• Maxime Wucher, représentant de la 4ème génération, vient de prendre à 28 ans la direction de l’hôtel Le Parc 4* à Obernai, une institution de l’hôtellerie alsacienne haut de gamme. •Contrairement à son père, plongé jeune dans l’entreprise familiale, il est d’abord parti faire ses classes internationales à Singapour et en Chine, à la tête de la restauration des plus beaux hôtels. •Fort de ces expériences, de son ouverture sur le monde à travers ses nombreux voyages, il compte imprimer sa marque personnelle, même si la famille reste bien présente.
Impliqué très jeune dans le fonctionnement de l’hôtel Le Parc, fondé par sa grand-mère, Marc Wucher parcourait l’Asie dès qu’il avait un peu de temps libre pour s’ouvrir à d’autres cultures et emmenait son fils Maxime dans ses bagages. Même s’il était naturel pour l’un comme pour l’autre qu’il faudrait un jour prendre la succession familiale, Marc Wucher a d’abord poussé Maxime à vivre ses propres expériences. “Je dois à mon père de m’avoir préparé à une carrière internationale en me donnant le goût des voyages et en me poussant dans des études hôtelières qui devaient d’abord m’éloigner d’Obernai pour y revenir mieux armé”, explique le jeune directeur général de 28 ans, à la barre de l’hôtel 4* depuis quelques mois. Qui pourrait croire qu’il a déjà derrière lui, près de 10 ans de métier ?Maxime Wucher en quelques dates... -1998 – Ecole hôtelière de Strasbourg -2000 – Diplômé de l’Ecole Hôtelière de Lausanne, 3e de sa promotion -2001 – Stage dans les restaurants du Raffles de Singapour -2002 – Assistant manager du Blu Restaurant & Bar au Shangri-La de Singapour -2004 – Responsable opérationnel de la Restauration au Mandarin Oriental de Singapour -2006 – Directeur de la Restauration au Fullerton Hotel de Singapour -2007 – Directeur de l’Attica Club on the Bund à Shanghai, Chine -2008 – Retour en Alsace pour sa convalescence -2009 – Installation au Vietnam avec l’association «La boulangerie française à Hué» -2010 – Direction générale de l’hôtel familial Le Parc 4* à ObernaiBrillamment diplômé des écoles hôtelières de Strasbourg et de Lausanne, il n’envisage pas son début de carrière en Europe ou en Amérique comme beaucoup de jeunes, mais plutôt en Asie, dont il a admiré la qualité des palaces. Avant de partir pour Singapour, son choix initial, la solidarité alsacienne se met en marche. Ami de la famille, Marc Haeberlin de l’Auberge de l’Ill lui recommande d’aller voir le chef Freddy Schmidt, alors aux commandes des cuisines du Raffles. “Il était en train de partir pour le Mandarin Oriental, mais il m’a poussé pour que je sois engagé au restaurant et il me suivait régulièrement pour amortir le choc culturel”. Car le choc est rude pour ce jeune de 19 ans, lâché à 5 000 km de ses bases. Il se plongera avec encore plus de détermination dans son travail. “En Asie, les Allemands, Autrichiens et Suisses allemands sont très présents dans l’hôtellerie car ils ont une réputation de rigueur, d’organisation et de puissance de travail, en tant qu’Alsacien on m’a inclut dans cette communauté et je me devais de faire honneur à cette réputation”, explique Maxime. Malgré la différence d’âge, une réelle amitié le lie à Freddy Schmidt qui suit son parcours pas à pas. Au bout de six mois, il intègre le Shangri-La où il restera deux ans à gravir les échelons au sein de la division restauration. “Les restaurants d’hôtels sont très importants en Asie, ils font partie de la vie quotidienne des habitants qui profitent de la moindre occasion pour s’y retrouver. Ce sont des vitrines de l’hôtel sur l’extérieur avec une image d’abondance qui donne la priorité aux buffets. J’ai eu l’occasion de travailler avec de grands Chefs, des architectes, des designers pour donner