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Portrait de Xavier Le Ru, Directeur Général du Radisson Blu Paris Opéra

8 min de lecture

Publié le 19/04/11 - Mis à jour le 17/03/22

• Aujourd’hui directeur général du navire amiral parisien de Radisson Blu, Xavier Le Ru a assuré la transition du changement de propriétaire et du changement d’enseigne en gardant en place toute son équipe • Fidèle par choix à un groupe et à une enseigne, il a passé plus de 20 ans dans le groupe Concorde en revenant régulièrement à l’Ambassador auquel il voue un grand attachement • Désormais intégré dans un groupe aux ramifications planétaires, l’envie de voyage et de découverte qui lui ont fait préférer ce secteur revient le titiller, surtout après chaque retour de mission commerciale.

La tradition gastronomique rennaise et son solide appétit expliquent sans doute l’attirance du jeune Xavier pour les métiers de bouche. Lui n’y voit pas d’autre explication, comme si cela avait toujours été une évidence. Pourtant son professeur de 5e lui conseille de ne pas prendre la filière du CAP mais de viser un peu plus haut en intégrant le lycée hôtelier de Dinard avec son bac général en poche pour lui ouvrir l’esprit. Il suivra ce conseil qui débouche quelques années plus tard sur un BTS en gestion hôtelière. “J’ai assez vite réalisé que je n’avais pas le talent pour poursuivre comme cuisinier alors que l’hôtellerie me plaisait bien”. Le lycée lui permet accessoirement de rencontrer sa future épouse, et c’est ensemble qu’ils iront parfaire leur anglais une année en Irlande. ?Après quelques petits boulots, nous avons trouvé un poste en couple, comme assistant manager d’une auberge de 15 chambres, ce fut très formateur”, se souvient Xavier Le Ru. Il doit rentrer en France faire son service militaire avec une opportunité flatteuse, entrer à l’Elysée pour diriger la petite équipe du mess militaire. ?C’était un premier travail d’encadrement avec la responsabilité de la caisse et une première approche du monde du luxe”. Retour à la réalité terre à terre et comme beaucoup de jeunes diplômés, Xavier débute comme réceptionniste à l’Ambassador, l’un des maillons du groupe Concorde de la famille Taittinger. Il ne se doutait pas qu’il y reviendrait souvent. ?Au bout d’un an, on me propose d’intégrer l’équipe qui met en place le nouveau logiciel informatique au Lutetia, dirigé par Jean-Marc de Margerie. Outre l’intérêt du projet, j’ai pu me familiariser avec le monde de la réservation, les analyses de segments”. Il entame un parcours rare pour un jeune qui débute en hôtellerie, un cheminement de près de dix ans au sein même du Lutetia. ?Ce ne sont pas les sollicitations extérieures qui manquaient, mais tous les deux ans, Jean-Marc de Margerie me proposait un poste qui me permettait d’évoluer sans chercher ailleurs. En plus, c’était une période formidable où l’hôtel continuait son repositionnement, en direction du marché américain notamment, en cherchant à s’imposer comme le meilleur hôtel de la rive Gauche”. De fil en aiguille, il se retrouve directeur adjoint de l’hôtel.- 1982 à 1986 : BTH et BTS en gestion hôtelière au lycée technique hôtelier de Dinard - 1987 : une année en Irlande avec sa compagne pour parfaire l’anglais et aider à la gestion d’une country house - 1988 : service militaire comme responsable Caisse du mess du Palais de l’Elysée à Paris - 1989 : réceptionniste à l’hôtel Concorde Ambassador - 1990 – 1999 : entre à l’hôtel Concorde Lutetia comme chef de projet informatique, puis parcours en hébergement pour en sortir directeur adjoint - 1999 – 2001 : retour au Concorde Ambassador comme directeur adjoint - 2001 – 2006 : directeur général de l'Hôtel du Louvre - Concorde - 2007 – 2008 : directeur général du Concorde Ambassador - 2008 – 2011 : directeur général de l’Ambassador, devenu Radisson Blu Paris OpéraAu sein du groupe Concorde, Richard d’Harcourt, le directeur de l’Ambassador, l’appelle pour profiter de son expérience pour repositionner aussi l’hôtel. C’est un premier retour comme adjoint qui durera deux ans, le temps d’acquérir les dernières compétences pour prétendre au bâton de maréchal. Ce sera toujours dans le groupe