
Chargé par Christine Lagarde, ministre de l’Economie, et Frédéric Lefebvre, secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, d’une mission sur le tourisme d’affaires dans le Grand Paris, Gilles Pélisson, ex-Pdg du groupe Accor, a remis un rapport qu’il veut pragmatique à travers 20 propositions qui touchent au Transport, aux Equipements, à l’Accueil et à l’Organisation. Certaines peuvent être activées à très court terme si les acteurs concernés veulent bien se mobiliser.
Gilles Pélisson dresse avant tout un bilan plutôt positif de la situation du tourisme d’affaires sur le Grand Paris, une accumulation de chiffres qui traduisent la bonne santé du secteur, mais qui révèlent aussi la faiblesse à terme en raison d’une excessive concentration de cette activité sur la région Capitale au détriment des autres métropoles françaises, à l’inverse de nos voisins. Selon les estimations le tourisme d’affaires, essentiellement Congrès, Foires et Salons, génère entre 3 et 5 milliards d’euros de recettes pour le Grand Paris, qui truste à lui-seul 80% de l’activité nationale, laissant la portion congrue à un petit peloton de villes : Cannes, Nice, Lyon… Ainsi si Paris arrive en 3e position des villes d’accueil de congrès internationaux, la France n’est que 6e ; et si la Capitale se place en tête mondiale pour le nombre de salons, d’exposants et de visiteurs, 75 des 100 plus grands salons mondiaux se déroulent ailleurs, en Allemagne ou à Las Vegas. La situation du Grand Paris est paradoxale : son formidable succès actuel est porteur de saturation, d’engorgement, de hausse de prix… autant de germes malicieux que les villes concurrentes sont prêtes à exploiter.-* Recommandation N °20 Améliorer la lisibilité et assouplir l’interprétation des règles fiscales en désignant un correspondant dédié, comme cela avait été fait lors du Plan d’action de 2006, qui devrait, dans un premier temps, résoudre 3 difficultés : -Intégrer dans les exceptions à la taxation des avantages en nature (loi dite cadeaux), les réunions dont l’objectif est l’information et l’animation de réseaux de vente ou de prescripteurs. -Dans le cadre du dispositif fiscal de financement du Grand Paris, remplacer l’assimilation actuelle des surfaces de congrès et d’exposition à des surfaces de stockage, par le régime dont bénéficient les salles de spectacles, cinémas et théâtres. -Harmoniser et uniformiser le traitement fiscal des acomptes sous le statut de produits constatés d’avance.Au-delà du constat, Gilles Pélisson s’est attaché à trouver des pistes très pragmatiques, se voulant avant tout l’interprète des acteurs de la filière congrès et salons, du visiteur à l’organisateur, du transporteur à l’hébergeur… Il a regroupé ses propositions sous quatre chapitres qui méritent chacun une attention particulière : les transports et notamment les liaisons avec Roissy-CDG, les équipements en matière de congrès et d’expositions, l’accueil dans toutes les étapes du parcours du visiteur et, enfin, une meilleure organisation et une fiscalité adaptée. Certaines propositions appellent à la construction d’équipement ou de liaisons, avec un horizon à 3 ou 5 ans ; la plupart sont plutôt de bon sens et facilement mises en œuvre avec la bonne volonté et la bonne coordination nécessaires.Gilles Pélisson rappelle la nécessité d’une liaison expresse reliant en 20 minutes, Roissy-Charles de Gaulle à la gare de l’Est, non inclus dans le projet d’aménagement du Grand Paris. Il encourage la création de nouvelles capacités d’accueil, en termes d’espace (un ou deux amphithéâtres de 2 000 à 3000 places dans Paris) et d’hôtellerie de congrès. Il confirme au passage la fermeture prochaine du Pullman Rive Gauche, à proximité du futur Pentagone à la française, et l’importance de ne pas concentrer les nouvelles ouvertures d’hôtels souhaitées par la Mairie de Paris sur l’Est parisien, mais également au Sud et à l’Ouest, proches des