une vraie personnalité aux restaurants”.Toujours grâce à Freddy Schmidt, le jeune Maxime quitte le Shangri-La pour un challenge de taille. “Fermé pour travaux, le Mandarin Oriental a rouvert avec une volonté de revoir toute sa restauration. J’ai été engagé comme responsable opérationnel pour tout mettre en place. Une expérience fabuleuse pour participer à la création des concepts, des restaurants ouverts en permanence autour de buffets interactifs qui mettaient en scène 11 cuisines différentes”. Maxime se mêle aussi de recrutement, de formation, de suivi du personnel, élargissant son expérience de management. Il y gagne ses galons et se sent près pour un autre défi. Le directeur de la restauration du Raffles se souvient de ce jeune Alsacien volontaire et dur à la tâche. Nommé directeur général au Fullerton Hotel, le rendez-vous diplomatique de Singapour, il appelle Maxime comme directeur de la restauration. “Après 5 ans à Singapour, je me sentais prêt pour ce défi. J’ai toujours tout fait pour aller de l’avant sans trop me poser de question. D’autant qu’il fallait tout faire, changer les cartes, réorganiser la restauration et le bar, assurer les grands événements…” Il n’a pas 25 ans et pilote une centaine de personnes. C’est bien ce qui le chiffonne d’ailleurs. “Une fois les concepts mis en place, je passais trop de temps derrière mon ordinateur pour régler les plannings et faire de la gestion. Je me vois davantage dans la création”. Il ne résiste pas à la proposition d’un investisseur de monter un complexe bar, boîte de nuit, restaurant sur le Bund de Shanghai, “un fabuleux emplacement d’où on dominait la ville”, se souvient Maxime qui part en Chine pour monter le projet. Il aura peu le temps d’en profiter, frappé par une maladie grave qui l’oblige à prendre du repos et à revenir en Alsace. “J’ai passé quelques mois à l’hôpital, ce qui m’a permis de réfléchir au rythme que j’avais mené jusqu’à lors, et un an en convalescence pour préparer mon retour dans la vie active”. Une convalescence qui n’a rien de très tranquille puisqu’il en profite pour passer quelques mois à Munich pour posséder parfaitement la langue allemande et pour monter un projet humanitaire qui lui tient à cœur. Maxime part six mois bénévolement au Vietnam, à Hué, au sein d’une association qui forme les jeunes apprentis au métier de boulanger. Au-delà du suivi de jeunes défavorisés auxquels il donne un métier, il fait jouer son carnet d’adresses en Asie pour les faire engager.C’est un jeune homme apaisé et plus mûr qui revient en Alsace, prêt à tourner une autre page. “Mon père me pressait aussi de tenir l’engagement que j’avais pris de revenir dans l’entreprise familiale avant mes 30 ans. Il avait hâte de me passer le flambeau et je dois dire aussi que c’était mon rêve de gamin. J’ai travaillé près de dix ans pour les autres, maintenant c’est à moi de prendre les décisions”. Il n’a pourtant pas l’intention de s’enfermer en Alsace et continue de voyager régulièrement en Asie pour maintenir le contact avec tous ses camarades et se tenir au courant de ce qui s’y passe, convaincu par expérience qu’il y a beaucoup à prendre dans l’approche asiatique de la restauration et du service. “J’ai plein de projets en tête pour l’hôtel et je ferai ça à ma façon même si mon père et ma mère restent très présents. Je sais qu’ils ne s’éloigneront jamais totalement et mes discussions avec mon père sont parfois celles de deux hommes au caractère bien affirmé, mais il me laisse pas mal le champ libre. C’est quand même lui qui m’a tout appris et je respecte son expérience et son jugement”.Pour autant, on se doute bien qu’il aura à cœur de démontrer que la 4ème génération peut faire passer l’établissement dans une nouvelle dimension.
