit pour les hôteliers près de 1700 nuitées de retombées”. La centrale de réservation de l’Office de Tourisme a permis de loger les congressistes à Dunkerque mais également dans l’ensemble de l’agglomération. Des navettes sont mises à disposition par l’Office de Tourisme afin de pallier le relatif éloignement de certains hôtels. L’idée de construire un hôtel 4 étoiles sur la plage de Malo-les-Bains, jouxtant le Kursaal avait un temps été annoncée. Depuis, la crise a eu raison de ce projet, du moins dans sa catégorie. “Nous prévoyons toujours l’installation d’un hôtel avec vue sur mer, mais plutôt de classe 3 étoiles”.Si la ville s’apprête à organiser deux très grosses manifestations en 2010 avec l’accueil de deux congrès de taille - les 11èmes assisses de l’Energie en janvier et la 6ème conférence européenne des Villes durables en mai - c’est sur le marché des petites conventions que Dunkerque compte bien se positionner. “Nous avons d’ailleurs récemment renforcé notre équipe commerciale en recrutant un nouveau collaborateur. Il sera chargé de développer tout le littoral, de Dunkerque jusqu’au Touquet”. • référence faite au nouveau Monopoly France où Dunkerque occupe l’emplacement très convoité de la Rue de la Paix. Insolite : Une destination… en flaconCet été, l'office de tourisme de Dunkerque Dunes de Flandre et le Syndicat Intercommunal des dunes de Flandre lançaient le parfum de leur destination : “Balades iodées sur les Dunes de Flandre ”. Conçu comme un support de communication original, destiné à promouvoir la destination des “Dunes de Flandre”, cette eau de toilette mixte aux senteurs marines et iodées fleure bon les 600 hectares de dunes, bordant la mer du nord, son air vivifiant, son sable fin, et la plage de “Malo Bray-Dunes” chantée par Alain Souchon dans “le Baiser”. “D'ailleurs un extrait de cette célèbre chanson est inscrit sur la boite illustrée de nos dunes”, précise-t-on à l'Office de tourisme, avant d'ajouter : « réalisée à partir d'essences de Grasse (la capitale du parfum) “Balades iodées sur les Dunes de Flandre” se veut un souvenir “olfactif” frais et discret d'un séjour, d'un week-end, d'une balade sur les Dunes de Flandre... ”. La parole aux hôteliers…Gérard Mailliet, propriétaire de l’hôtel Borel (3*) _ “Notre établissement, un hôtel bureau de 48 chambres, est situé face au port de Plaisance et à environ 200 mètres à pied de l’hôtel de ville. Nous avons entrepris il y a cinq ans sa rénovation complète : chambres, suites et parties communes. Aujourd’hui, il ne nous reste plus que deux chambres à transformer. Depuis le début de la récession économique et face à l’activité ralentie des entreprises de la région, nous avons des résultats en dents de scie, car ce sont les hommes d’affaires qui composent le plus gros de la fréquentation de l’hôtel. Ainsi, après une relative stabilité jusqu’à juin 2009, nous avons connu une baisse en juillet, suivie d’une augmentation en août, puis à nouveau d’un ralentissement en septembre. Heureusement, quelques manifestations comme le congrès récent des Offices de tourisme et Syndicats d’initiative ou les manifestations sportives nous permettent de nous maintenir à flot. _ Le Carnaval aussi génère quelques nuitées, mais le tourisme d’agrément n’étant pas notre cœur de marché, tant que la crise sera installée, nous devrons supporter de mauvais taux d’occupation. Ainsi, fin 2009 s’annonce d’ores et déjà difficile, un peu sur la même teneur que l’hiver 2008.Michel Staelen, propriétaire de l’hôtel Hirondelle (2*) et de la Villa Mimosa (3*) _ “Il y a deux ans, nous avons créé une extension en rachetant une villa malouine contiguë à l’Hirondelle, l’établissement existant. Avec la Villa Mimosa, nous disposons ainsi de 11 chambres supplémentaires de confort 3 étoiles. Cette acquisition avait pour principal objectif d’enrichir notre offre de services à l’attention de la clientèle Affaires. En effet, conjointement à la rénovation de la Villa, nous avons également créé plusieurs espaces de réunion (salon, patio…) pour l’accueil des entreprises. Or, depuis novembre dernier, nous n’avons organisé ni repas d’affaires, ni séminaires. Il faut dire que nous subissons de plein fouet la crise touchant nos aciéries : Arcelor-Mittal, Ascométal et Val Dunes. Le segment Loisirs, qui n’est pas prioritaire, est également devenu difficile à développer. Bien sûr, la ville tente