grandes installations de congrès et salons. Six recommandations portent sur les conditions d’accueil et contrôles aux frontières, renforcement du dispositif Parafe, contrôle automatisé des passeports biométrique, pack d’accueil enrichi, paiement généralisé en carte bancaire dans les taxis…. Six recommandations traitent de l’organisation, des moyens et de la fiscalité, avec notamment le rapprochement des différents acteurs entre la ville de Paris et la région Ile de France pour la promotion et coordination des différents événements, l’accompagnement de l’Etat pour faciliter la conquête des grands événements comme cela se fait dans le domaine du sport.Gilles Pélisson a remercié les deux contrôleurs généraux économiques et financiers, détachés de Bercy, Marie-Christine Armaignac et Jacques Lovergne, qui lui ont facilité les contacts avec les acteurs publics et privés du tourisme d’affaires. Face à l’intérêt suscité par la question et à l’importance économique que représente ce secteur, il compte bien que ses propositions ne restent pas lettre morte, se félicitant déjà du climat de coopération nouveau qui semble s’être installé entre protagonistes qui s’ignoraient : Aéroport de Paris, Police de l’Air et des Frontières, Viparis, Chambre de commerce, Office de tourisme et CRT, notamment. ANNEXE SYNTHESE DU RAPPORT Au niveau mondial, le tourisme d’affaires, au travers les foires, salons et congrès notamment, connaît sur le long terme une croissance durable et forte, nonobstant les périodes de crise économique. Paris a longtemps été la destination phare et elle reste encore aujourd’hui attractive comme l’attestent des chiffres –au demeurant foisonnants et variables selon les sources (deux instances internationales font autorité pour les congrès, mais la situation est plus disparate pour les salons) et surtout, selon les critères utilisés (la taille ou le degré d’internationalisation de l’événement, par exemple...) la collecte présente des disparités importantes. Néanmoins, on doit se demander si Paris tire pleinement avantage de sa situation exceptionnelle, et pourquoi elle connaît, en valeur relative, une diminution de sa position, dans les classements internationaux.L’objet de ce rapport est d’évaluer la réalité de cette tendance et d’examiner les forces et faiblesses de la place pour faire apparaitre « une nouvelle ambition ». Cette interrogation n’est pas nouvelle, et la décennie écoulée a été riche en réflexions alimentées au niveau national et régional par de nombreux rapports, tel celui de Jean-Luc Margot-Duclot pour le Conseil régional en 2005, de Bernard Plasait pour le Conseil économique et social de 2007, de Philippe Augier au Président de la République en 2010 et celui du Conseil national du tourisme en février 2011. Des propositions ont été formulées, dont les pouvoirs publics se sont souvent inspirés, à la fois pour tenter de remédier aux faiblesses constatées, principalement dans le domaine de l’accueil, et pour inscrire cet effort dans une politique plus globale d’internationalisation. Ce rapport mesurera les progrès récemment accomplis, et ceux qui doivent encore être réalisés, en tenant compte du contexte nouveau, induit par la politique du Grand Paris.La mission met en avant l’attente forte des touristes d’affaires, quant à un accès rapide de leur point d’arrivée (majoritairement l’aéroport de Roissy) jusqu’au centre de Paris, où se situent les sites des foires, salons, congrès, évènements, ainsi que les hôtels. La mission s’est attachée à recueillir le témoignage de l’ensemble des acteurs, publics et privés, du tourisme d’affaires, en procédant à une comparaison internationale, à partir d’études existantes et grâce à une série de contacts avec les responsables de places plus ou moins concurrentes, comme Francfort, Barcelone, Vienne, Berlin, Dubaï et Singapour ainsi que Lyon. Dans l’esprit d’une « nouvelle ambition pour le tourisme d’affaires » pour le Grand Paris , elle s’est donné pour objectif de faire à la fois des recommandations à caractère structurant et dont la réalisation pourrait s’inscrire dans un horizon à cinq ans, et des propositions très concrètes , qui pourraient, une fois prises en charge par les acteurs publics, être mises en œuvre sans délai.A. RECOMMANDATIONS STRUCTURANTES A MOYEN /LONG TERME 1-RELATIVES AUX TRANSPORTS ET AUX INFRA-STRUCTURES-* Recommandation N °1 A l’image des grandes métropoles européennes, Paris devrait avoir une liaison directe rapide avec son principal aéroport (2e en Europe, 58M passagers) : Le projet, sous forme de PPP du CDG Express doit être débloqué : il permettra dans un horizon de temps proche (2015-17) de relier de façon directe (19mn) CDG à la gare de l’Est.-* Recommandation N °2 Dans le contexte d’une « nouvelle ambition » de conquête d’évènements de dimension internationale, il apparait nécessaire de créer de nouveaux espaces de congrès. Il doit s’agir d’un ou deux amphithéâtres de 2000-3000 places et de grandes salles modulables et polyvalentes, situés dans Paris. Il faudrait aussi mieux tirer partie des lieux d’exception que compte la capitale (musées, palais de la République, hôtels particuliers..) comme lieux de grands évènements.-* Recommandation N °3 De nouvelles capacités hôtelières de congrès devraient accompagner une « nouvelle ambition » dans le Tourisme d’Affaires : Les projets du Conseil Régional dans le cadre de son Schéma régional du tourisme, qui devrait être adopté en novembre 2011, ainsi que les projets de la Mairie de Paris en matière d’utilisation des disponibilités foncières vont dans le bon sens.-* * Recommandation N °4 Afin de faciliter la rénovation du Centre de Salons de la Porte de Versailles, il faut encourager la Mairie de Paris et Viparis à finaliser la négociation pour proroger la concession, afin que Viparis démarre les travaux très attendus (Halle n° 7, accueil Taxis, notamment …).2-RELATIVES AUX MOYENS, A L’ORGANISATION ET A LA FISCALITE-* Recommandation N °5 L’amélioration du service de la Police aux frontières à Roissy-CDG va nécessiter 100 à 200 fonctionnaires supplémentaires, vu la complexité de l’aéroport et son double rôle de « hub » pour Air France-KLM et de frontière d’entrée et sortie pour la zone Schengen.-* Recommandation N °6 Déjà envisagée, la fusion ou la mutualisation des moyens, notamment de promotion, entre l’OTCP (Office de tourisme et des congrès de Paris, les comités départementaux du tourisme et le CRT (Comité Régional de Tourisme) serait souhaitable dans un souci d’efficacité et de lisibilité extérieure. A tout le moins, il est nécessaire d’effectuer ce rapprochement pour le tourisme d’affaires.-* Recommandation N °7 Pérenniser, pour toutes les candidatures à de grands événements de type foires, salons et congrès, la dynamique d’une organisation interministérielle assurant l’interface avec la structure OTCP / CRT.-* Recommandation N °8 Mettre au point un suivi statistique des foires, salons, congrès qui, tout en prenant en compte l’enjeu de communication internationale, permette aux acteurs d’anticiper les évolutions de fond, grâce à des indicateurs d’alerte.-* Recommandation N°9 A l’instar des pratiques des autres pays européens, ne plus appliquer le régime de la TVA sur la marge bénéficiaire aux prestations de voyage entre professionnels (B to B).