Concorde, mais au pied de l’avenue de l’Opéra. ?Il y n’avait pas de perspective immédiate à l’Ambassador alors j’ai profité de l’occasion de prendre la place qui se libérait à l’Hôtel du Louvre”. Xavier Le Ru ne se doutait pas qu’il allait y vivre ses années les plus "challenging". A peine arrivé, un fameux 11 septembre 2001 change toute la donne. “Il a fallu faire face, avec détermination. Notre clientèle était essentiellement américaine et, du jour au lendemain, elle arrête de voyager. Il faut agir vite, avec lucidité, en stimulant une équipe bien secouée mais très mobilisée. Nous avons mis deux ans à remonter la pente, en changeant notre orientation commerciale davantage tournée vers la clientèle européenne et les séminaires. Bien nous en a pris car, du coup, nous avons mieux traversé la crise suivante de 2003-2004”, se souvient le directeur général. L’euphorie revient sur le marché parisien avec les belles années 2006 et 2007, mais Xavier Le Ru doit gérer un autre événement, la cession du groupe Taittinger à Starwood Capital. “Ce ne fut pas une grande surprise, on s’y attendait depuis un moment et au bout de compte les exploitations n’ont pas vraiment été affectées. Je dirais même que l’on a repris espoir de trouver avec Starwood les moyens que la famille Taittinger ne pouvait plus mettre dans les hôtels. Mais cela n’empêche pas de devoir à chaque fois rassurer les équipes”. Justement, des rénovations sont programmées à l’Ambassador, l’hôtel fétiche de Xavier Le Ru. Marie-bé Lallemand, la patronne de Concorde Hôtels, lui propose d’aller les piloter. ?Je n’ai pas beaucoup hésité, j’étais plutôt excité à l’idée de revenir avec ce beau projet et de retrouver les équipes, même s’il faut gérer les relations avec d’anciens collègues de travail qui n’ont pas progressé de la même façon. C’est l’expérience humaine de l’hôtellerie!” Nouvelle crise, les travaux sont reportés et l’hôtel est vendu par Starwood Capital à Westmont Hospitality. Le contexte change, mais finalement pas la mission. ?L’excitation a repris le dessus, car Westmont veut valoriser sa propriété et nous ficèle en moins d’un an un projet de rénovation à partir d’une feuille blanche et des standards du nouvel exploitant, puisque l’hôtel passe sous enseigne Radisson Blu”. A part une responsable commerciale, toute l’équipe reste en place, mais il faut faire un gros travail de pédagogie pour expliquer les ambitions du nouveau propriétaire et la culture de la nouvelle marque. ?Le propriétaire amenait des moyens et la marque nous ouvrait sur une nouvelle dimension, encore plus internationale, avec des process plus encadrés. Il y avait de quoi être enthousiaste. D’autant que je retrouvais chez Rezidor pas mal de cadres que j’avais côtoyés chez Concorde, comme Olivier Jacquin. Cela a beaucoup facilité les choses. Pour la petite histoire, j’avais été approché par le groupe avant la cession, mais je voulais rester à la tête de l’Ambassador. Finalement…”Les travaux sont menés tambour battant, sans fermer l’établissement, jusqu’à l’inauguration officielle des nouvelles couleurs du Radisson Blu Paris Opéra, il y a quelques mois. Pour Xavier Le Ru, c’est une seconde partie de carrière qui débute, ponctuée déjà de nombreuses missions commerciales à l’étranger. Elles satisfont ses goûts pour le voyage et la découverte des autres cultures, notamment américaine et japonaise. D’ailleurs, si l’occasion se présente, lui qui a été pendant vingt ans un spécialiste du marché parisien se laisserait bien tenter par une aventure à l’étranger. En attendant, il fait tourner l’établissement avec une équipe qui se renouvèle progressivement et qui intégre une nouvelle génération d’employés. “Je ne trouve pas que leur motivation soit très différente de la nôtre. Ils ont autant la passion pour le métier, mais il y a une volonté parallèle de comprendre, de ne pas «tout avaler» sans négocier ce qui peut l’être. Le regard de mes enfants m’aide à comprendre ces besoins que nous n’avions pas autant à notre époque”, conclut Xavier Le Ru de manière pragmatique. “Il faut être clair pour ne pas décevoir”.Xavier Le Ru en quelques dates

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