• Entrée à la SNCF après des études littéraires, Marylise Colombo-Lecomte ne se doutait sans doute pas qu’elle parviendrait quelque trente ans plus tard à la tête du service Revenue Management du groupe Accor. • «Cheminote» dans l’âme, elle a vécu une suite de défis de taille dans cette grande entreprise nationale qui sait pousser en avant ses cadres autour de fortes personnalités qui lui montraient leur vision de l’avenir. • Membre du Conseil d’administration de Femmes du Tourisme, elle défend une certaine sensibilité féminine et une approche éthique de la vie professionnelle, qui n’empêche pas la réussite personnelle.
Munie d’un diplôme d’attachée de presse qui ne lui servira pas à grand-chose, Marylise Colombo-Lecomte franchit les portes de la SNCF en 1977, un peu par hasard. L’opportunité aidant, elle découvre cet univers fortement marqué par la culture cheminot et s’y fraiera un chemin assez étonnant à force de rebonds. Après le passage initiatique dans différentes gares, elle rejoint le service qui met en place la démarche Qualité en gare et à bord des trains. Dans les années 80, la SNCF est en pleine reconquête de son image et de sa clientèle, grâce notamment au développement du réseau TGV. Marylise commence à côtoyer la clientèle et ses revendications. Elle passe d’ailleurs par les services d’animation et d’audit des ventes avant de pénétrer plus avant dans l’industrie du voyage à travers le projet Socrate. “La grande force de la SNCF est de faire bouger ses cadres tous les 3 ou 4 ans en leur offrant des opportunités de développement de carrière, accompagnées des formations adéquates», reconnaît aujourd’hui Marylise Colombo-Lecomte. “Si j’ai accumulé autant d’expériences dans des secteurs très différents, c’est grâce à ce fonctionnement que je le dois et je m’en félicite tous les jours. Il y a dans cette entreprise des personnalités visionnaires que j’ai eues la chance de rencontrer et qui m’ont poussées à les accompagner dans la mise en place de leur projet, comme Jean-Marie Metzler, le responsable de l’introduction des TGV et du système de réservations Socrate, Guillaume Pépy le président actuel ou encore Mireille Faugère, la patronne des Grandes Lignes”. Comme Chef du projet Socrate, c’est alors la première fois qu’elle commence à fréquenter le milieu des agents de voyages, qui lui deviendra familier. Socrate doit permettre de relier, via les GDS, tous les agents de voyages au système de réservation de la SNCF. Elle consacrera des années à mettre en place tous les process et à régler les moindres détails. “Une fois que l’on m’a montré la voie, j’aime bien dérouler chacune des étapes. La SNCF délègue facilement et j’ai pris l’habitude de diriger de grosses équipes, alors que je ne pensais pas en avoir la capacité au départ”.-*1977 : fait son entrée en gare à la SNCF -*1981 : lance la démarche Qualité en gare et à bord des trains -*1990 : Chef du projet Socrate avec les agences de voyages -*1994 : Directrice des ventes groups, mise en place des ventes Corporate, pilotage des relations agences de voyages -*2000 : Directrice du Centre Opérationnel Help Desk national -*2005 : Directrice opérationnelle Ile-de-France et de tous les Ventes Indirectes -*2010 : Directrice du support aux Opérations et du Revenue Management chez AccorIl faut croire que son travail d’organisation est reconnu et apprécié puisqu’on lui confie la direction des ventes Groupes, puis celle des comptes Corporate qu’elle intègre dans une même direction, avec le management des agences de voyages. En parallèle, elle crée le réseau des Agences Commerciales Voyageurs. Après cette expérience de la vente, toujours dans le cadre des rotations de postes, on lui confie pendant quatre ans, la direction du centre opérationnel qui regroupe le Help Desk national de tous les canaux de ventes, et la mise en place des tests utilisateurs. C’est là qu’elle rencontre Denis Wathier, son patron de l’époque, arrivé comme directeur général de Voyages-sncf.com. Il n’y pas de meilleur poste d’observation pour connaitre la réaction des utilisateurs à la technologie SNCF. Denis Wathier justement cherche à la récupérer pour diriger un nouveau service commercial élargi, alliant la direction opérationnelle de toutes les agences et des forces commerciales d’Ile-de-France au pilotage national des six agences réparties sur le territoire, soit plus de 500 personnes, et un chiffre d’affaires qui dépasse allègrement le milliard d’euros. "J’avais un super laboratoire à ma disposition. C’est un poste fabuleux et très exigeant à la fois, mais je dois dire que j’ai toujours été attirée par les défis. Je suis une hyperactive qui s’est révélée au fur et à mesure des missions que l’on me confiait. A chaque proposition de changement de poste, je choisissais par instinct le moins confortable et le plus challenging”. A la direction des ventes, elle a l’occasion de rencontrer régulièrement son collègue Jean-Luc Chrétien, alors directeur des ventes internationales de la SNCF avant qu’il ne rejoigne le groupe Accor. Alors quelques années plus tard, quand se pose la question d’un nouveau changement d’affectation, elle écoute avec intérêt la proposition de Jean-Luc Chrétien de rejoindre le groupe hôtelier. “Je commençais à atteindre l’âge où l’on hésite à prendre des virages importants. J’ai longuement réfléchi et je me suis dit que c’était sans doute l’opportunité à ne pas manquer pour ne pas cultiver des regrets à postériori. Lors de l’entretien avec ma patronne actuelle, Christine Pouletty, l’entente a été immédiate. Nous parlions le même langage. L’hésitation n’était plus justifiée”.Désormais à la tête du support aux Opérations et du Revenue Management Accor, comment a-t-elle vécu ce changement de culture ? “Je dois dire que nombre de mes collègues à la SNCF ont été bluffés par ma décision, après 30 ans de carrière dans cette belle maison. Chez Accor j’ai trouvé une équipe accueillante et surtout désireuse de profiter de mon expérience passée, à l’écoute de mes étonnements. En matière de culture, la différence n’est pas si grande car nous avons toujours été motivés par les résultats et la satisfaction des clients et partenaires à la SNCF”.Eprise de responsabilités, Marylise Colombo-Lecomte a rejoint très tôt l’association Femmes du Tourisme, qui cherche à valoriser les femmes dans cet univers où elles sont nombreuses sans souvent occuper des postes de haut niveau. “L’adhésion fonctionne par cooptation et j’ai été fière d’être cooptée par Agnès Gascoin, qui était mon alter ego chez Air France, ma rivale professionnelle en quelque sorte, et par Michelle Laget, la présidente du Snav Ile-de-France, l’une de mes principales interlocutrices. C’est dire le respect que nous entretenons entre femmes. Je pense que nous avons un haut degré d’éthique dans les comportements professionnels et qu’il est bon de le mettre en lumière. C’est un peu la vocation du trophée que nous accordons chaque année, de l’Ombre à la Lumière”. Marylise fait partie du conseil d'administration et prend à coeur cette mission de valorisation. Elle vient d'ailleurs d'y coopter sa patronne Christine Pouletty. Cette hyperactive, un peu au grand dam de son époux, a quand même trouvé le temps d’élever deux grands enfants de 18 et 23 ans, et ne perd pas une occasion de sauter sur des skis ou de parcourir 20 km à vélo chaque week-end. Il sera bien temps, dans quelques années, de parfaire son swing, sa seule déception réelle du moment: mais elle a repris ses leçons de golf …Marylise Colombo-Lecomte en quelques dates