-* Recommandation N°10 Exonérer de la taxe locale sur la publicité extérieure, les dispositifs servant à la signalisation, à l’orientation et à l’information dans les espaces de foires, salons et congrès. B. RECOMMANDATIONS OPERATIONNELLES A COURT TERME1-POUR VALORISER LES SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS-* Recommandation N °11 -* Obtenir la participation de hautes personnalités politiques (Premier Ministre, Ministres, Président du Conseil régional, Maire de Paris) à des salons et congrès, qui ne seraient pas uniquement les évènements déjà consacrés, constituerait un signal fort.2-POUR AMELIORER L’ACCUEIL DES TOURISTES D’AFFAIRES-* Recommandation N °12 Pour l’accueil à Roissy de la clientèle des voyages d’affaires, des progrès supplémentaires devraient être réalisés, dans la poursuite du « pack accueil » : accélérer la livraison des bagages, installer des guichets d’accueil spécifique, créer des files de taxis et de limousines dédiées aux participants à des foires, salons, congrès, favoriser la « customisation » des lieux pour les grands évènements, mettre en place le Pass Congrès valable sur les réseaux de transport et l’entrée aux salons et congrès-* Recommandation N °13 Il faut anticiper la montée en puissance de la diffusion des passeports biométriques et accroitre le déploiement de postes PARAFE dans les aéroports, les capacités actuelles étant insuffisantes, ce qui risque de créer des engorgements dès l’automne 2011.-* Recommandation N °14 Après la fin des travaux dans le tunnel du Landy prévue à l’été 2012, il faudra reprendre et pérenniser l’expérience d’une file dédiée aux transports collectifs et taxis sur l’autoroute A1, qui permet un gain de temps de 10 mn, en l’assortissant d’un accès facilité à l’entrée du périphérique. Il est également important d’améliorer l’accès au parc des expositions de Villepinte les jours de congrès ou salons en mettant en place un affichage dynamique sur l’autoroute A1 permettant de fluidifier la circulation.-* Recommandation N °15 Permettre le paiement par Carte Bancaire dans tous les taxis, en les incitant à s’équiper de terminaux électroniques de paiement, en modifiant la réglementation existante pour autoriser une majoration tarifaire d’un montant à déterminer par négociation avec la DGCCRF (le chiffre d’1 € est avancé par la profession).-* Recommandation N °16 Donner aux visiteurs étrangers et aux organisateurs d’événements, une meilleure lisibilité sur le tarif de la course de taxi entre les aéroports et les sites d’exposition en autorisant la négociation de forfaits entre les organisateurs de foires, salons, congrès et les représentants de la profession. Une expérimentation pourrait intervenir pour le trajet CDG – Villepinte.-* Recommandation N °17 Pour les Voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) remplissant un cahier des charges attestant du haut niveau de qualité de la prestation proposée (limousines), il est nécessaire de rétablir des conditions de travail adéquates comprenant un accès aux aérogares, le droit d’utiliser les voies d’accès rapides, les facilités d’accès aux lieux d’exposition.-* Recommandation N °18 Inciter l’OTCP à publier et distribuer à tous les acteurs professionnels, le «Vademecum» de ses services, afin de pouvoir utiliser avec fluidité le processus d’interrogation et d’autorisation pour les nombreux domaines de responsabilités de la Ville.-* Recommandation N °19 Inciter la SNCF et Viparis à finaliser l’achat des automates distributeurs de billets pour la station de RER de Villepinte, afin de faciliter la sortie des salons, aux heures de pointe.3-POUR AMELIORER L’ENVIRONNEMENT REGLEMENTAIRE-* Recommandation N °20 Améliorer la lisibilité et assouplir l’interprétation des règles fiscales en désignant un correspondant dédié, comme cela avait été fait lors du Plan d’action de 2006, qui devrait, dans un premier temps, résoudre 3 difficultés : -Intégrer dans les exceptions à la taxation des avantages en nature (loi dite cadeaux), les réunions dont l’objectif est l’information et l’animation de réseaux de vente ou de prescripteurs. -Dans le cadre du dispositif fiscal de financement du Grand Paris, remplacer l’assimilation actuelle des surfaces de congrès et d’exposition à des surfaces de stockage, par le régime dont bénéficient les salles de spectacles, cinémas et théâtres. -Harmoniser et uniformiser le traitement fiscal des acomptes sous le statut de produits constatés d’avance.