d’attirer du monde par son active politique événementielle, mais la clientèle qui vient à Dunkerque ne reste jamais longtemps. Sauf exceptions, ce sont essentiellement des touristes de passage. De plus, ils sont de plus en plus pointilleux sur les tarifs de nos prestations, n’hésitant plus à tirer sur les prix. Cet été, si certains avaient pu dormir à cinq dans une chambre, ils l’auraient fait ! D’une manière générale, nous ne regrettons pas nos investissements. Nous restons confiants en l’avenir, même si, il faut l’avouer, le présent reste difficile…”Didier Gérard, directeur de l’hôtel Ibis Dunkerque centre (3*) _ “Notre hôtel est sous enseigne Ibis depuis deux ans. Racheté en 2007, il a été entièrement rénové et dispose aujourd’hui de 110 chambres. Nos TO sont en hausse constante, ce qui est normal car nous sommes encore en phase de lancement. Si on regarde d’un peu plus près les chiffres de fréquentation, plusieurs constats apparaissent. Le premier concerne la clientèle britannique qui, cette année, quel que soit le marché - groupes ou individuels - n’a pas été au rendez-vous. Heureusement, elle a été compensée en partie par l’afflux des clientèles françaises - parisienne et régionale en tête - et belges. Des deux côtés de la frontière, on a voulu profiter des tarifs pratiqués dans le région et du beau temps de nos côtes cet été. C’était même la première fois que j’accueillais des touristes belges en séjour long. D’autres marchés sont également apparus comme les Italiens et les Espagnols. Autre segment en plein développement sur Dunkerque, le tourisme sportif continue de gagner des parts de marché. Classée ville la plus sportive de France en 2002 par l’Equipe, Dunkerque a une politique évènementielle très active dans ce domaine. Le Championnat de kite-surf, le départ du Tour de France à la voile, les tournois de basket à Gravelines, les compétitions de natation, le triathlon, mais aussi le handball, nous apportent une clientèle de sportifs mais aussi de supporters tout sauf négligeable, notamment sur les ailes de saison. Ainsi, novembre s’annonce déjà sous les meilleurs auspices. _ En revanche sur le tourisme d’affaires, nous souffrons. La crise, les difficultés rencontrées par Arcelor, tout cela a eu des répercussions sur la fréquentation du segment Affaires. Les pouvoirs publics nous annoncent une reprise. Mais pour le moment, nous ne voyons pas venir grand-chose”.Fanny Caudron, directrice de La Meunerie (4*), à Téteghem _ “Nous avons un établissement de 9 chambres et une studette dont la décoration a été complètement refaite il y a trois ans. Toutes les salles de bains ont ainsi été équipées de système de balnéothérapie. Nous avons également une salle de réunion qui nous permet de répondre aux demandes de séminaires. 75% de notre chiffres d’affaires est réalisé grâce au segment Affaires. C’est une clientèle de proximité, des dirigeants et cadres du bassin industriel dunkerquois. L’autre marché, le Loisirs, est composé des clientèles d’individuels de passage sur la destination : Français, Belges, Néerlandais, mais également des excursionnistes ayant acheté des coffrets cadeaux. Nous sommes en effet l’un des rares établissements 4 étoiles à être commercialisé via l’opérateur de coffrets cadeaux belge, Bongo (société Weekendesk). La visibilité accrue de Dunkerque au niveau national, grâce au Carnaval ou encore au film «Bienvenue chez les Ch’tis», génère également du trafic. Mais cela reste minoritaire. En conclusion, on peut dire que nous avons fait une bonne année 2009. Car, même si nous avons ressenti la baisse importante de la clientèle britannique, celle-ci a été en partie compensée par un afflux plus important de touristes belges, des CSP+ à la recherche de dépaysement. Seule la restauration a connu une petit flottement avec une tendance accrue de la clientèle à refreiner ses dépenses”.

Pour aller plus loin

Chaque semaine, l’équipe HON vous apporte un regard expert sur le monde de l’hospitalité. En devenant membre, vous aurez accès à un écosystème complet : contenu exclusif, emploi, etc.

DEVENIR MEMBRE

Inscrivez-vous pour ajouter des thèmes en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des catégories en favoris. Inscrivez-vous pour ajouter des articles en favoris. Connectez-vous gratuitement pour voter pour la candidature.

Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ? Déjà inscrit ?